Panégyrique de Saint Paul

« Dieu (Bossuet compare alors la personne de Jésus et l'Evan­ gile et fait le tableau de la prédication de saint Paul à Athè­ nes) : « de même qu'on voit un grand fleuve qui retient en­ core, coulant dans la plaine, eette force violente et impétueuse qu'il avait acquise aux montagnes d'où il tire son origine: ainsi cette vertu céleste qui est contenue dans les écrits de saint Paul, même dans cette simplicité de style, conserve toute la vigueur qu'elle apporte du ciel d'où elle descend ».

2• Faiblesse victorieuse dans les combats.

« C:'est un décret de la Providence, que pour annoncer Jésus-Christ les paroles ne suffisent pas : il faut quelque chose de plus violent pour per­ suader le monde endurci.

Il faut lui parler par des plaies, il faut l'émouvoir par du sang ...

Ainsi le Fils de Dieu, tant qu'il a prêché sur la terre, a toujours eu peu de sectateurs, et ce n'est que depuis sa mort que les peuples ont couru à ce divin Maitre ...

[En effet] il devait parler à la terre par ses divines prédications; mais il avait aussi à parler au ciel par l'effusion de son sang ...

Pour quelle raison 1 C'est que la grâce divine qui devait amollir les cœurs, devait être envoyée du ciel.

Par exemple, vous avez beau semer votre grain sur cette terre toute desséchée, vous recueillerez peu de fruit, si la pluie du ciel ne la rend féconde ...

[ Ainsi] lorsque mon Sauveur a parlé aux hommes, il a seulement semé sur la terre , et cette ingrate et stérile lui a donné peu de sectateurs : il faut donc main­ tenant qu'il parle à son père ; il faut que, se tournant du côté du ciel, il y porte la voix de son sang ».

- Cet exemple, saint Paul l'a suivi : Bossuet le prouve en racontant les sup­ plices qu'il a soufferts depuis sa conversion- et en particulier à Philippes.

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3 Faiblesse toute puissante dans le gouvernement de l'Eglise.

« Cela parait peut-être incroyable, cependant c'est unil vérité que saint Paul lui-même nous a enseignée ...

C'est que l'em­ pire spirituel, que le Fils de Dieu donne à son Eglise, n'est pas semblable à celui des rois.

Il n'a pas cette majesté terri­ ble ; il n'a pas ce faste dédaigneux, ni ce superbe esprit de grandeur dont sont enflés les princes du monde ...

Le gouver­ nement ecclésiastique, qui est appuyé sur la charité, n'a donc rien d'altier ni de violent : son commandement est modeste, son autorité est douce et paisible "· C'est ainsi que gouverne saint Paul : Quis infirmatur, dit -il, et ego non inflrmor? Il est comme le cœur de l'Eglise : " tous les maux qui y sont se réfléchissent sur lui pour solliciter sa charité attendrie d'aller au secours des infirmes ».

La péroraison est véhémente et pratique : « Ne voulez­ vous pas, chrétiens, imiter un si grand exemple? Que d'in­ ' firmes à supporter, que d'ignorants à instruire, que de pau­ vres à soulager dans l'Eglise !.

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Mais jetez encore les yeux. »