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Louis ARAGON : Le Roman inachevé

Publié le 07/09/2012

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Cette écriture nouvelle s'ancre dan s le surréalisme pour en tirer force et substance. L'acquis immédiatement antérieur, la pratique des "sommeils", la désintégration du langage, l'écriture automatique ne sont pas un sommet privilégié puis rejeté comme un jeu à partir de l'instant où commence une grande entreprise didactique, mais une information mentale extrêmement forte . Aragon rejette l'environnement parapsychique qui a surchargé le surréalisme mais il conserve son caractère d'invention verbale.

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« Photo Sinclair 1 Si pa-Press Aragon fonde en 1919 la revue Litté­ rature avec Breton et Philipp e Soupault.

Mais des divergen­ ces l'opposent au premier sur le plan littéraire -Aragon réinvente le roman du "monde réel" - comme sur l e plan de l'engagement po­ litique au Parti com­ muniste français.

Le livre A la croisée du passé et du présent : un roman fragmenté C 'es t en un tript yque qu e s'o rgan ise cette a utobio gra ­ phi e poétique.

Dan s une pr emi ère parti e, martelée par le rythme lanc inant du "je me souv ie ns", le poète plonge au plu s l o intain de so n passé : l 'enfance auprès de la mère et d'autre s femmes , la g uerre de 19 14 , D ada et le surr éa lism e.

La de u x iè ­ m e part ie est un vaste survol des années 20: l'homme de 1956 se tourn e vers ses amis d 'autr efo is ( De sno s et d'autres), revit ses amours et ses voyages désordonnés à travers 1 'Es pagne , l'Italie , l'Allemagne et 1 'Ang le te rre , et finalement rend hom­ mage à la femme.

La sec tion s uivante, nou s ramenant au monde plus r écent de 1956 , brasse pêle-mêle de multipl es th èmes : des fragments de conversation s humori stiqu es aux questionnement s douloureux sur la vieillesse, de la guerr e de 1944, des défaites et des pertes humaine s aux en gage ment s politiques, et enfi n, point d'orgue de la sér ie, la rencontre avec Elsa et l e ur s voyages en URSS , scènes rec réées et restitu ées comme telles par la grâce de la poésie.

La lon gue litani e des so uve nir s s'ac hève sur la Prose du bonheur et d'Elsa, not e finale lumineuse qui efface tous les tourment s.

Une forme éclatée, des souve nir s en lambeaux D e la v ie du poète , il ne s ubsiste que des fragment s é pars, dont le souven ir prése nt tisse un "roman " en form e de c hant lyr iqu e.

D 'ordre, il n'y en a point : le schèm e d'un t e mp s co ntinu et irréversible laisse place ici à une oscillation permanente entr e le passé et l e prése nt, à un déc loisonnement spatio-te mpore l ; les thè m es se succ ède nt sans a utre logique que celle de l'investigation hasa rdeu se et de l'éc ritur e autom a­ tique , propres à la démarche surr éaliste.

Il s'ag it de révé ler la pui ssance du désir et le fo iso nneme nt de la matière ment ale p lus que de recon stituer à petite éche lle le parcours d 'une vie.

Une telle exigence trouve son accomp lisse ment dans le c hoix d'une d ivers ité forme lle e t d'un écla te m en t de s mètres , qui font s'al t erne r l a prose et la poésie , les vers réguliers (alexa n­ d ïins et octosy llabes) et les rythmes longs.. »

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