LIBUSSA de Grillparzer.

Mais le prince meurt et une délégation bohème se présente au château, demandant que l’une des trois filles prenne le pouvoir. Libussa y consent et travaille à la fondation d’un État idéal, dans une société idyllique d’hommes libres ; cette société reflète les conceptions politiques de Grillparzer : conservateur des droits de l’individu et du cœur contre la raison d’État, et le progrès social et politique. Libussa, fatiguée des intrigues de ceux qui aspirent à sa main, décide de se marier. Après de longues recherches, elle retrouve le jeune garçon qui lui avait sauvé la vie et l’épouse. Mais le paysan, homme lier, manifeste une volonté bien arrêtée et des idées opposées à celles de Libussa : il est l’homme du progrès et partisan du « siecle des lumières « ; -pour lui, le bonheur individuel doit être subordonné à la prospérité collective. Sur ces bases, il entend fonder une ville nouvelle sur les bords de la Moldau : elle s’appellera Prague {qui veut dire « seuil «). .Libussa, épouse aimante et fidèle, lui sacrifie peu à peu ses convictions, sa sagesse politique et même sa santé, en mettant au monde un enfant. Son mari lui demande enfin de consacrer la fondation de Prague par un acte propitiatoire et une prophétie ; cet effort accompli contre ses propres convictions lui coûte la vie, et Libussa meurt, non sans annoncer l’avènement d’un règne d’amour sur la terre. Cette pièce, très longue, renferme presque tous les grands motifs de la poésie de Grillparzer et reflète son amour de la vie intérieure et contemplative.