L'EPREUVE DE MARIVAUX (résumé et analyse)
Publié le 17/01/2015
Extrait du document


«
qui a la repartie osée quand il s'agit
d'argent.
Quand Angélique, par dépit amoureux, annonce qu'elle jetterait les
bijoux offerts par Lucidor, Lisette a ce
mot comique et d'un réalisme cruel:
« Et moi je les ramasserais.
" Si elle
po~sse Angéliqu_e à refuser Blaise_, c'est
moins par conscience que
ce serait une
mésalliance ou
pour amour pour sa
maîtresse que par intérêt personnel :
elle désire elle-même épouser un Blaise
qui apparaît comme
un parti raisonna
ble
pour une domestique.
On peut noter à cet égard combien la situation
Comél1> de Vos, La Passion du jeu (détail).
de rivale de Lisette est symbolique.
Comme dans Le jeu de l'Amour et du
Hasard, la servante est la rivale de sa
propre maîtresse, mais à chaque fois
cette fonction qui aurait
pu éléver la
suivante au rang de sa maîtresse est
illusoire.
Or, si la maîtresse n'est pas
« rattrapée )) par sa suivante, en revan
che, cette dernière cherche
à corrom
pre
sa vertu.
Lisette prétend par
exemple pousser Angélique dans les
bras de cet ami riche, en lui faisant
valoir
les satisfactions de vanité qu'elle
pourrait en tirer,
« vous êtes trop heu
reuse : il faut que vous soyez née coif
fée.» pour avoir la chance de vous
voir proposer
un si riche parti, et « en
THÉATRE
DE LA CRUAUTÉ
vérité, Mademoiselle, on ne saurait
vous excuser (de
le refuser).
Attendez
vous qu'il vienne un prince?"
(se.
15
et 16).
Et si Lisette pousse sa maîtresse
dans les bras de Lucidor,
on peut
craindre que
ce soit moins par conni
vence que poussée
par ce même inté
rêt qui caractérise Blaise.
La situation de
ce dernier ou de
Mme Argante est moins .pénible, et
leur avidité de biens en paraît d'autant
plus condamnable.
D'ailleurs, leurs
agissements dans
la pièce sont plus nui
sibles que ceux de Lisette.
Ils compro
mettent
le bonheur d'Angélique.
Mme
Argante préfère mal marier
sa fille que
de perdre la possibilité de s'enrichir,
voyant dans l'argent et l'aisance qu'il
donne les seules sources possibles du
bonheur.
La hiérarchie qu'elle établit
dans cette phrase :
« Il procure à ma
fille un mari tel qu'elle ne pouvait pas
l'espérer, ni
pour le bien, ni pour le
rang, ni
pour le mérite )) en dit long
sur la vertu de ses sentiments comme
sur
l'amour qu'elle porte à son enfant.
Le
comportement de Blaise, qui ne
s'explique que par sa cupidité et sa
bêtise, ne fait que blesser et importu
ner Angélique.
En osant demander sa main, il refuse d'évaluer le fossé qui les
sépare.
À la bassesse de ce fermier
répond la noblesse d'Angélique, à sa
sottise s'opposent l'intelligence et la
pudeur de la jeune fille.
Sa demande
n'est plus qu'une insulte quand
l'incompréhension de sa mère n'est
plus que le signe
d'une absence d'amour.
Poussés par leur vénalité, ces person
nages finissent par méconnaître leur
cœur et contribuent à l'appauvrisse
ment des relations humaines, les rame-
163.
»
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