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Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Les Ghettos du Gotha comment la bourgeoisie défend ses espaces

Publié le 14/08/2012

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Chapitre 4 : Concurrences pour l’espace 1/Le château et le village Denis de Kergorlay possède un château à Canisy dont 20 hectares du parc sont ouvert au public. Il fut maire de Canisy de 1985 à 1995, période durant laquelle le conseil municipal montra un consensus sans faille autour du château. Mais avec le nouveau plan d’urbanisme (PLU) qui prévoit « une zone à caractère industriel et commercial en bordure du parc « (p 100) les relations entre le châtelain et le conseil municipal se sont dégradées. Avant de faire un procès, Denis de Kergorlay a mobilisé son capital social pour parvenir à une entente avec les élus mais cela s’est soldé par un échec. Le châtelain essaie de préserver son château de l’extension urbaine mais cela s’avère difficile en raison de la réduction de zones constructibles dans la commune. 2/Soigner ses alentours Ce soin porté à l’environnement dans lequel évolue la haute bourgeoisie peut concerner « l’embellissement du paysage autour du jardin « (p 104). Les auteurs prennent l’exemple de Didier Wirth qui a remodelé le paysage qu’il aperçoit depuis son domaine : il a fait enterrer les lignes électriques et veut repeindre un château d’eau qui est d’un blanc éclatant, ce qui le rend très visible, en gris-bleu afin qu’il se fonde dans le paysage. Cela peut parfois aller jusqu’à modifier la topographie des lieux, ainsi Didier Wirth n’a pas hésité à créer un remblai pour cacher la route qu’il apercevait depuis son domaine.

« Chapitre 5 : Le monde est mon jardin 1/La mondialisation, une vieille tradition La haute bourgeoisie mène des affaires sur tous les continents.

Les auteurs citentl'exemple de Dominique-Henri Freiche, issue d'une famille de la haute société, qui possédait une entreprise aux ramifications mondiales avant qu'elle ne soit vendueau début des années 1990.

Ils écrivent que « la grande bourgeoisie est cosmopolite structurellement : les affaires, les résidences, les loisirs et la culture s'enracinentdepuis longtemps à l'échelle de la planète » (p 137), l'éducation participe au maintien de cette dimension cosmopolite car par exemple Dominique-Henri Freiche parlecouramment cinq langues.

De plus les enfants de la haute société sont élevés dans une conception du monde qui en fait « un jardin, un lieu à parcourir en tous senssans crainte » (p 137).

D'autre part les deux sociologues soulignent que l'internationalisation des affaires profite le plus à ceux qui ont des dispositions cosmopolites,donc à la bourgeoisie.

Les membres de la haute société sont notamment caractérisés par « la recherche d'investissement rentables et le plaisir de l'exploration dumonde » (p 142).

2/L'argent nomade: les sans domiciles fiscaux passent la frontière Les auteurs expliquent que, considérant le monde comme leur « jardin », lesmembres de la haute bourgeoisie « ne connaissent pas les frontières sauf en matières fiscales » (p 143).

Ils citent l'exemple de la famille Mulliez, qui contrôle legroupe Auchan et d'autres marques de distribution, dont quelques membres ce sont installés en Belgique, à Estaimpuis situé à cinq cents mètres de la frontièrefrançaise.

Ce sont en quelque sorte des « travailleurs frontaliers » mais qui ne pratiquent pas l'exil fiscal puisque d'autres membres de la famille sont restés sur leterritoire français.

Le choix de l'exil fiscal ne va pas de soi.

En effet, l'exil doré est contraignant puisqu'il faut prouver que l'on a passé moins de 183 jours en Francedans l'année pour pouvoir être considéré comme expatrié.

Par ailleurs, les anciennes familles bourgeoises ont un fort enracinement territorial car les héritiers doiventleur fortune à leurs ancêtres et ont donc « un sentiment de dette » (p 148) à l'égard du pays.

Par conséquent, les exilés fiscaux sont souvent les « nouveaux riches ».D'autre part, les acquisitions immobilières des non résidents (les exilés fiscaux) induit une pression sur le marché qui rend plus difficile l'accès des salariés auxlogements dans Paris et dans les zones très demandées donc « l'exil de Français fortunés aurait […]plutôt tendance à accentuer les phénomènes de ségrégation » (p150).

