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L'Orange mécanique

Publié le 28/03/2013

Extrait du document

« L'âme a une chance d'ex ister sous la tyrannie. Lorsque le despote nous a tout pris, nous sommes bien forcés de croire qu' il nous reste quelque chose. C'est ce résidu que nous appelons âme. « Carnet de notes d'Anthony Burgess. Neuf ans après sa première parution (A Clockwork Orange, 1962), le roman de Burgess fut porté à l'écran par Stanley Kubrick ( Grande-Bretagne, 1971 ), avec l'étonnant Malcolm McDowell dans le rôle du jeune Alex. Le titre français du film en était Orange mécanique (l 'article du titre de l'édition française du livre ayant été supprimé).

« Couverture d'une édition de poche anglaise « Une petite histoire salingue de vingt contre un »,juste pour rester enjambes ...

Bref, on a filé dehors dans la grande notché d'hiver en descendant par le boulevard Marghanita, et puis on a tourné avenue Boothby, et lé on a trouvé assez bien ce qu'on cherchait, juste le malenky zeste qu'il fal­ lait pour commencer la soirée.

Il y avait un vec_k genre viokcho prof branlant, avec des lu­ nettes et la rote ouverte à l'air froid de la not­ ché.

Il avait des livres sous le bras et un para­ pluie crado et il se poin­ tait au coin de la rue de la Biblio municipale, où bien peu de lioudis vont encore, au jour d'au­ jourd'hui.

On ne voyait plus guère de bourgeois des familles dehors, la nuit tombée, en ce temps-lé, entre le man­ que de flics et nous autres délicieux jeunes maltchickicaéds dans le secteur, et ce tchello­ veck genre prof était le seul à se balader dans toute la rue.

Alors on a goulatié très poli vers lui, et j'ai dit : - Excusez-moi,frère.

Il a eu l'air un malenky peu pouglé en nous reluchant nous approcher tous quatre, tout tranquilles, tout polis, tout souriants, mais il a dit: -Oui ? Qu'est-ce que c'est ? Et ça genre grosse golosse à la prof, comme s'il avait voulu nous prouver qu'il n'était pas pouglé.

J'ai repris : - Vous avez des livres sous le bras, à ce que je vois,frère.

C'est vraiment un plaisir rare, par les temps qui courent, de tomber sur quelqu'un qui lit encore,frère.

- Ah, a-t-il dit, tout tremblant.

Vraiment ? Ah, je vois.

Et il ne cessait pas de nous regarder tour à tour tous les quatre , se trouvant maintenant comme au centre d'un carré extrêmement souriant et poli.

Où 1'« Humble Narrateur» se sent devenir « genre adulte » Ouais ouais ouais, c'était cela.

Faut que jeunesse se passe, hé oui.

Sauf qu'être jeune, ça revient à être plus ou moins comme qui dirait un animal .

Enfin non, ce serait plutôt moins un animal qu'un de ces malenkys jouets qu'on reluche à l'étal des camelots, qu'on dirait des petits tchellovecks en fer­ blanc, avec un ressort à l'intérieur et, à l'ex­ térieur une clé pour le remonter et on y va grr grr grr et voilé que le truc se met à itter tout seul, l'air de marcher ou pas loin.

Ô mes frères .

Seulement itte tout droit devant en butant bang bang dans les choses sans pouvoir s'empêcher de faire ce qu'il fait.

Oui, être jeune, c'est ressembler à une de ces malenkys mécaniques .

Mon fils, mon fils.

Quand je l'aurais, mon fils, je me disais, je lui expliquerais tout cela, à l'âge qu'il serait assez viokcho pour comprendre plus ou moins .

En même temps je savais bien qu'il ne comprendrait pas ou qu 'il refuserait de rien comprendre et refe­ rait toutes les vesches que j'avais faites, peut-être même jusqu'à tuer une pauvre viokcha forella au milieu de ses kots et koshkas miaulants, et que je ne pourrais pas vraiment l'en empêcher.

Pas plus qu'il ne serait capable d'en empêcher son propre fils , mes frères.

Laffont, 1972 NOTES DE L'ÉDITEUR «Le langage de l'Humble Narrateur et Martyr, héros de ce roman, est surprenant à la fois par sa simplicité et par les " infiltrations " qui ont fini par le conditionner.

La simplicité appartient à la jeunesse du personnage ; les " infiltrations " relèvent d'une pénétration de la brutalité et d'un viol de la conscience dont nous voyons et pouvons mesurer presque chaque jour la croissance et les effets.

L'argot (un "méta-argot", souvent, si l'on peut dire), ("la propagande" , déclare Burgess lui­ même) marquent l'intrusion et cet aspect d'une révolution, subie sinon passive, du langage.

Cela dit, l'art d'Anthony Burgess est tel, l'emploi des" mots nouveaux" si admirablement calculé et dosé que, la première surprise passée, le lecteur se laissera porter et emporter, nous en sommes certains, sans la moindre difficulté.

» Georges Belmont et Hortense Chabrier, note à la traduction de L'Orange mécanique, Robert Laffont, 1972.

«Lui aussi (A.

Burgess) il était un exilé insomniaque et il écoutait la voix de la Grande-Bretagne, déformée comme toujours par les brouillages des Russes et des Albanais dans leurs efforts pour asphyxier la vérité portée par 1 'air.

La vérité, mon ami la servit par le canal d'un moyen d'expression mensonger.

Il a bon sommeil à présent.

Que Dieu ne m'accorde­ t-il le même ! »Hortense Chabrier, Dernières Nouvelles du monde d' Anthony Burgess, présentation, Acropole, 1984.

le manouche (le parler romani), le russe 1 Gamma 2 ill.

de Philip Castl e/ Warner Bros.

Production s Lld, 1971 3 ill.

de Davi s Pelham / Penguin Book s Ltd , 1972 BURGESS 02. »

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