Les Argonautiques
Publié le 05/04/2013
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Apollonios est né vers 300 av. J.-C. à Alexandrie, qu'il quitte pour aller à Rhodes où, ayant acquis une grande réputation grâce à son poème, il ouvre une école de rhétorique. Les Argonautiques ont été écrits vers 250-240 av. J-C. Avant Apollonios, la légende de la Toison d'or apparaît sous la plume d'Hésiode, de Pindare, de Théocrite et d'Euripide. Quelques éléments du voyage de retour sont empruntés à l'Odyssée d'Homère. L'oeuvre d'Euripide présente un dénouement bien différent : Jason et Médée vont à Corinthe où Jason oublie sa femme et se marie avec la fille du roi de la cité. Médée tue celle-ci ainsi que ses propres enfants...
«
~ ------ - EXTRAITS -- --- ---
Le passage du Bosphore ou la descente
aux Enfers
Tiphys lui-même leur cria de faire force
de rames,
car de nouveau les roches
s'ouvraient en s'écartant.
Ils ramèrent tout
tremblants,
jusqu'au moment où, de lui
même, le reflux à son retour entraîna le
navire au milieu des rochers.
Alors,
la plus
terrible des épouvantes les saisit tous ;
car,
sur leur tête, inévitable, était la mort.
Déjà,
à droite
et à gauche, apparaissait le Pont
dans toute sa
largeur, quand, à l'improviste ,
une énorme lame à la crête recourbée se
dressa devant eux, pareille à un pic abrupt.
( ...
) Euphémos, allant
d'un compagnon à
l'autre, leur criait de tirer sur les rames de
toutes leurs forces et ils frappaient l'eau à
grands cris.
Mais
le flot rejeta le navire deux
fois plus loin qu'il n'aurait
dû avancer sous
la poussée des hommes ; les rames pliaient
comme des arcs recourbés tant les héros y
mettaient de vigueur.
Puis soudain une
vague venant en sens inverse s'élança ;
le
navire aussitôt , comme un rondin, se mettait
à courir de l'avant, dans
un élan impétueux,
porté
par la puissante vague qui creusait
la
mer.
Mais, au milieu des Plégades, les
tourbillons du courant l'arrêtaient: tandis
que, des deux côtés, les roches s'ébranlaient
en mugissant, les bois de la
nef restaient
prisonniers.
Alors
Atl?éna s'arc-bouta de la
main gauche contre un solide rocher et, de
la main droite, poussa le navire
pour lui
faire franchir complètement
le passage.
L'émoi amoureux de Médée
Mais le doux sommeil n'envahit pas
Médée ; car les soucis en foule, dans sa
passion
pour l'Aisonide, la tenaient en
éveil : elle craignait la brutale jureur des
taureaux qui devaient
le faire périr d'une
mort pitoyable dans la jachère d'Arès.
A
coups répétés, son cœur battait follement dans
sa poitrine.
Ainsi, à l'intérieur d'une
maison, danse un rayon de soleil, réfléchi
par l'eau qu'on vient de verser dans un
chaudron ou dans une jatte ; secoué
par le
rapide tournoiement du liquide, il bondit en
tout sens : de même, dans sa poitrine, un
vertige emportait
le cœur de la jeune fille.
De ses yeux coulaient des larmes de pitié ;
une douleur intérieure la torturait sans
cesse
d'un feu qui glissait à travers son
corps, le long des moindres fibres de son
être, et remontait jusqu'au bas de l'occiput:
c'est là que la souffrance pénètre le plus
cruellement, quand les Amours jamais
lassés dardent leurs peines dans une âme.
Elle se disait tantôt qu'elle lui donnerait les
charmes contre les 'taureaux, tantôt qu'elle
ne
le ferait point et périrait comme lui ;
l'instant d'après, elle ne voulait plus ni
mourir elle-même ni donner les drogues,
mais rester
là, à ne rien faire, résignée à son
malheur.
Traduction
de Francis
Vian
et Émile
Delage, Les
Belles-Lettres,
1974
Médée et Péli as,
vase à figures
noires,
5 30 av .
J.-C.
NOTES DE L'ÉDITEUR
André Hurst s'est interrogé sur la
signification à donner aux interventions
de l'aute ur dans son
récit:
« On le [le commentaire] trouve aussi dans
les interventions
du poète qui s'interroge
sur le déroulement de l'œuvre
et semble
ainsi révéler le mécanisme ou l'influx qui
lui donne naissance ( ...
).
Ces mêmes
interventions du poète placent l'œuvre dans
un climat naïf ; elles ramènent le lecteur à
u n niveau où, apparemment, il n
'y a pas
encore d'œuvre littéraire, où le domaine factice
de l
'art est encore comme suspendu,
comm e précédé
d'un domaine plus réel,
celui où les faits et les objets sont
pleinement
et - toujours en apparence -
indépendamment de l'existence que va leur
prêter
l'artiste .» André Hurst, Apollonios
de Rhodes, manière et cohérence,
la femme se déplace.
Outre Hélène, qui a
u ne situation à part, Homère ne connaît
guère que l'épouse (Andromaque,
Pénélope) , la concubine (Briséis) et la mère
(Hécube): Nausicaa n'est qu'une exquise
et fugace exception, dont Apollonios se
souviendra d'ailleurs.
Mais jamais, même
peut-être hors de l'épopée, un poète n'avait
tenté d'analyser la naissance de l'amour
dans l'âme
d'une jeune fille.
» Francis
Vian,
« Apollonios de Rhodes et le
renouveau de la poésie
épique »,
1 Musée de Gela (Sicile) 2 Londres, British Museum
thèse, Genève, Imprimerie du Jaumal
de Genève, 1967.
L 'importance accordée à la psychologie
amoureuse distingue le poème
d' Apollonios
des œuvres de ses prédécesseurs :
«D 'autre part, l'intérêt que le poète porte à in
L'information
littéraire, Paris, 1963.
APOLL ONIOS DE RHODES 02.
»
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