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NERVAL: Les Chimères

Publié le 20/11/2010

Extrait du document

nerval

«La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance [...]

Cette chanson d'amour qui toujours recommence ?«

La question laissée en suspens dans «Delfica« trouve ainsi sa réponse dans «Vers Dorés« :

«Respecte dans la bête un esprit agissant...

Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;

Un mystère d'amour dans le métal repose :

Tout est sensible !...«

nerval

« L'heure qui revient n'est-elle qu'un instant parmi tant d'autres ou est-elle la Seule, la somme, la totalité de toutesles autres ? Est-elle, comme Artémis, menace mortelle, emblème du temps qui passe et nous anéantit, ou est-ellefragment d'éter-nité ? Toute la poésie de Nerval est animée par cette inquiétude fondamentale.

Comment unir lescontraires, comment dire à la fois «Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée» ? («El Desdichado»). 2.

LA POÉSIE COMME SYNCRÉTISME Le poète, qui a affronté au plus profond de lui-même la tragédie de ce partage, à travers l'expérience de la folie, quia «deux fois vainqueur traversé l'Achéron» («El DesdiChado»), est celui qui peut répondre à ce dilemme.

Ses verssont le lieu où viennent s'unir et se confondre tous les contraires.

On a parlé du «syncrétisme» de la poésienervalienne (c'est-à-dire du mélange, parfois surprenant, de diverses pensées, religieuses ou philosophiques), fusionde réalités opposées dans le creu-set de merveilleuses images: «Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse„..

Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.» («Myrtho») «Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie» («El Desdichado») «Aimez qui vous aima du berceau dans la bière» («Artémis»). Ces raccourcis fulgurants mettent soudain en communication ce qui semblait devoir ne jamais se rejoindre : lanature et l'humanité (raisins / tresse), l'ivresse et la grâce (pampre / rose), la vie et la mort (berceau / bière).L'unité que l'on croyait perdue affleure dans ces formules «magiques» qui réconcilient toutes nos contradictions.Autour de mots «magnétiques» s'aimante et s'ordonne l'ensemble de l'oeuvre.

Ces paroles à la fois simples etflamboyantes contiennent une extraordinaire richesse d'idées, d'images et de sentiments.

Elles sont parfois écritespar l'auteur lui-même en italiques, ou bien elles ont une initiale majuscule.

Elles essaiment à travers les douzesonnets, qu'elles unissent dans l'entrelacement de leurs variations. L'une des caractéristiques des Chimères tient à ce perpétuel glissement des sonnets l'un sur l'autre, chacun semblant sortir des précédents et y retourner.

Le Pampre du premier poème suscite les «raisins noirs» et l'ivresseévoqués dans le second : «Myrtho» : le volcan effleuré «d'un pied agile» par la «divine enchanteresse» Myrtho seréveille dans le poème suivant, «Horus» : «Les eaux du Cocyte» dont il est question à la fin d'«Antéros», lequatrième poème, renvoient à l'Achéron de «El Desdichado» : des «dents du vieux dragon» semées dans «Antéros» naît l'image de la grotte «où ledragon vaincu dort l'antique semence» dans «Delfica».

Mais cette grotte renvoie aux vers du premier des poèmes : «J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Syrène». Ces quelques exemples permettent de saisir l'unité qui se dessine sous l'apparente variété des thèmes et lefoisonnement des allusions mythologiques.

Le syncrétisme nervalien unit en effet la Grèce antique, l'Égypte(«Horus»), l'Ancien et le Nouveau Testament («Antéros», «Le Christ aux oliviers»).

Comme les poèmes entre eux,ces allusions se répondent à travers l'ensemble de l' oeuvre.

Ces structures «en miroir» qui font se réfléchir lesdouze sonnets les uns dans les autres reflètent la pensée de Nerval. 3.

UN PARCOURS INITIATIQUE Parti de la multiplicité du réel, le poète aboutit à la découverte d'une unité secrète, dont la poésie est le seullangage possible.

Les Chimères rendent compte de cet itinéraire.

Les six premiers sonnets, de «El Desdichado» à «Artémis», résonnent tout à tour d'interrogations inquiètes et de cris d'espoir : «L'esprit nouveau m' appelle...» («Horus») «Ils reviendront ces dieux que tu pleures toujours !» («Delfica») «Roses blanches, tombez, vous insultez nos Dieux...» («Artémis») Le poète appelle de ses veux le retour aux mythologies anciennes, qui mettaient en communication l'homme etl'univers.

Le christianisme a «brisé les dieux d'argile» («Myrtho») pour peupler le ciel de «fantômes blancs»(«Artémis»).

Le contact avec la terre est perdu (argile), il ne reste qu'un ciel vide et illusoire (fantômes). Les cinq sonnets suivants, qui composent un ensemble: «Le Christ aux oliviers», proclament, par la bouche même du. »

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