Le Procès de Franz Kafka

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Joseph K.

1925 Franz Kafka Traduction : Bernard Lortholary Profil : Victime de l'administration De nationalité tchèque ·et d'expression alle­ mande , Franz Kafka est né à Prague le 3 juillet 1883 .

Docteur en droit, de confession juive, son projet de s'installer en Palestine est contrarié par une tuberculose per­ sistante.

Employé dans une compagnie d'assu­ rances, Kafka écrit un Journal , publie des nou­velles , des fragments puis des romans : lA mé­ tamorphose en 1912, Le chtiteau , composé en 1922 , et surtout son œuvre la plus célèbre , Le procès, inachevé et pu­ blié à titre posthume car l'auteur meurt au sana­ torium de Kierling le 3 juin 1924 .

• Quelle sorte de gens étaient-ce ? De quoi pa.r­ la.1ent-1ls ? A quel service a.ppa.rten&1ent-1ls ? K.

viva.it pourtant dans un Éta.t régi pa.r le Droit, la.

pa.1x régna.it partout, les lois n'étaient pas suspendues, qui osait l'agresser à son domi­ cile ? n avait tendance à prendre tot\Jours les choses plutôt à la.

légère, 1l n'envisageait le pire que quand 1l se produisait , 1l ne prenait pas de précautions à l'a.va.nce, même lorsque l'avenir était menaça.nt .

Ma.is en l'occurrence, cela.

ne lui paraissait pas judicieux.

• Le procès, éd.

Fla.mma.r1on, GF K.

est un cas.

Avec son patronyme tronqué, dont ne subsistent qu' un prénom et une ini­ tiale , Joseph K.

est d'emblée le symbole d'un homme dont la singularité est déjà happée par la généralité .

Arrêté arbitrairement, le jour de son trentième anniversaire, par suite d' une délation, K., dont l'apparence physique reste floue (c'est donc à la fois vous et moi) , est un être qui va se retrou­ ver broyé par un système inconnu.

Accusé de faits jamais nommés, incarcéré, jugé et · condamné , K.

préfigure l'État de dictature à venir où, sans raison, des individus sont rayés de la carte.

Confiant au début, puisque certain de son innocence, déstabilisé par la suite dans une cellule où on le maltraite , obsédé enfin par sa volonté de comprendre, K.

éprouve tous les sentiments : de la placidité à la révolte en passant par l'acceptation.

Victime d'un monde absurde, son sourire s'efface peu à peu face à la barbarie dont il devient le jouet.

Nié, écrasé, K.

perd son identité, se dilue, et à travers sa terrible expérience, ce sont tous les autres, les anonymes, les numéros qui se profilent der­ rière sa silhouette.

Ordinaire, K.

devient un héros dans le sens où il nous prévient du pire.

Martyr d' une idéologie qui ne dit pas son nom, le personnage de papier est le premier d'une longue liste d'hommes et de femmes en chair et en os qui connaîtront ici et ailleurs la même implacable oppression.. »