Peter Ibbetson
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
Écrivain « par hasard « puisqu'il avait fait don de son intrigue à Henry James, qui lui conseilla de l'écrire lui-même, George du Maurier ( 1834-1896), observateur attentif de la société londonienne, était avant tout un dessinateur humoristique, directeur de la revue Punch. Caricaturiste, il est pourtant devenu pour Peter lbbetson un peintre romantique.
«
«
George du Maurier,
qui rencontra
immédiatement un très
grand succès populaire,
est aussi le premier
d'une dynastie célèbre
en Angleterre puisqu'il
est le père de l'acteur
sir Gerald Du Maurier
et le grand-père de
!'écrivain Daphné
Du Maurier.
Celle-ci
lui a rendu hommage
dans le livre qu'elle a
consacré
à sa famille :
Les du Maurier.
EXTRAITS -- - ---- -
Le paradis perdu
« Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
»
Mimsey et moi avions de nombreux goûts et
de nombreuses passions en commun -la
musique
par exemple, aussi bien que les
gravures sur bois de Bewick
et la poésie de
Byron,
et les marrons rôtis et la compagnie
des animaux ;
et par-dessus tout, la mare
d'Auteuil, qu'elle préférait en automne,
lorsque les feuilles brunes
et jaunes tour
billonnaient, se poursuivaient
et fuyaient
autour de ses bords ou s'amoncelaient sur
sa surface troublée, et lorsque le vent plu
vieux et froid sifflait à travers les branches
dénudées de la forêt, sous un ciel gris
et
lourd.
Elle disait alors qu'il faisait bon être
là, en
pensant au coin de feu chez soi ; mais que
c'était encore plus agréable, rentrés
enfin à
la maison, de penser à la mare désolée que
nous venions de quitter ; en vérité, lorsque
les chauves-souris commençaient à voler au
crépuscule, il faisait bon rentrer à la mai
son
par le Bois , le parc et l'avenue, en com
pagnie d'Alfred, de Charlie, de Mimsey, de
Madge
et de Médor ; nous nous frayions
notre chemin à travers les feuilles mortes
aux teintes riches, nous dispersions à coups
de pied les belles châtaignes bien mûres, qui
éclataient hors de leur enveloppe crémeuse,
;
et nous ramas
sions çà
et là
des glands
et
des faines en
marchant.
«Un coup de
tonnerre par un
ciel bleu! Je demeurai assis,
pétrifié.
Je vis
rouge et j'eus
l'impression que
j'allais voir rouge
toute ma
vie.
,.
Voyage au pays du « rêve vrai »
Tout était comme dans la vie, aussi réel pour
nous deux qu'au temps réel où s'était passé,
avec une fraîcheur
et un charme que n'eut
jamais ce qui est périssable.
Ce n'était pas
un
rêve; c'était une seconde vie, une terre
meilleure.
Il
n'est pas nécessaire de décrire entière
ment une lune de miel remplie de telles
aventures
et qui dura pendant trois ans.
Ce
ne serait qu'un superficiel récit de voyage
par une plume maladroite.
Et quelle plume
ne faudrait-il
pas pour un tel thème ! Ce
n'était pas la simple vie, c'était
la crème et
l'essence même de la vie, que nous parta-
gions entre nous -tout le
travail
et les ennuis, les
soucis
et la fatigue étant
laissés de côté.
Le néces
saire voyage terrestre à
travers le temps
et l'es
pace d'une joie à l'autre
était remis, à moins
qu'un tel voyage ne fût
une joie en lui-même.
Par exemple, on peut
passer une heure plai
sante
sur le pont d'un
splendide paquebot qui '-- ~""'.'4-.""·-- --= -~------- __J
fend une mer tropicale de
saphir; à destination de quelque adorable île
.des Antilles ; avec un bon cigare et la plus
chère des compagnes au monde, on regarde
les dauphins et les poissons volants,
ei l'on
s'intéresse avec bienveillance
aux autres
passagers, au capitaine, à l'équipage.
Puis,
à l'heure passée et le cigare fumé, il est
agréable de fermer les yeux
et de se laisser
calmement descendre du bateau dans un
magnifique traîneau, à moitié étouffé
par de
coûteuses fourrures, d'être emmené à fond
de train le long de la Neva gelée à un bal au
palais d'Hiver.
Traduit de l'anglais par Raymond Queneau
Gallimard, 1946
«On disait qu'elle avait
été la plus grande et la
plus belle femme de
tout l'Anjou, d'une
volonté impérieuse
et d'un caractère très masculin.»
NOTES DE L'EDITEUR panthéon de nombre de surréalistes, de
Michel Leiris, d'André Breton, de
Benjamin
Péret.
» Postface à Trilby,
promesses, il devait se demander si la
« vraie vie » ne pouvait pas être parfois
celle de l'envers : cet envers du rêve qui
consolerait de l'endroit des jours.
George
du Maurier rêva donc
d'un captif et de
« Et nous voilà brusquement dépaysés.
Est
ce chez du Maurier simplicité de
l'écriture?
Ou habitude de l'observation sur le vif ?
Toujours est-il que nous croyons jusque
dans ses développements les plus
fantastiques, à l'intrigue
qu'il a imaginée.
Et
qu'il nous est soudain loisible de rêver
vrai -comme
Peter lbbetson rêvait vrai.
Rien d'étonnant après cela que l'œuvre de
du Maurier figure en bonne place au
l' Age.
»
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