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MONTAIGNE: Les Essais (Fiche de lecture)

Publié le 20/11/2010

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montaigne

«Au demeurant, mon langage n'a rien de facile et poli : il est âpre et dédaigneux, ayant ses dispositions libres et déréglées ; et me plaît ainsi, si non par mon jugement, par mon inclination.«

(II, 17, «De la présomption«)

À travers cette enquête sur soi, se lit toujours le doute. Montaigne laisse de côté la fierté d'auteur pour s'adresser au lecteur et lui demander s'il n'a pas perdu son temps à écrire :

«Ai-je perdu mon temps de m'être rendu compte de moi si continuellement, si curieusement [soigneusement]?« (II, 18, «Du démentir«)

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« suit pas un ordre chronologique, mais il offre un portrait de lui-même d'abord à travers les réflexions que tel thèmepolitique (la guerre, la soumission au souverain, la torture, les lois...), moral et philosophique (la mort, l'amitié,l'éducation...) lui inspire ; ensuite dans les passages où il réfléchit sur la nature du moi et sur sa personnalité. 2.

LE SENS CRITIQUE Montaigne fait preuve d'un sens critique et d'une tolérance que la postérité a érigés en modèles, qu'il s'agisse, parexemple : — de la relativité de nos jugements et de nos coutumes (I, 26, «De l'institution des enfants»), de la prétendue supériorité de la civilisation et de la Chrétienté sur les Indiens nouvellement découverts (I, 31, «DesCannibales» et III, 6, «Des Coches»), — du caractère à la fois inefficace et moralement scandaleux de la «question»(la torture intégrée dans la procédure judiciaire normale) : «Quant à moi, en la justice même, tout ce qui est au-delà de la mort simple, me semble pure cruauté, et notammentà nous qui devrions avoir respect d'en envoyer les âmes en bon état ; ce qui ne se peut, les ayant agitées etdésespérées par tourments insupportables.» (II, 11, «De la cruauté») La réflexion peut prendre un tour plus abstrait quand il s'agit de questions philosophiques.

L'idée de vanité est alorsau centre de la pensée de Montaigne. L'«Apologie de Raymond Sebond» en est un bon témoignage.

Ce chapitre (II, 12) est le plus long des Essais (200 pages) et constitue une démonstration autonome.

Conçu au départ comme la défense («apologie») de l'ouvraged'un théologien espagnol, il développe en fait le thème de la vanité, c'est-à-dire de l'inconsistance de l'homme, sousplusieurs aspects : - vanité de sa prétention à dépasser les animaux ; - vanité de sa science limitée, inutile, quand elle n'est pas nuisible ; — vanité de sa raison, prise dans des contradictions qui ne lui permettent d'accéder à aucune vérité stable. Les bêtes n'ont décidément rien à envier aux hommes, et surtout pas la guerre: «Quant à la guerre, qui est la plusgrande et pompeuse des actions humaines, je saurais volontiers [je voudrais savoir] si nous nous en voulons servir pour argument de quelque prérogative, ou, au rebours, pour témoignage de notre imbécilité [faiblesse] etimperfection ; comme de vrai la science de nous entredéfaire et entretuer, de ruiner et perdre notre propre espèce,il semble qu'elle n'a pas beaucoup de quoi se faire désirer aux bêtes qui ne l'ont pas.» (II, 12) 3.

LE DOUTE ET LE MOUVEMENT Sans vouloir cantonner Montaigne dans une école philosophique, on peut souligner que le scepticisme se retrouvedans ce penchant au doute, à la suspension du jugement, au renoncement à trouver des réponses aux questionsque l'homme se pose. Cette idée de vanité se retrouve dans les propos de Montaigne sur le voyage, dans le chapitre qu'il intituleprécisément «De la vanité» (III, 9).

Le voyage est vain parce que ce désir de bouger et de se divertir témoigne d'uncaractère peu stable: «Je sais bien qu'à le prendre à la lettre, ce plaisir de voyager porte témoignage d'inquiétude et d'irrésolution.

Aussi sont-ce nos maîtresses qualités et prédominantes.» (III, 9) Mais Montaigne revendique ce goût du voyage comme il revendique sa passion d'écrire, car le cheminement de laplume sur le papier, là encore, n'a pas de fin : «Qui ne voit que j'ai pris une route par laquelle, sans cesse et sans travail, j'irai autant qu'il y aura d'encre et depapier au monde ?» (III, 9) LE MOI ET L'ÉCRITURE À plusieurs reprises, Montaigne essaie de se présenter physiquement et moralement.

Il est souvent assez critique àson égard et ne craint pas de se déprécier: «Il me souvient donc que, dès ma plus tendre enfance, on remarquait en moi je ne sais quel port de corps et desgestes témoignant quelque vaine et sotte fierté.» (II, 17, «De la présomption»). »

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