Les Misérables de Victor Hugo (analyse littéraire)
Publié le 08/04/2012
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On comprend pourquoi Les Misérables sont selon la belle formule d'H. Meschonnic un roman-poème. Seule l'écriture poétique où s'investit le je-Hugo peut dire ce qui ne peut pas être dit, peut non seulement envahir le langage démesuré des personnages, mais faire basculer la vraisemblance, machiner les rencontres, établir tout un réseau de symboles. Seule la parole «excessive«, folle, du je-narratif peut donner la parole à ce qui n'a pas vocation à parler et relayer les bouches muettes. C'est la poétique des Misérables qui permet de lire le texte comme totalité à plusieurs niveaux, comme roman populaire, comme roman social, comme symbolique du moi, comme roman épique....

«
Un roman ((subversif>> ?
Les Misérables font assez de scandale à leur publication, en 1852, pour que le gouvernement juge peu politique
d'interdire le livre.
Chez les écrivains et les critiques, c'est un
tollé.
Flaubert s'indigne : «Un style intentionnellement
incorrect et bas.» Baudelaire :«Un livre immonde et inepte»; les Goncourt le disent« faux» et Barbey d'Aurevilly «le livre le
plus dangereux de notre temps».
Lamartine qui juge Les
Misérables assez
importants pour leur consacrer cinq des
entretiens du
Cours familier de Littérature, formule aussi son
verdict :.
« Livre très dangereux de deux manières : non
seulement parce qu'il fait trop craindre aux heureux, mais
parce qu'il fait trop espérer aux malheureux.» La lecture qui
est faite des Misérables se situe sans équivoque en un climat
de guerre sociale, dans la pensée historique d'une révolution
qui vient.
Inversement, s'il est au 19e siècle un succès populaire,
c'est bien celui des Misérables.
Les ouvriers des usines et des ateliers se cotisent pour l'acheter:« Les douze francs dans le sac, on achète Les Misérables qu'on tire au sort et le gagnant en devient possesseur après que chacun l'a lu.» On organise les lectures en commun.
«Une émotion sans pareille» écrit Mme Victor Hugo.
Ce qui donne prétexte aux doctes pour accoler au roman l'épithète péjorative de« populaire».
Le plus grand des romans populaires et/ou le premier roman de la modernité?
Très vite naît pour ce livre un mode de lecture
récupérateur qui en fait non seulement un roman« bon pour le
peuple », avec ses grosses ficelles mélo-dramatiques et son
ton bénisseur, mais un
manuel de charité paternaliste où la généreuse espérance libérale de Hugo est tempérée par la
prudence conformiste du grand bourgeois.
Reste une
question : pourquoi
la fureur des bien-pensants ? Pourquoi
cette
levée de boucliers ? Et pourquoi le peuple l'a-t-il lu
autrement? Le premier des scandales du livre est de dire
l'inacceptable, de nommer l'innommable.
Parlant en
juillet 1 849 sur la misère, Hugo la définissait comme « la
chose sans nom », autrement dit ce que la classe dominante,
maîtresse du discours,
se refuse à laisser nommer, ce dont il
ne faut à aucun prix parler.
Les Misérables sont d'abord un.
»
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