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Le personnage de JEANNE D’ARC

Publié le 22/10/2017

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JEANNE D’ARC. Brûlée en 1431, Jeanne

 

devint un personnage légendaire du temps qu’elle était encore en vie et ses exploits furent célébrés pour la première fois dans le Dittié de Jeanne d’Arc (1429) de Christine de Pisan. Une fois éteint le bûcher sur lequel eut lieu son martyre, poètes et dramaturges s’inspirèrent de sa vie merveilleuse ; selon les époques et les tempéraments, ils exaltèrent ou déprécièrent

 

l'héroïne.

 

★ Jeanne d’Arc a été mise en scène par Shakespeare dans la première partie de son drame historique Henri VI (1590-95). Quand elle apparaît, c’est pour démasquer le Dauphin, qui s’était déguisé pour juger de ses pouvoirs, et lui expliquer qu’une apparition de la mère de Dieu lui a valu le don de prophétie et, surtout, la beauté: «Jusque-là, dit-elle, j’étais noire et basanée, les rayons splendides qu’elle a répandus sur moi m’ont parée de cette beauté que vous me voyez. » Son dialogue, rempli d’expressions à double sens et de sous-entendus obscènes, laisse toujours entendre que les combats qu’elle livre ont d’autres théâtres que les champs de bataille et, lorsque la victoire se dérobe, on la voit invoquer les démons, leur offrant son sang, son corps et, pour finir, son âme. Quand elle est conduite au supplice et que son père, un pauvre pâtre, veut s’en faire reconnaître, elle lui crie : « Misérable décrépit ! vil et ignoble gueux, je suis issue d’un plus noble sang. Tu n’es ni mon père ni mon parent. » Ainsi, sorcière, putain et fille dénaturée, provoque-t-elle le mépris général en attendant, juste après avoir proclamé bien haut sa virginité, de se dire grosse pour essayer d’éviter le bûcher.

 

★ Après l’ennuyeux poème de Jean Chapelain la Pucelle ou la France délivrée (1656), Voltaire tourna contre Jeanne d’Arc les traits de son anticléricalisme en faisant d’elle le personnage central de son poème héroï-comique, la Pucelle d’Orléans (1762). Voici donc une Jeanne d’Arc imprévue, éclatante de bonne humeur et de santé, en qui se réduit à une aventure toute terrestre l’histoire de la jeune fille mystique et visionnaire. Elle évolue d’un pas ferme et avec sa bonne grosse honnêteté au milieu d’un imbroglio héroï-comique, où l’amour revient comme une obsession, de telle sorte que Jeanne voudrait bien en goûter les joies. Néanmoins elle y renonce en soupirant, car elle doit mener à bien son entreprise avec l’aide des saints. Et elle apporte sa moralité rustique et grasse comme certaines plaisanteries campagnardes dans le cortège des Jeanne qui l’ont précédée et suivie à travers la littérature européenne.

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