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L'Ecole de la médisance

Publié le 10/04/2013

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C'est dans le théâtre londonien de Drury Lane, qu'il venait d'acheter, que Sheridan fit jouer sa pièce en 1777. Ce fut un triomphe. Le public et la presse accueillirent L' École de la médisance - en anglais, The Schoolfor scandai - avec enthousiasme. La postérité a ratifié leur jugement. Richard Brinsley Sheridan (1751-1816) . connut un brillant succès comme auteur dramatique, avant de délaisser le théâtre pour une non moins brillante carrière politique. Toutefois, après un échec aux élections, la fin de sa vie fut assombrie par des désillusions et des problèmes d'argent.

« EXTRAITS ~~~~~~~~ Sur l'air de la calomnie LADY SNEERWELL.

-A vrai dire, Madame C lackitt a un fort joli talent, et sait faire diligence.

SNAKE.

-En effet, Madame ; elle a, en son temps, remporté pas mal de succès.

A ma connaissance, elle a réussi à faire rompre six mariages, déshériter trois fils, contraindre à quatre enlèvements et à autant de réclu­ sions rigoureuses, ainsi qu'à neuf sépara­ tions de corps et deux divorces.

J'ai plus d'une fois surpris en elle l'auteur d'un « tête à tête » dans la « Revue de la Ville et de la Campagne », alors que les partis intéressés ne s'étaient peut-être jusqu'alors jamais ren­ contrés de toute leur vie.

LADY SNEERWELL.

-Elle a du talent, sans contredit, mais sa manière manque de délié.

SNAKE.

- C'est exact.

Elle combine en général fort bien son histoire.

Sa langue est alerte, et son imagination hardie; mais trop sombre est sa palette, son trait trop appuyé; elle n'a pas cette délicatesse de nuances et ce fondu de la raillerie qui caractérisent votre art de la Médisance, Madame.

LADY SNEERWELL.

-Vous me flattez, Snake! Un portrait sarcastique et cruel LADY TEAZLE.

- Je trouve, moi, que lady Stucco va très bien avec le dessert après le dîner; car elle est comme une confiserie à la française ; on tire la papillote pour en extraire un adage : ce n'est que vernis et banalités.

MME CANDOUR.

-Vous ne me verrez jamais m'associer à ceux qui tournent une amie en ridicule ; c'est ce que je répète constamment à ma cousine Ogle, et vous savez tous quelle prétention est la sienne d'être un juge sévère de la beauté.

CRABTREE.

- Certes; elle-même a le visage le plus bizarre du monde ; c'est une collec­ tion de traits empruntés à toutes les parties du globe.

SIR BENJAMIN BACKBITE.

- De fait, elle a un front irlandais.

CRABTREE.

- Des boucles à l'écossaise.

SIR BENJAMIN BACKBITE.

- un nez hollan­ dais.

CRABTREE.

- Des lèvres à l'autrichienne.

SIR BENJAMIN BACKBITE.

- un teint à l' espa­ gnole.

CRABTREE.

-Des dents « à la chinoise ».

SIR BENJAMIN BACKBITE.

- Bref, son visage ressemble à une « table d'hôte » à Spa, où il n'y a pas deux convives de la même nation.

CRABTREE.

- Ou bien à un congrès à l'issue d'une guerre mondiale -où les membres, et même ses yeux, semblent avoir des points de vue différents, et son nez et son menton seuls tendent à un rapprochement.

MME CANDOUR.

-Ha! Ha! Ha! SIR PETER TEAZLE, en aparté.

Miséricorde! quelqu 'un avec qui ils dînent deux fois par semaine.

Traduction de M.

Huchon Festin d'adieu avant la prison pour dettes.

Angleterre, 1823 NOTES DE L'ÉDITEUR «Un style piquant et un agencement parfait ; du sel dans toutes les paroles et du mouvement dans toutes les scènes ; une surabondance d'esprit et des merveilles d'habileté; par-dessus tout cela, une vraie verve animale et le secret plaisir de se peindre, de se justifier, de se glorifier publiquement soi-même: Taine, Histoire de la littérature anglaise, Hachette, 1882.

ironie et sa verve.

» L.

Landré, L' École de la médisance, introduction, Aubier­ Montaigne, 1963.

voilà les origines de L' École de la médisance, et voilà les sources du talent et du succès de Sheridan.

» Hippolyte 1 Viollet 2 B.N .

/ Nic ola s Bouvier 3 S.

N .

/ Nic olas Bouvi er «Qu'il s'agisse du choix des mots ou de la construction de la phrase, Sheridan écrit avec le soin minutieux d'un artisan.

Sa langue a l'élégance d'une œuvre d'art du xvme siècle ; elle donne aisance et distinction à sa comédie.

En même temps, elle reste jeune ; dans ces mots nets et colorés, dans ces phrases souples et variées, c'est l'auteur de vingt-six ans que nous sentons, communiquant à sa langue son «Ainsi aux sir Backbite ("Médire"), aux lady Sneerwell (" Raillebien "), aux miss Languish ("Languir"), à tous les membres de cette insouciante coterie baptisés selon une très vieille tradition demeurée solide chez Dickens, il communique une vie et un relief encore intacts de nos jours.

» Dominique Spiess-Faure, Écrivains britanniques, Librairie Larousse, 1979.

SHERID AN 02. »

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