Devoir de Philosophie

LÉON BLOY: Le Désespéré.

Publié le 23/10/2012

Extrait du document

LÉON BLOY: Le Désespéré. L'infernale disgrâce de subsister La première édition du Désespéré parut à Paris le 15 janvier 1887, chez Soirat. Mais cette oeuvre serait parue en 1886 sans une cabale d'hommes de lettres qui savaient y trouver une peinture peu amène de leur milieu et une caricature des plus célèbres d'entre eux; des passages concordants des Écritures. avaient établi avec certitude que l'année 1886 serait une année bénéfique pour Léon Bloy.. Ala fois autobiographique et prétexte à méditations .lyriques ou mystiques, Le Désespéré est un livre irréductible qui ne présente aucune parenté de forme ou de fond avec ce qu'on est convenu depuis le XVIe siècle d'appeler roman, genre essentiellement gratuit. A la relation des épreuves qui viennent de ravager sa vie (celle de Caïn Marchenoir, son double transparent) — pires misères matérielles, mort de son père, passion d'une femme ramassée sur le trottoir (Véronique) dont il fait une sainte hallucinée qui sombre dans la folie —, Léon Bloy mêle de flamboyantes digressions sur l'imminente « fin des temps «, l'histoire de sa conversion, de son âme douloureuse, de son séjour à la Grande-Chartreuse, son intuition miraculeuse de l'histoire universelle, comprise comme « une seconde révélation, corroboratrice de la première « (celle des Écritures) et qui demande à être interprétée pareillement selon les méthodes de l'exégèse symbolique... Pages enthousiastes sur l'art sacré ; la pauvreté, la douleur s'in...

« Anne-Marie Roulé, la Véronique Cheminot du Dés esp ér é, était née à Rennes le 25 février 1 846.

Elle avait d'abord tenté d'entrer en religion puis, récusée faute de famille et de fortune, avait erré, s'acheminant vers la prostitution.

C'est dans cet état que Léon Bloy la rencontra en février 1877 .

li la convertit vigoureusement , l'exalta et la plongea vivante dans l'enfer de la mystique.

Anne­ Marie fut internée à Sainte-Anne en juin 1882, puis transférée à Caen où elle mourut en 1907.

EXTRAITS ---------------- Où Dieu se révèle à Marchenoir Ce ne fut que beaucoup plus tard- après dix ans d'un impur noviciat dans les la­ trines de l'examen philosophique, étant déjà sur le point de prononcer de sterco­ raires vœux, - qu'ayant parcouru, pour la première fois, le Nouveau Testament, durant l'oisive chaufferie de pieds d'une nuit de grand-garde, en 1870, il eut l'aperception immédiate, foudroyante , d'une Révélation divine.

Il s'est toujours rappelé le trouble im­ mense, l'ahurissement surhumain de cette minute aux ailes d'aigle qui l'en­ leva dans un ouragan d' ininterprétables délices.

Il s'était dressé dans le sentiment nouveau d'une force inconnue, artères battantes et cœur en flammes ; ivre de certitude , secoué par le roulis d'une es­ pérance mêlée d'angoisse, prêt à toutes les acceptations du martyre.

Portrait de Véronique avant la rencontre de Marchenoir Véronique Cheminot, célèbre naguère au quartier Latin sous le nom expressif de la Ventouse, était une splendide goujate que dix années, au moins, de prostitution sur vingt-cinq n'avaient pu flétrir.

( ...

) Née dans un port breton, d'une ribaude à matelots malencontreusement fruitée par un cosmopolite inconnu, nourrie, on ne savait comment, dans cet égout, pol­ luée dès son enfance, putréfiée à dix ans, vendue par sa mère à quinze, on l'avait vue se débiter dans toutes les halles à poisson de la luxure, se détailler à la main sur tous les comptoirs du stupre, pendre à tous les crocs de la grande tri­ perie du libertinage.

Le boulevard Saint-Michel l'avait assez connue, cette rousse audacieuse qui avait l'air de porter sur sa tête tous les incendies qu'elle allumait dans les reins juvéniles des écoles.

La « Communion des Saints » Notre liberté est solidaire de l'équilibre du monde et c'est là ce qu'il faut com­ prendre pour ne pas s'étonner du pro­ fond mystère de la Réversibilité qui est le nom philosophique du grand dogme de la Communion des Saints.

Tout homme qui produit un acte libre projette sa person­ nalité dans l'infini .

S'il donne de mau­ vais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre , troue les soleils, traverse le firma­ ment et compromet l'univers.

S'il produit un acte impur, il obscurcit peut-être des milliers de cœurs qu'il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d'eau de l'Évangile.

Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu'à la fin des siècles ; il guérit les malades, console les déses­ pérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les fidèles et protège le genre humain.

Projet de couverture pour Le Désespéré, conçu par Léon Bloy NOTES DE L'ÉDITEUR « Je me nomme dans mon livre le « Désespéré», et voilà, certes, une anti­ phrase, car il n'est pas possible qu'il y ait jamais eu un espérant plus incurable.

Comme s'il ne suffisait pas d'espérer pour moi, j'espère pour mes amis et même pour toute la terre, en dépit des continuelles avanies de mon implacable sort.

Mon plus beau rêve, le rêve perpétuel de mes jours et de mes nuits, c'est d'être tellement délivré que je devienne le libérateur des autres.

» Léon Bloy, lettre aux Montchal.

« Je comprends fort bien que pour certains esprits, à qui le vertige de tout abîme, d'en haut ou d'en bas, fut heureusement épargné, le cas de Léon Bloy soit une énigme fort obscure.

Mais ...

il y a des âmes péris sante s qui cherchent la beauté dans les ténèbres et sur lesquelles une apologétique plus tranquille serait sans efficace.

La pure théologie n'agirait pas non plus sur elles, car leur raison est trop alanguie par l'erreur; elles s'imagi nent que l'obéissance de la foi est incompatible avec les hardiesses de 1 'intellige nce, ou avec les jeux et les franc hises de 1 'art et de la beauté ; enfin la médiocrité d'un grand nombre de chrétiens les épouvante.

Bloy ( ...

) inspire à ces affamés le pressentiment de la gloire de Dieu.

»Jacques Maritain, Quelques Pa ges sur Léon Bloy, Desclée de Brouwer, 1934.

1, 2 , 3 Sipa -l con o BLOY 0 3. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles