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Port Royal de Sainte Beuve (analyse et résumé)

Publié le 15/09/2015

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« ce sont des contre-Provinciales ». Puis, ce fut la série des chefs-d’œuvre dramatiques. « L’unité, la beauté de l’ensemble chez Racine se subordonne tout. Dans les moments même de la plus grande passion, la volonté du poète, sans se laisser apercevoir, dirige, domine, gouverne, modère. Il y a le calme de l’âme supérieure et divine, même au travers et au-dessus de tous les pleurs et de toutes les tendresses. » Est-ce d’ailleurs le drame unique ? est-ce le style unique ? Non peut-être, puisqu’à l’étranger il y a Shakespeare, voilà pour le drame, et puisqu’en français même il y a Molière et La Fontaine, voilà pour le style. « Tout en reconnaissant que, dans une certaine zone habituelle tempérée et moyenne, le style de Racine ne saurait sans inconvénient cesser de prévaloir, de faire comme le milieu ou le lien de tout langage poétique français ; en sentant combien il est heureux, quand on se trouve à même des belles eaux du style racinien, d’y savoir naviguer, d’y pouvoir courir, et de battre avec art cette surface à peine blanchie, d’une double rame cadencée, je ne pourrais admettre qu’il n’y ait que cela à faire, et que, hors de ce large et beau canal, il n’y ait point de voie et de salut en français pour le style du poète. » Racine, converti, réconcilié avec Port-Royal, n’a plus que deux dévotions : Port-Royal, qu’il sert de son mieux, et Louis XIV. Il a renoncé au théâtre ; mais invité à la poésie sacrée, il écrit Esther,

nce l’ami littéraire de Port-Royal », et qui, à ce titre, mérite d’être étudié ici. Quand Boileau, «le bon sens pratique armé et incorruptible », parut, deux grands défauts infestaient la littérature du temps : le précieux et le burlesque. Mais déjà Molière et Pascal avaient porté de rudes coups au mauvais goût régnant. Boileau est leur élève à tous deux et leur continuateur. Sur ce terrain, il se rencontrait aisément avec Port-Royal. Mis en relations avec Arnauld par M. de Lamoignon, il adressait à l’ardent controversiste son épître sur la Mauvaise honte. Comme dans ses autres œuvres, il y « procède volontiers par morceaux, par couplets ; cela est sensible à la lecture. Il est un poète de verve, mais d’une verve courte et saccadée, non continue. On distingue les pauses. Les transitions lui coûtaient beaucoup. Il ne rejoint pas toujours très exactement ces morceaux successifs ni par d’assez habiles soudures ». Arnauld goûtait fort Boileau ; il approuva la satire des Femmes. Les derniers écrits du poète sont tout imprégnés d’une sorte de jansénisme poétique. « Il mourut le plus ami des Jansénistes, le plus janséniste de ceux qui ce l’étaient pas 1. »

 

Avant d’en venir « pour couronner Port-Royal » à Racine, Sainte-Beuve va s’attarder assez longuement auprès d’un homme qui « n’a pas été préci

Même pour de simples curieux, écrit à ce propos Sainte-Beuve, et qui n’ont garde de vouloir être autre chose, c’est un singulier spectacle et bien digne d’intérêt, que cette lutte d’Arnauld contre Malebranche. Vieil Entelle aux bras noueux, armé du ceste et de toutes ses lanières pesantes, il étreint, il ramasse, il déchire le nuage lumineux contre lequel il combat et qui prétend se continuer avec le ciel. Il le pulvérise autant qu’on peut pulvériser un nuage lumineux ; celui-ci, dissipé et déchiré par places, se raccommode comme il peut, et, en vertu d’une certaine élasticité, se reforme à la faveur de quelque éclaircissement. Ou encore, c’est le duel du centurion romain à courte épée, contre le plus beau et le plus angélique des Éons nés de Porphyre. Quel contraste dans l’arène ! D’une part, le plus brillant et le plus glissant des corps métaphysiques, des corps incorporels ; — et de l’autre, le plus fermé, le plus musculeux et le plus chenu de ceux que Perse appelle vancosos centuriones.

 

Sans le vouloir, Malebranche ouvre la voie à une philosophie qui bouleverse le christianisme du sens commun. « Du plus haut de cette construction métaphysique, conclut Sainte-Beuve, j’entrevois déjà tout au bout Hegel et son cortège, » Arnauld fut aussi en rapports avec Leibniz : les deux hommes s’appréciaient ; mais plus ces relations devenaient fréquentes et cordiales, plus les Contrastes entre ces deux natures s’accusaient.

 

Curieux de tout, d’histoire, de droit, de linguistique, de scolastique même, de chimie et d’alchimie, de physique, de géométrie, de mécanique.

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~ de plus à une doctrine étouffée, qu'il plaisait à un esprit libre d'y transporter un moment, ct dont l'exposition n'aurait jamais eu ailleurs tant de soleil et de lumière.

Là, me disais-je, Rousseau jeune a passé ; plus tard, son souvenir ému y dé­ signait, y nommait pour jamais des sites immor­ tels.

Là-bas, Voltaire a régné ; Mme de Staël a brillé dans l'exil.

Byron, dans sa barque agile, passait et repassait vers Chillon.

Ici-même, Gibbon accomplissait avec lenteur l'œuvre historique majestueuse, conçue par lui au Capitole.

J'y viens avec mes ruines aussi : pauvres ruines de" Port­ Royal, combien modestes et imperceptibles auprès de celles de l'antique Rome ! mais c'est le cas de se répéter avec Pascal que la vraie mesure des choses ést dans la pensée.

Ici, à Lausanne encore, •mc disais-je, le mysticisme de Mm• Guyon, re­ poussé d'autre part, s'est réfugié, s'est ramifié non sans fruit, ct n'a pas tout à fait cessé de vivre; le jansénisme, son vieil ennemi, trouvera-t-il asile à côté ? Dans cette patrie de Viret, dans ce voi­ sinage de Calvin, il me semblait que c'était le lieu de tenter, s'il se pouvait, l'alliance autrefois tant imputée à Port-Royal et tant calomniée, mais de la tenter surtout à l'endroit de la fraternité chrétienne et de la charité intelligente.

Ainsi allaient mes pensées, cherchant partout à l'entour dans cet horizon et se créant à plaisir des points d'appui, des rapports de contraste ou de convenance, Aujourd'hui que, détaché de ce premier .cadre, le livre paraît dans un monde plus vaste et devant un public plus indifférent, la perspective est autre.

Je ne dirai pas qu'elle me sourit autant que la première, ce serait mentir.

Je ne dirai pas que je compte trouver pour le livre ce que j'ai obtenu. »

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