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L'Ingenu, 1767, Voltaire

Publié le 26/04/2011

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Le contexte du XVIIIème siècle s'inscrit dans la guerre coloniale qui opposait Anglais et Français à propos du Canada. Le temps historique et celui de la rédaction du récit sont contemporains d'affrontements franco-anglais. Cette époque est aussi fortement marquée par la censure avec la condamnation dès 1759 par le parlement de l'Encyclopédie ou encore du Dictionnaire philosophique de Voltaire entre autres, et de surcroît par une bataille philosophique très engagée notamment avec les philosophes des Lumières avec aux côtés de Voltaire Diderot et d'Alembert. Par ailleurs le Parlement de Paris condamne et dissous l'ordre des jésuites en 1764. C'est aussi une période marquée par des injustices dues au fanatisme avec l'affaire Calas par exemple, injustices qui résonnent dans l'Ingénu notamment derrière l'exotisme et le romanesque, simples exutoires

 

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« Ceci permet à Voltaire, tout en intégrant à son œuvre un noyau doctrinal d'alléger le rythme par des pausesnarratives.

Ceci facilite la tâche au lecteur certes, mais lui impose malgré tout de distinguer ce qui est du domainedu romanesque de celui de l'enseignement plus philosophique Enfin Voltaire tout en ayant recours au pastiche, en utilisant ponctuellement des traces de langue classique tirée dumanuscrit original de Quesnel appelle le lecteur à mobiliser son attention et a distinguer ce qui fait la distanceironique de l'œuvre D.

L'Ingénu Personnage éponyme de l'œuvre l'ingénu est un jeune Huron agé de vingt-deux ans (chapitre II) débarqué avec lesAnglais sur la côte bretonne et recueilli par le prieur de Kerkabon et la sœur de celui-ci. Tantôt nommé "Huron" tantôt "Ingénu" il obtient l'état civil à son baptême sous le nom de "M Hercule l'Ingénu" , ilutilise aussi son origine géographique et affirme au chapitre IX: "je m'appelle Hercule de Kerkabon" C'est un jeune homme "très bienfait" a un caractère assez paradoxal : capable d'une grande impassibilité, il peut semontrer impétueux (chap III) il est "têtu car breton et huron" mais la curiosité et la facilité d'apprentissage sontdeux de ses qualités les plus chères.

Bien que naïf (d'où sa dénomination) il est doué d'une capacité d'argumentation.

Bien que hardi et doté d'une certaine liberté d'esprit il est souvent mélancolique il s'attendrit d'ailleurs facilement,sur le sort des huguenots par exemple. L'ingénu devient aussi un héros intellectuel, passant de l'ignorance à la sagesse et réalisant la dialectique du maîtreet de l'élève. Il est au centre de l'action tout au long des neuf premiers chapitres puis partage sa place avec Gordon au chapitreX lors de son séjour à la Bastille.

Après quoi il est rejeté au deuxième plan laissant la place à Mlle de Saint-Yves. Mlle de Saint-Yves Il s'agit de la sœur de l'abbé de Saint-Yves, voisin des Kerkabon.

Elle est âgée de dix neuf ans au début de l'œuvreet meurt donc à vingt ans.

Devenue la marraine de l'Ingénu elle ne peut légalement l'épouser.

Elle est présentéecomme la jeune fille modèle "très bien élevée" elle est "tendre, vive et sage".

Elle est courageuse et se montre trèsrésolue quand elle simule le consentement au mariage avant de prendre la fuite pour Versailles où elle réussit às'infiltrer sans appui.

Mais elle est torturée moralement face au choix qu'elle doit faire et est "la généreuse etrespectable infidèle".

Sur le plan dramatique son histoire est autonome.

Sa mort constitue une sorte d'apothéose,elle meurt en toute liberté, indépendante du discours d'autrui. Gordon Ce vieux janséniste incarcéré avec l'ingénu apparaît comme le double de ce dernier.

Sa métamorphose spirituelle enfait un des personnages centrales, qui accorde à l'Ingénu l'héroïsme de convertir un des plus irréductibles desecclésiastiques.

Il est certes dogmatique mais fait preuve d'humanisme et d'un certain sens de la psychologie.

Aprèsl'épisode de la Bastille il prend plus d'importance que l'Ingénu; il prend en charge d'annoncer à Saint Pouange la mortde Mlle de Saint-Yves et se place en porte parole de Voltaire lors de l'épisode de la lettre du frère Vadbled. E. Voltaire dénonce principalement les abus sociaux : tout d'abord la mesquinerie du monde littéraire « où des hommesincapables de rien produire dénigrent les productions des autres » ; ensuite l'ignorance et la fatuité criminelles desmédecins (prolongement de la tradition moliéresque) ; enfin la corruption, la vénalité et les abus de pouvoir desfonctionnaires en la personne de Saint-Pouange. Voltaire entend surtout mener le procès contre certaines formes de religion.

Car si le règne du Roi-Soleil est apparucomme une période grandiose, marquant l'apogée de la pensée humaine comme le siècle de Périclès, celui de Césarpar exemple.

Pourtant ce siècle de lumière fut terni par les luttes religieuses. Il relève l'ignorance du bas-clergé incapable de répondre aux questions du Huron concernant la Bible.

L'évêque n'estpas épargné lui non plus qui ignore le personnage d'Hercule donné comme patron à l'Ingénu.

Mais surtout l'ombreinquiétante des jésuites, qui possèdent une science certaine plane Voltaire dénonce la mise au couvent des filles rebelles.

Il refuse également les positions intransigeantes desjansénistes, en particulier leur conception de la Providence ; certes leur inhumanité est repoussante, leur étroitessed'esprit proche de l'intolérance, pourtant ils sont honnêtes et le brave Gordon saura pratiquer les vertus. »

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