Les paradis fiscaux sont en concurrence pour accueillir ces « réfugiés », on observe effectivement une expansion de ces lieux ; en 2007 on en dénombrait 73dans le monde.

Les auteurs prennent évidemment l'exemple de Monaco mais aussi celui d'une île du territoire national : Saint-Barthélemy.

Cette île des Antilles estexonérée de taxes et d'impôts.

On estime que le rythme d'exils fiscaux en France est de 500 à 600 par an.

La population des exilés fiscaux est quant à elle estimée à10 000 voire 15 000 personnes. Chapitre 6 : Des intérêts convergents entre familles et pouvoirs publics 1/L'entre-soi balnéaire et le Conservatoire du littoral Jacqueline de Beaumont possède enBretagne une propriété dont elle a vendu une partie au Conservatoire du littoral et se déclare satisfaite de cette vente qui permet « d'assurer la pérennité de ce sitesplendide » (p 162) sans coûts pour la famille.

Les sociologues écrivent que « dans cette opération chacun à trouvé son compte.

Les intérêts de la famille et lesobjectifs d'intérêts général, ici représenté par le Conservatoire du littoral, était convergents » (p 164).

Ceci souligne le pragmatisme de la bourgeoisie qui privilégiel'intérêt de la famille à long terme plutôt qu'à courte durée.

D'autre part la bourgeoisie « fait de la nécessité vertu » comme dans le cas de l'ouverture d'un château aupublic qui « au lieu d'être vécue comme un renoncement […] permet, en transformant une contrainte administrative en choix délibéré, de renouer avec le prestige deschâtelains d'autrefois » (p 167).

De même, vendre une partie de son domaine au Conservatoire du littoral permet de s'acquitter des droits de successions et est unmoyen « d'éviter les effets pervers du tourisme de masse sur l'environnement » (p 172).

2/Les concessions privées dans le bois de Boulogne Les concessions sont deslieux protégés au sein du bois de Boulogne, certains sont ouvert au public comme les restaurants et d'autres sont privés comme les cercles.

Pour y avoir accès, l'argentn'est pas suffisant car il faut surtout avoir un statut social lié à la naissance.

Au total, le bois de Boulogne compte 25 hectares fermés au public et qui sont préservésdes regards inopportuns grâce à des palissades et des haies.

Ces « îlots mondains » sont quasi clandestins puisque les guides touristiques ne les mentionnent pas.

3/Unparc naturel : protéger les espaces protégés Pinçon et Pinçon-Charlot s'intéressent au Parc régional de la Vallée de la Chevreuse et remarquent que « sur les 368familles du Bottin Mondain qui donnent pour adresse principale l'Oise, 141, soit 38%, se situent à l'intérieur des limites du parc » (p 179).

De ce fait, si les parcsrégionaux ont pour fonction d'assurer le développement économique local, ils assurent aussi « la pérennisation des espaces et des modes de vie grand-bourgeois » (p181) et accroissent ainsi les phénomènes de ségrégation spatiale.

Les auteurs notent que « l'une des forces de la grande bourgeoisie est d'incarner l'intérêt général,parce qu'elle contrôle les espaces les plus précieux, parce qu'elle possède les demeures, les œuvre et les ancêtres qui ont fait la richesse symbolique de la France » (p187).

4/Le G8 : concertation entre associations et ministères Les auteurs exposent l'exemple du G8 qui utilise son capital social et bénéficie de « passerelles » avec leministère de la culture qui est dirigé par Renaud Donnedieu de Vabres qui est présent dans le Bottin Mondain par sa mère.

Ils écrivent aussi que « les intérêts desgrandes familles pour le patrimoine se confondent sans difficulté avec ceux des familles plus modestes » (p 189). Chapitre 7 : Le collectivisme pratique 1/Les lotissements chics Il s'exerce un contrôle collectif sur les biens immobiliers des lotissements chics et cela prend la formed'un cahier des charges très contraignant.

« Les copropriétaires se donnent des contraintes de manière à préserver la valeur d'usage de leur biens immobilier et savaleur marchande » (p194).

La préservation de l'espace social par la haute bourgeoisie est une métaphore de la préservation du milieu social.

