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Marguerite YOURCENAR : Alexis ou le Traité du vain combat

Publié le 24/09/2012

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Comme tout récit écrit à la première personne, Alexis est le portrait d'une voix. Il fallait laisser à cette voix son propre regist re, son propre timbre, ne rien lui enlever, par exemple, de ses inflexions courtoises qui semblent quelque peu d'un autre âge, et le semblaient déjà il y a près de trente-cinq ans, ou encore de ces accents de tendresse presque cajoleuse qui en disent peut-être plus long sur les rapports d'Alexis et de sa jeune femme que sa confidence elle-même. Il fallait aussi laisser au personnage certaines opinions qui à l'auteur paraissent auj ourd'hui douteuses, mais qui gardent leur valeur de caractérisation.

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« Pho to Si pa Pre ss Parmi les femm es qui côtoyè rent l'en­ fan ce de Mar guerit e Yourcenar , Jeann e d e Reval tient un e pla ce exce ptionn ell e.

J e ann e - de R eval est un pseudon ym e d es tin é à dissimul er l'id entité de la dam e, et s urt out ce lle de son mari , Egon , qui s e r vit de mod èle à Alexi s -, qui fut /'ami e de Fernand e (sa mère) et, un t e mp s, la ma Îtresse d e Mi ch el (so n p ère), lui té m oig na beau ­ co up d'am our .

Le livre Confession de l'indicible C e premier roman de Marguerite Yourcenar, dont le titre fait écho au Traité du vain désir d'André Gide, consiste en une longue lettre d'adieu adressée par Alexis à sa femme Monique .

Pour sortir d'une situation fausse, à savoir l'échec de son mariage , Alexis se décide à rompre le silence.

D'une voix feutrée , il va confesser l'indicible: le "vain combat" qu'il a mené contre son penchant naturel, l'homosexualité.

"Ce ne fut pas ma faute , si, ce matin-là , je rencontrai la beauté." Pour tenter d'être compris, pour justifier cette faute grave, doulou­ reuse , A lexis va se livrer à un long périple dans les brumes de Woroïno , en Bohême, pour conter à Monique son enfance entre sa mère et ses sœurs dans une grande maison froide et délabrée.

Alexis doit lutter -donc faire souffrir et souffrir - pour faire reconnaître sa singularité et pouvoir l'assumer.

L'auteur le montre essayant de mener la vie de tout le monde , consentant à la paternité, espérant qu'elle lui dissimulerait ce qu'il est; de plus , le voici cherchant excuse dans la vie qui l'a fait ce qu'il est : il est donc honnête dans ses efforts vers la norme et innocenté par les erreurs de la vie.

Pierre de touche d'une œuvre de l'intimité éprouvée A lexis ou le Traité du vain combat est une confession : cela explique le ton feutré du récit, la confidence mur­ murée, l'aveu pudique et la retenue; mais l'époque où le livre parut explique aussi qu'aux audaces réalistes, fréquentes de nos jours, l'auteur ait opposé le raisonnement et l'excuse.

N'est pas tellement loin le temps où Gide publie, quasi en secret, son Corydon, où l'homosexualité de Proust se dissi­ mule soigneusement.

Homosexualité et solitude : tout le tra­ gique de la marginalité est dans le rapprochement des deux termes .

Cet amour est souvent affaire de hasards et de ren­ contres ; nulle chance de durée ; sa fata lité est de ne se prolon­ ger par rien , fût-ce au prix de la trahison.. »

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