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Le Conformiste 1951 Alberto Moravia (1907)

Publié le 29/06/2015

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Une interprétation singulière du fascisme

S'il fut salué, lors de sa publication, par un accueil des plus froids, Le Conformiste n'en présente pas moins une analyse très perti­nente de la crise des valeurs qui mena au fascisme. A travers la représentation de la famille de Marcello, Moravia en effet met en scène un certain aspect de la désintégration et de la décadence de la grande bourgeoisie. Une décomposition sociale qui mène le jeune homme à se raccrocher à un bloc de glace, soit à adhérer à l'ordre noir.

Pour Moravia, le fascisme ne peut se définir autrement que néga­tivement. L'ordre qu'il impose n'est que pure et simple négation du désordre. C'est ainsi qu'il devient force de mort et non de vie. Une force de mort qui va de pair avec l'incommunicabilité qu'elle fait naître. Pour Moravia, en effet, loin d'instaurer ce contact mythique, charismatique entre le chef et la foule que certains essayistes ont cru déceler, le fascisme ne fait pas autre chose qu'« ériger en système l'incommunicabilité tant du dictateur avec les masses que des citoyens entre eux et avec le dictateur«.

 

Cependant, Moravia entendait déborder le cadre strict du fas­cisme mussolinien: il rejoint ainsi la conception d'un Thomas Mann qui, en affirmant que «l'époque tout entière est fasciste«, rattachait le fascisme à un malaise plus général de la société euro­péenne.

« 24 1 Les chefs-d'oeuvre de la littérature Tandis qu'il passe à Paris le voyage de noces le plus tradition­ nel, c'est en réalité à la préparation de l'assassinat de Quadri qu'il se consacre tout entier.

Un singulier chassé-croisé a lieu entre les deux couples Marcello-Julia et Quadri-Livia, l'épouse du profes­ seur dont Marcello tombe amoureux.

Le jeune homme hésite long­ temps entre l'amour impossible qu'il éprouve pour cette jeune femme en laquelle il voit l'incarnation de la pureté, et la rigueur de son adhésion au fascisme qui lui dicte son assassinat.

Il choisit finalement de rester fidèle au Service secret et d'aller jusqu'au bout de sa mission.

L'épilogue voit la chute du fascisme et les retrouvailles de Mar­ cello avec Lino, qui n'était pas mort, contrairement à ce que croyait Marcello.

Débarrassé du fardeau de son premier crime, il se met à la recherche d'une nouvelle innocence.

Mais c'est la mort qui.

vient à sa rencontre, sous l'aspect d'un châtiment divin: son épouse et sa fille sont toutes deux abattues lors d'une attaque aérienne, sur une petite route de campagne.

Un chef-d'oeuvre La normalité à tout prix Comme dans ses précédents romans, Moravia utilise, dans Le Con­ formiste, une technique originale: il dissèque les malaises de toute une génération à travers un seul personnage dont il retrace l'iti­ néraire particulier.

C'est ainsi que Marcello est l'adolescent-type, désarmé devant les expériences ambiguës et les instincts qui assail­ lent tout jeune garçon de treize ans.

La crise de l'adolescence l'oblige à passer de l'innocence qui lui permettait un rapport direct avec le monde, à la prise de cons­ cience nécessaire à toute action.

Après avoir cherché vainement auprès de ses parents une règle de conduite, Marcello se tourne vers Roberto, cherche en lui un modèle auquel se conformer.

C'est ainsi que pour Marcello, la règle va devertir la norme.. »

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