Maurice BARRÈS : La Colline inspirée

« Quinze jours à peine après la mort de Barr ès, son nom fut donné à / 'une des rues de Metz.

Plus tard, on installa, à sa mémoire, une stèle sur la co lline de Sion­ Vaudémont.

Cette stèle est semblable aux « lant ernes des morts » que l'on ren­ co ntre souvent dans la campagne char e n­ taise.

Sur son socle, on a gravé trois phra­ ses tirées de romans de Barr ès dont, bien entendu, La Colline ins pir ée.

Le livre Le souffle de la colline L a colline inspirée >>, c'est Je nom que Barrès donne à la >, il entreprend de narrer la vie des trois frères Baillard, dont le destin demeure inextricablement lié à la colline.

Au XIX e siècle, François, Quirin et Léopold Baillard appartiennent à une famille lorraine toute vouée à la religion catholique ; devenus prêtres, ils entreprennent d'installer sur la colline un institut religieux.

Leur sens très pragmatique des affaires, lié à la conviction de 1 'importance de leur sainte mission , couronne leur entreprise de succès.

A tel point qu 'elle provoque l'inquiétude des évêques.

Ils œuvrent tant et si bien que l' institut religieux périclite et que les frères sont contraints à l'exil.

Le livre s'attache alors à suivre la dérive de l'aîné des Baillard , Léopold.

Ayant subi comme une révélation sa rencontre avec Pierre Michel Yintras, que d'aucuns considèrent comme un saint et un prophète mais que l 'Ég lise condamne comme schismatique , il s'adonne à une pratique religieuse baignée de surnaturel et d'animisme.

Interdit par l'Égli se, il refuse toutefois d 'abandonner la colline, y pratiquant des offices qui finissent par lui valoir l'excommunication.

Ce n'est que sur son lit de mort , après une longue période de misère et de délire mystique qu' il se rétractera et sera rétabli dans ses droits de prêtre.

Les Baillard et Barrès Q ue Barrès, le fervent défenseur de la foi catho lique, se soit intéressé de si près à la vie de ce prêtre qui renia 1' autorité de Rome n'a que l'apparence du paradoxe .

Car si Léopold s'écarte des dogmes de l 'Ég lise , ille fait dans l'exaltation et la sincérité de sa foi, se laissant guider par la colline et le souffle qui la parcourt.

Cet emportement mystique, Ban ·ès le condamne certes à plusieurs reprises, mais on ne peut manquer d 'observer que l 'écrivain partage la soif d'absolu de son personnage.

Comme si, à travers le récit de la vie des Baillard , Barrès avait laissé s'exprimer une passion qu' il n'aurait jamais pu assumer dans sa vie de croyant, respectueux qu'il était des lois rigides de l'Ég lise.. »