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L'illusion comi ue

Publié le 10/04/2013

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illusion

Le contraste entre l' oeuvre de Pierre Corneille et sa vie a toujours surpris les commentateurs : où donc ce paisible bourgeois de Rouen a-t-il bien pu poser son regard pour écrire des pièces impétueusement géniales ? Pas sur son triste univers quotidien, en tout cas ... On a souvent comparé L' Illusion à la palette de couleurs que l'artiste prépare avant de commencer à peindre. Et il est vrai que tout le théâtre classique y figure déjà en puissance, comme prêt à surgir de la main de l'artiste.

illusion

« « LYSE.

-De deux amants parfaits dont vous étiez servie, / L'un doit mourir demain, l'autre est déjà sans vie : / Sans perdre plus de temps à soupirer pour eux,/ II en faut trouver un qui les vaille tous deux.» Clindor en prison Quel bonheur m'accompagne à la fin de ma vie ! Isabelle, je meurs pour vous avoir servie Et de quelque tranchant que je souffre les coups Je meurs trop glorieux, puisque je meurs pour vous.

Hélas ! que je me flatte et que j'ai d'artifice A me dissimuler la honte d'un supplice ! (.

.

.) Je frémis à penser à ma triste aventure ; Dans le sein du repos je suis à la torture : Au milieu de la nuit, et du temps du sommeil, Je vois de mon trépas le honteux appareil ; J ' en ai devant les yeux les funestes ministres ; On me lit du sénat les mandements sinistres, Je sors les fers aux pieds,j' entends déjà le bruit De l'amas insolent d'un peuple qui me suit, Je vois le lieu fatal où ma mort se prépare, Là mon esprit se trouble et ma raison s'égare, Je ne découvre rien qui m' ose secourir Et la peur de la mort me fait déjà mourir.

Isabelle , toi seule, en réveillant ma flamme, Dissipes ces terreurs et rassures mon âme ; Et sitôt que je pense à tes divins attraits , Je vois évanouir ces infâmes portraits.

Quelques rudes assauts que le malheur me livre, Garde mon souvenir, et je croirai revivre.

L'extravagance de Matamore MATAMORE Écoute : en ce temps-là, dont tantôt je parfois , Les déesses aussi se rangeaient sous mes lois ; Et je te veu x conter une étrange aventure Qui jeta du désordre en toute la nature , Mais désordre aussi grand qu 'on en voie arriver.

Le soleil fut un jour sans se pouvoir lev er, Et ce visible Dieu que tant de monde adore, Pour mar cher dev ant lui ne trouvait point d'Aurore : On la cher chait partout, au lit du vieux Tithon, Dans les bois de Céphale , au palais de Memnon ; Et faute de trou v er cette belle fourrière, Le jour jusqu'à midi se passa de lumière .

CLINDOR Où pouvait être alors la reine des clartés ? MATAMORE Au milieu de ma chambre, à m'offrir ses beautés.

Elle y perdit son temps, elle y perdit ses larmes; Mon cœur fut insensible à ses plus puissants c harmes; Et tout ce qu 'elle obtint pour son frivole amour Fut un ordre précis d'aller rendre le jour.

« PRIMADANT.

- Je vois Clindor ! ah! dieux! quelle étrange surprise! / Je vois ses assas~ins , je vois sa femme et Lyse!» NOTES DE L'ÉDITEUR pendant quatre longs actes, il n'est « Tout ce petit monde des comédies de jeunesse , qui se résume de manière parfaite dans les scènes de Clindor, de Lyse et d 'Isabelle, le monde plus épais et plus résistant qu'habitent Matamore et le geôlier, ne sont plus ici qu'images dans un miroir.

Et je ne connais pas d' œuvres où l'on puisse saisir de manière plus authentique la poésie rêveuse et passionnée de Corneille, dans des décors contournés et précieux où le baroque Louis XIII devient architecture même du songe.

» Robert Brasillach.

Le jeune Corneille commence à écrire pour le théâtre dans une période charnière.

Il assure la transition du baroque au classicisme, ce qui permet à son esprit novateur de s'exprimer pleinement, notamment dans L' Illusion comique.

L'idée géniale de Corneille est d'avoir choisi, pour faire l'éloge du théâtre, l 'histoire d'un garçon que rien ne prédisposait au métier des planches, sauf son propre talent : de sorte que pas question une seule fois de la comédie ! « L' Illusion comique dont je parle ici est une pièce irrégulière et bizarre, et qui, par ses agréments, n'excuse point sa bizarrerie et son irrégularité.

» Bernard Le Bovier de Fontenelle.

«Ce qui surprend dans L' Illusion comique, c'est l'aisance parfaite, la libre allure et le grand air du style.

Du premier pas, Corneille atteignait la perfection.

» Théophile Gautier.

1 Co rneille par Leb run , musée de Versai lles/ R oge r- Violle t 2, 3, 4, 5 lith ogra phies de Fo ntanaro ssa , C lub du Livre , Paris I D.R.

C ORNEILLE 06. »

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