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Le personnage de LOVELACE. Héros du roman de Samuel Richardson

Publié le 23/10/2017

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LOVELACE. Héros du roman de Samuel Richardson Clarisse Harlowe (1748). Si Lovelace est le premier en date de ces libertins qui, dans la deuxième moitié du xvme s., devaient atteindre avec le Valmont des Liaisons dangereuses (1782) à un tel renom de perversite, il n’en est pas encore la forme la plus accomplie. En lui subsiste ce défaut de la cuirasse dont les vrais libertins se garderont comme de la faiblesse la plus honteuse : il n’est pas tout à fait incapable d’aimer. Nous apprenons même qu’il aurait autrefois souffert par une femme coquette, et que c’est aux tromperies de cette femme qu’il doit d’être devenu ce qu’il est : un être, à son tour, adonné à tous les principes de tromperie, sur lesquels il s’est fait gloire d’édifier son personnage. En outre, l’injonction qu’il fait par lettre à son jeune ami Bedford, autre libertin notoire, de ne pas attenter à la vertu d’un certain « bouton de rose », fille de cabaretier de village, seule joie d’une grand-mère qui l’a supplié d’épargner son innocence et sa simplicité, nous prouve qu’il est encore capable d’une certaine mansuétude, pourvu «qu’on reconnaisse son pouvoir et commence par implorer sa clémence». Mais ces brefs éclairs ne nous font que mieux apercevoir les épaisses ténèbres sur lesquelles se détache son caractère. Comme tant d’autres libertins de son époque, lassés des privilèges de la fortune et des raffinements de la culture, il ne voit dans la femme qu’un gibier qui sera mis à mort, dès qu’elle aura cédé à celui qui la poursuit. Aucune distinction ne subsiste entre les féminines créatures, ramenées toutes au rang de proie, c’est-à-dire de simple prétexte pour l’homme à exercer son esprit de perfidie et de ruse. Lovelace le rappelle lui-même à son ami et complice, lorsqu’il écrit à Bedford : « Le chasseur qui fait la guerre au renard ne s’expose-t-il pas à toutes sortes de fatigues pour triompher d’une bête qui n’est bonne ni pour lui, ni pour ses chiens ? Dans toutes les chasses nobles n’estime-t-on pas moins le gibier que l’amusement ? » On voit sur quel plan se circonscrit délibérément l’activité amoureuse. C’est précisément dans cette sphère cynégétique que Lovelace atteindra le

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