Le personnage de OTHELLO de Shakespeare

hommes armés, il dit tranquillement: « Rengainez vos luisantes épées, l'humide nuit les rouillerait.» Homme d'action, doué d’une aptitude innée pour le commandemant, il a, en outre, une imagination de poète : les discours qu’il prononce pour se justifier devant le Sénat, ses adieux à la guerre, dans le troisième acte, son monologue au cinquième acte, et l’invocation aux étoiles, ses dernières paroles à Lodovico en présence de la dépouille de Des-démone, sont les expressions d’une âme noble; par ailleurs, ses origines, sa qualité de prince venu d'un lointain royaume, lui donnent de mystérieux attraits. Iago le définit admirablement en peu de mots: «Le More est d’une nature ouverte et loyale. / Il croit honnêtes ceux qui seulement le semblent. / Il se laissera mener aussi doucement par le nez / Qu’un baudet.»

humaine, perfidie et sournoiserie qui relèvent alors non du domaine de l'instinct mais du domaine de l’intelligence. Dans la lutte engagée, Othello se comporte avec une tragique folie, parce que son imagination est litterale-ment empoisonnée et que, faute d’avoir le temps de réfléchir, il ne peut y apporter aucun remède. C’est seulement lorsqu’il se trouve en présence de sa victime qu’il découvre l’étendue du drame, et ses dernières paroles ne sont point celles de quelqu’un qui cherche à se justifier, mais plutôt à mettre en évidence l’écart qui existe entre sa générosité naturelle et ses erreurs: