Paroles d'un croyant

« FÉLICITÉ-ROBERT DE A S Paroles d'un cro .

ant « Ce qui m'a décidé à publier ce livre, c'est l'effroyable état de la France et de l'Europe.

On me reprochera l'indignation avec laquelle je parle des rois, et leurs intentions que je dénonce, de se servir des ministres du christianisme pour soutenir leur pouvoir.

Mais ce sont des faits évidents.

Les dire était un devoir.

» Lettre de Lamennais à l'archevêque de Paris qui le pressait d'arrêter la publication.

Dédié « Au Peuple », Paroles d'un croyant (1834) obtint un succès foudroyant auprès de toutes les catégories sociales ; on louait le livre à l'heure dans les cabinets de lecture parisiens et il fut bientôt traduit dans l'Europe entière.

Trois mois plus tard, le pape Grégoire XVI , dans !'encyclique Singulari nos, condamne le livre « menu par la dimension, mais immense par la perversion ».

Des préceptes à l'usage des foules Q uarante-deux textes -on serait tenté de dire des psaumes -évocateurs de la dureté et de la gran­ deur de la condition humaine portent un message de paix et d'espérance aux opprimés.

Le ton est donné dans la préface:« Exercez-vous à toutes les vertus et aimez-vous les uns les autres comme le Sauveur de la race humaine vous a aimés jusqu'à la mort.» Par le biais de paraboles, Lamennais dépeint les vertus chrétiennes ; par exemple la solidarité : un groupe de voyageurs s'entraident pour écarter un rocher qui barre le passage d'un défilé ; la charité : des oiseaux donnent la becquée à des petits vautours dont la mère a été tuée, etc.

Ces historiettes à« l'éloquence naïve et sublime, parfois un peu niaise » selon Bernanos, invitent les hommes de bonne volonté à secouer leurs liens et à abattre la cité de Satan, peuplée d'êtres de ~~ meurtre, d~ rapine et de co?voitise _q~i veulent ,,.

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V1s10ns can- «Vous êtes fils d'un même père et la même mère vous a allaités.

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Un esprit évangélique ~ •' r.

rA•toillli16li t '1 \ ' face à une société matérialiste C e livre consomma la rup- ~~TiJ~~~~~~~ ture de Lamennais avec l'Église; ses liens avec celle-ci s'étaient distendus depuis la condamnation en 1832, par encyclique déjà, de son jour­ nal L'Avenir.

Lamennais s'était soumis et en avait suspendu la publication.

Ses idées li­ bérales, l'influence considérable qu'il exer­ çait alors contraignirent le Vatican à récidiver.

Défenseur des humbles, propagandiste d'une religion proche de l'Évangile, écartée de tout compromis avec le pouvoir temporel, apôtre du catholicisme social,« le seul prêtre qu'ait eu l'Europe» (La Revue des Deux Mondes) clame dans Paroles d'un croyant (que ses amis lui avaient déconseillé de publier) la révolte d'un cœur religieux contre un monde qui prétend l'être.

Ses anathèmes contre les puissants, ses discours en faveur de la fraternisation universelle, ses appels à la lutte contre l'injustice sociale em- Dessins de Carlos Schwabe pruntent la forme de paraboles -divisées en versets - destinées à être comprises par tous.

L' abbé de Lamennais dénonce les tares de la société et appelle les hommes à construire la cité de Dieu.

- « ••• chacun se contente de ce qui suffit à ses besoins.

». »