Physiologie du gout
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
Originaire de l'Ain, Brillat-Savarin a mené une carrière de magistrat et est également l'auteur d'un Essai historique et critique sur le duel (1813) et de Fragments d' une théorie judiciaire (1814 ). Mais c'est avec la Physiologie du goût qu'il connut le succès, alors qu'il avait atteint les soixante et onze ans, succès dont il ne profita pas puisqu'il mourut l'année où son livre fut publié, en 1826.
«
« A voir une juste
proportion
d'embonpoint,
ni trop ni peu, est pour les femmes l'étude
de toute leur vie.
»
EXTRAITS
Brillat-Savarin analyse dans ce passage
le pouvoir du « régime ichtyaque »
et dans quelle mesure l'ingestion de
poisson éveille, malgré soi,
le sens
« génésique », c'est-à-dire « l'instinct
de la reproduction
» chez les deux sexes
(on parlerait
aujourd'hui de pulsion
sexuelle)
Le sultan Saladin, voulant éprouver jusqu'à
quel point pouvait aller la continence des
derviches, en
prit deux dans son palais, et
pendant un certain espace de temps les fit
nourrir de viandes les plus
~ succulentes.
;~ Bientôt la trace des
sévérités
qu'ils
avaient exercées
sur eux-mêmes
s'effaça,
et _leur
embonpoint com
mença à reparaître.
Dans cet état , on
leur donna
pour
compagnes deux oda
lisques
d'une beauté
toute puissante, mais
elles échouèrent dans
leurs attaques les mieux dirigées, et les deux
saints sortirent d'une épreuve aussi délicate,
purs comme le diamant de Visapour.
Le sultan les garda encore dans son palais,
et,
pour célébrer leur triomphe, leur fit faire
pendant plusieurs semaines une chère égale
ment soignée, mais exclusivement en poisson.
A peu de jours, on les soumit de nouveau au
pouvoir réuni de
la jeunesse et de la beauté ;
mais cette fois la nature
fut la plus forte, et
les trop heureux cénobites succombèrent ...
étonnamment.
L'auteur nous explique en quoi
la cuisine est
le plus ancien des arts
La cuisine est le plus ancien des arts, car
Adam naquit à jeun, et le nouveau-né, à
;
peine entré dans ce monde, pousse des cris
qui ne se calment que sur
le sein de sa nour
rice.
C'est aussi de tous les arts celui qui nous a
rendu le service
le plus important pour la
vie civile ;
car ce sont les besoins de la
cuisine qui nous ont appris à appliquer le
feu,
et c'est par le feu que l'homme a
dompté
la nature.
Quand on voit les choses
d'en haut, on peut
compter
jusqu'à trois espèces de cuisine :
La première,
quis' occupe de la préparation
des aliments , a conservé
le nom primitif;
La seconde s'occupe à les analyser et à en
vérifier les éléments : on
est convenu de
l'appeler chimie.
Et la troisième, qu'on peut appeler cui
sine de réparation, est plus connue sous
le nom de pharmacie.
Si elles diffèrent par le but, elles se tiennent .
par l'application du feu, par l'usage des
fourneaux et par l'emploi des mêmes vases.
Ainsi, le
même morceau de bœuf que le
cuisinier convertit en potage et en bouilli,
le
chimiste s'en empare pour savoir combien
de sortes de corps il
est résoluble, et le
pharmacien nous
le fait violemment sortir
du corps, si
par hasard il y cause une indi
gestion.
« Cette pratique du
jeûne, je suis forcé de le dire, est singulièrement
tombée en désuétude.
»
NOTES DE L'EDITEUR Savarin de Thierry · Boissel, Paris, Presses
.de la Renai ssance, 1989.
chose,
ne jamais finir ce que
l'on a
commencé, ne pas lire la page que
l'on
voulait lire.
Ajoutons à ces secrets les
charmes impondérables de l'esprit et de la
langue de ce
" siècle " à part qui s'étend de
17 80 à 1825 sans être ni le xvme ni le
XIXe, tout en étant dans les deux, source
d'œuvres aussi opposées de matière, mais
sem blables littérairement, que Du
Pape, les
pamphlets de Courier ou Racine et
Shakespeare.
» La Ph ysiologie du goût de
Brillat-Savarin , présentation de Jean
François Revel,
Paris, Flammarion, 1982.
« Quoique sa stature presque colossale lui
donnât en quelque sorte
l'air du tambour
major de la Cour de Cassation , il était
" grand homme '' d'esprit...
Depuis le
XVIe siècle, en dehors de
La Bruyère et
de
La Rochefoucauld, aucun prosateur n'a
su donner à la langue française un tel
relief ...
Sa Physiologie du goût est
devenue aussi célèbre que la
Comédie
humaine.
» Honoré de Balzac , dans Brillat-
« Brillat-Savarin échappe comme le
mercure.
C'est un bavard, le bavardage est
chez lui un vice, un vertige.
Anecdotier
incapable de se refréner, il ne trouve pas de
fait assez menu qui ne l'arrête, pas de détail
hors de propos, si minime soit-il, qui ne
l'attire invinciblement.
Toute trivialité lui
est bonne, du moment qu'elle l'écarte de
son sujet.
C'est à sa manière qu'il faut le
lire : il faut toujours chez lui dériver
à autre
1 Rog er-Vi o llet 2, 3, 4 , 5 illu str ation s de fo se ph Hémard , éd.
L a Boé tie, Bru xe lles, 1947.
BRILLAT-SAVARIN 02.
»
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