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MAUPASSANT Guy (de), Le Horla

Publié le 22/02/2012

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maupassant
Un jour de mai, le narrateur éprouve le besoin de relater son existence par le biais d'un journal. Etendu dans l'herbe, il contemple la nature printanière et la maison dans laquelle il a grandi. Il admire le cours ondoyant de la Seine et le passage d'un superbe trois-mâts brésilien. Quelques jours plus tard, il se réveille souffrant et médite sur les influences mystérieuses qui peuvent altérer l'état physique et moral de l'homme. Il passe d'une humeur enjouée à un sentiment de nervosité et de désolation, accompagné de forte fièvre. Au fil des semaines, ce malaise apparemment anodin semble s'empirer. La fièvre monte, mais le médecin ne décèle aucun symptôme alarmant. Pourtant, le narrateur en vient à éprouver le besoin de s'enfermer dans sa chambre, sans pour autant en ressentir une quelconque sécurité : une fois les verrous poussés naît une crainte diffuse de se coucher. Après avoir détaillé chaque recoin de la pièce, il s'étend, tentant d'analyser la peur qui le tenaille. Serait-ce un dérangement physique...? Etreint d'une angoisse indescriptible, il s'efforce d'attendre le sommeil. Chaque jour, le même cauchemar l'envahit après quelques heures: quelqu'un s'approche de lui, le regarde, le palpe, monte sur son lit, s'agenouille et tente de l'étrangler. Après un moment de paralysie somnolente, il se réveille en sursaut, couvert de sueur. Or, la pièce est vide : tout est normal. Chaque crise est suivie d'une période de calme durant laquelle le narrateur récupère jusqu'à l'aurore. ?
maupassant

« maison, abandonnant à leur épouvantable sort ses domestiques dans le brasier.

Il assiste, délivré et effondré, à lalente progression des flammes.

Mais une angoisse l'étreint aussitôt.

«Et si le Horla n'était pas mort?...

» Il faudradonc qu'il se tue, lui!... Le souci du détailNé juste à la moitié du XIX e siècle, Maupassant a laissé une œuvre dense et variée.

Ses racines normandes marquent profondément l'écrivain et forment le décor de plusieurs de ses récits.La mésentente de ses parents lui donne très tôt une vision pessimiste de la vie.

Placé dans une institutionecclésiastique, il commence à écrire des vers romantiques et des petites pièces irrévérencieuses, et dévore lalittérature du XVIII e siècle.

Sa plus grande joie est de passer ses vacances à Etretat où il adore l'élément aquatique, qui sera propice à toutes les rencontres, féminines mais également rencontres de poètes et d'artistes.A vingt ans, Maupassant fait une rencontre décisive : Gustave Flaubert, avec qui il fera son apprentissaged'écrivain.

C'est lui qui lui inculque le souci du petit détail précis, et lui apprend à regarder les choses.

Il écrit avecacharnement, mais s'adonne également à tous les excès.A trente ans, il écrit une nouvelle qui sera considérée comme un chef-d'œuvre et sera son premier succès :Boule-de-Suif.

Cet événement bouleverse sa vie et lui permet de rentrer dans un journal, où il rédige des contes à suivre et des chroniques, souvent inspirés de faits divers réels.

Il acquiert un style journalistique: vivant, précis,parfois caustique, et touche aux sujets les plus variés : récits de guerre, petites scènes normandes, études demœurs.

Le milieu dans lequel il évolue lui inspirera un roman célèbre : Bel-Ami. La r éalité rejoint la Action Les ann ées qui suivent constituent la période la plus féconde de sa vie : reconnu comme écrivain talentueux, il écrit l'équi valent de trente volumes dont principalement des contes, des chroniques et quelques romans. La maladie dont il est atteint (syphilis, troubles de la vue) le pousse à user de drogues diverses afin de calmer ses douleurs.

Il s'intéresse de plus en plus aux cas de folie et à l'hypnotisme (qui lui inspirera un passage important dans la seconde version du Horla).

Mais ces drogues provoquent chez l'écrivain des hallucinations répétées durant lesquelles il est en proie à des terreurs effroyables.

Les intrigues relatées dans ses nombreux contes fantastiques sont, et pour cause, empreintes d'un réalisme poignant.

De là à dire que Maupassant écrivit ses contes parce qu'ilétait fou, il n'y a qu'un pas que beaucoup franchirent allègrement.

La rédaction du Horla suscita à ce sujet de violentes polémiques.

Pourtant, ce conte à la structure savante, au style clair, témoigne d'une maîtrise mentaleexceptionnelle.Il existe deux versions du Horla, écrites à la même époque (1886 et 1887).

Dans la seconde version (résumée dans ce livre), l'auteur abandonne le style du récit traditionnel au profit du récit journalistique en «Je», qui rend plusréaliste et plus impressionnant le déroulement de l'intrigue.

Le temps s'y écoule lentement, puis l'auteur opère uncrescendo jusqu'à la chute finale.Les lieux jouent également un rôle non négligeable dans le conte, celui d'ancrer le récit dans une réalité palpable(les bords de la Seine, Paris) et celui de faire naître une tension, qui évoluera jusqu'au paroxysme, dans un espaceclos (la chambre, lieu intime s'il en est).Les objets familiers et innocents de prime abord donnent également naissance à l'angoisse : de rassurants, ilsdeviennent étrangers et agressent le narrateur: quoi de plus terrifiant qu'une carafe qui se vide toute seule, qu'unepage de livre qui se tourne comme par enchantement, qu'une rose dont la tige se casse sous une main invisible? L'art de Mau passant réside dans le fait de créer l'étrange par le biais du quotidien, de l'anodin. Le Horla : une pr ésence indescriptible Si Maupassant décrit, dans de nombreux autres contes, l'être ou l'objet fantastique avec force détails {La Main d'écorché, L'Apparition,...), Le Horla, quant à lui, fait naître la terreur par sa seule présence insaisissable.

Tout son être invisible pèse sur la chambre désolée et étreint le narrateur jusqu'à lui glacer l'âme.

Aucune description horriblen'en dessine les traits.

Pourtant, le lecteur, tout comme le héros, a la certitude de sa présence.

L'angoisse atteintson paroxysme lorsque le narrateur déclare avoir «vu» le Horla: se regardant dans le miroir, le héros ne s'y voit pas:l'immatérialité du Horla lui a volé, l'espace de quelques instants, son reflet; telle est l'unique et terrible descriptionque fait Maupassant de l'être qui hante son personnage.

Plus que tout autre détail macabre, cette «apparition» eststupéfiante: une «transparence opaque»... L'an éantissement par le double Si le thème du double apparaît dans de nombreux contes de Maupassant, il est pleinement exploité dans Le Horla : l'être mystérieux prend, peu à peu, l'âme du héros après lui avoir ravi son lieu intime, ses objets, son sommeil, sa raison.

C'est un autre lui-même qui l'anéantit peu à peu.. »

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