Poésies de Jules Laforgue
Publié le 05/04/2013
Extrait du document

Le décadentisme est un mouvement littéraire né autour de 1880. Héritiers du romantisme, ses tenants sont persuadés que la civilisation se trouve sur le déclin. « Hydropathes «,«Hirsutes« ou « Zutistes «, ils cultivent, avec une certaine autodérision, des poses maniérées et un pessimisme névrotique. Les principaux recueils poétiques de Laforgue sont : Les Complaintes (1885), L'imitation de Notre-Dame la Lune (1886), les Moralités légendaires (contes philosophiques, 1887, posth.), et Derniers vers (1890, posth.).

«
«Tu n'es plus qu'un tombeau qui promène
au hasard les dépouilles
sans nom ...
»
Complainte de Lord Pierrot
Au clair de la lune,
Mon
ami Pierrot,
Filons,
en costume
Présider là-haut
Ma cervelle
est morte,
Que le Christ
l'emporte !
Béons à la Lune,
La bouche en zéro.
Solo de Lune
Je fume, étalé face au ciel,
Sur l'impériale de la diligence,
Ma carcasse
est cahotée, mon âme danse
Comme un
Ariel;
Sans miel, sans fiel, ma belle âme danse,
Ô routes, coteaux, ô fumées, ô vallons,
Ma
belle âme, ah! récapitulons.
Nous nous aimions comme
deux fous,
On s'est quitté sans en parler,
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Une œuvre de refus, dont le fondement et
le couronnement furent le refus de soi
même, qui prit, astucieusement, les formes
du dilettantisme, de la jonglerie verbale et
d'une désinvolture passionnée: Laforgue,
qui fut témoin et se rêva martyr, ne se
voulut pas révolutionnaire.
A travers ses
poésies les plus individuelles,
je perçois le
changement
d'un siècle en rumeur.»
Pierre
Reboul, Laforgue, Hatier, 1960.
EXTRAITS -------~
L'impossible
Je puis mourir ce soir! Averses, vents, soleil
Distribueront partout
mon cœur, mes nerfs, mes moelles.
Tout sera dit
pour moi! Ni rêve, ni réveil.
Je n'aurai pas été là-bas, dans les étoiles!
En tous sens, je le sais, sur ces mondes lointains,
Pèlerins
comme nous des pâles solitudes,
Dans la douceur des nuits tendant vers nous les mains,
Des Humanités sœurs rêvent par multitudes!
Oui! des frères partout! (Je le sais,je le sais!)
Ils sont seuls comme nous.
-Palpitants de tristesse,
La nuit, ils nous font signe ! Ah ! n'irons-nous jamais ?
On se consolerait de la grande détresse !
Un spleen me tenait exilé,
Et ce spleen me venait de tout .
Bon.
Ses
yeux disaient : « Comprenez-vous ?
«Pourquoi ne comprenez-vous pas ? »
Mais nul n'a voulu faire le premier pas,
Voulant trop tomber ensemble
à genoux.
(Comprenez-vous ? )
Où est-elle à cette heure ?
Peut-être qu'elle pleure ...
Où est-elle à cette heure ?
Oh! du moins, soigne-toi, jet' en conjure!
Ô fraîcheur des bois le long de la route,
Ô châle de mélancolie, toute âme est un peu aux écoutes,
Que ma vie
«J'aime, j'aime de tout mon siècle ! »
Fait envie!
Cette impériale de diligence tient de la magie .
« Les mélanges des vocabulaires, leurs
interférences, leurs irruptions qui font
interruption, l'accent faubourien coupant
l'accent tragique, les rythmes sautillants
rompant les cadences graves ou le
balbutiement de l'articulation, cela va
avec l'aparté qui saute dans le dialogue,
l'incohérent dans la logique, l'ironie dans
la naïveté, le concret dans l'abstrait, la
réalité la plus usuellement médiocre dans
l'idéal.
Comme le danseur improvisé sous
la pluie d'Elseneur, la philosophie trébuche
...
et se casse le nez contre terre.
»
Marie-Jeanne Durry, Jules Laforgue,
Seghers, 1959.
«Malgré son air mortellement moqueur,
on le découvre naïf, sensible comme un
enfant, doux, primitif et simple, bon
supérieurement et clair.
L'esprit et la
blague ne sont chez lui que des masques.
»
Emile Verhaeren.
1 Jules Laforgue par Franz Skarbina (1885) / Harlingue-Viollet 2, 3, 4 Giraudon LAFORGUE02.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Jules LAFORGUE : Poésies
- Jules LAFORGUE: Poésies (Résumé & Analyse)
- COMPLAINTES (Les) Jules Laforgue (résumé & analyse)
- COMPLAINTES (Les). (résumé & analyse) de Jules Laforgue
- DERNIERS VERS de Jules Laforgue (résumé & analyse)