Les auteurs s'intéressentà Keremma où se trouve un phalanstère de 160 maisons appartenant aux descendants des fondateurs.

C'est un collectivisme familial mais aussi marqué parl'individualisme où cohabitent différentes formes de richesses : économique, social, culturelle et symbolique.

2/L'Institut de France, gestionnaire des propriétés sanshéritiers Le château de Chantilly propriété du duc d'Aumale ou encore l'Abbaye de Chaalis qui appartenait à Nélie Jacquemart-André, ont été légué à l'Institut deFrance qui, en l'absence d'héritiers, assure la prise en charge des biens.

Cet institut a de nombreux liens avec la haute société, il assure la pérennité matérielle etsymbolique des biens immobiliers et des collections et permet de perpétuer la mémoire du légataire.

Cet institut est une des manifestations de la solidarité quicaractérise et unit la haute bourgeoisie.

3/Les ventes aux enchères : dispersion et recomposition des patrimoines Le milieu des ventes aux enchères appartient à la haute société comme en témoigne le fait que les responsables de Christie's France sont membre de la bourgeoisie.La dispersion est relative puisque « les mêmes biens, échangés dans les ventes de meubles et d'objets d'art, ne quittent pas, à l'échelle internationale, le milieu grand-bourgeois » (p 208).

De plus, les ventes aux enchères marquent la spécificité de la haute société car « alors que dans les autres milieux sociaux les biens accumulésperdent leur valeur au fil des générations pour devenir très vite obsolètes, à l'inverse la plupart des objets anciens qui meublent l'espace de la vie quotidienne desgrands bourgeois accèdent au statut d'objets d'art » (p 215). 4/Neuilly, un urbanisme chic géré solidairement En 2007, Neuilly comptait plus de 60000 habitants et avait une densité de 16000 habitants au kilomètre carré.

Parconséquent, la majorité des élus et des habitants se servent de cette forte densité pour se disculper de l'absence de logements sociaux.

L'homogénéité sociale deNeuilly est aussi idéologique puisqu'au premier tour des élections présidentielles, Nicolas Sarkozy a recueilli 73% des suffrages. Chapitre 8 : La mobilisation permanente 1/Au cœur des réseaux : les cercles Il faut parfois attendre plusieurs années avant de pouvoir s'inscrire dans un club ou uncercle car les listes d'attentes sont très longues.

Il existe des clubs très ouvert comme le Club Alpin Français et d'autre très fermé comme le Jockey Club qui sembleêtre d'un autre siècle le service est assuré par des valets de pieds en gants blancs et habit à queue-de-pie ! L'existence de divers clubs « répond aux variations dans lamanière de concevoir l'excellence sociale, d'incarner la richesse légitime, le pouvoir et la culture » (p 225), de plus cette diversité à l'avantage de « multiplier lesréseaux et leurs maillages et donc de souder et de mobiliser l'ensemble des hautes classes » (p 225-226).

D'autre part, l'appartenance à un cercle est un moyen demontrer que l'on fait parti du « grand monde ».

Les cercles ont aussi une dimension internationale avec les jumelages et sont donc « une multinationale des hautesclasses » (p234).

2/Des militants spécialisés Les auteurs remarquent que « la multidimensionnalité des engagements de la grande bourgeoisie va de pair avec celledes différentes formes de richesse » (p 235).

Ils s'intéressent plus particulièrement à SOS Paris, une association crée en 1973 par Marthe de Rohan Chabot et Mariede La Martinière afin d'empêcher le développement de la circulation des voitures dans Paris.

Au sein de cette association les beaux-quartiers sont surreprésentés et lesréseaux d'influence des membres permettent de faire aboutir les revendications.

« SOS Paris allie la défense de la capitale à la préservation d'espaces qui sont chers àses adhérents » (p 241).

La Sauvegarde de l'Art Français crée en 1921 a pour but de veiller sur le patrimoine religieux, c'est « une forme de militantisme oùl'engagement public se confond avec les souvenirs et l'histoire familiale » (p 250), l'activité de cette association semble légitime car elle assure la défense de point derepère nationaux.

La création d'Europa Nostra en 1963 ou encore les Amis de Versailles, présidé par Olivier de Rohan et qui a recourt à des mécènes américains,. »

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