Devoir de Philosophie

QUESTE DEL SAINT-GRAAL

Publié le 28/11/2018

Extrait du document

QUESTE DEL SAINT-GRAAL. Roman en prose du xme siècle (vers 1220), l’une des trois composantes du Lancelot en prose.

 

Plusieurs romans antérieurs avaient traité le thème de la quête du Graal depuis l’œuvre inachevée de Chrétien de Troyes : mais la Queste se tient largement à l’écart de cette tradition. C’est Galaad, et non Perceval, qui deviendra roi du Graal, et l’esprit de l’œuvre est original. La matière en est la suivante : au jour de la Pentecôte, un ermite vient annoncer à la cour d’Arthur, après un

 

passage miraculeux du Saint-Vase, que la quête est ouverte. Les chevaliers se disperseront donc, laissant le roi seul avec les dames et les pucelles, à qui l’aventure est interdite. Alors commence ce qu’Albert Pauphilet appelle les épreuves : épisodes classificatoires et purificatoires. La prédestination de Galaad, son élection s’opposent dès les premières aventures aux errances d’un Gauvain comme aux vicissitudes de Perceval ou de Bohort. Partout où il arrive, Galaad (fils de Lancelot et de la fille du roi pêcheur) est accueilli comme le « chevalier désiré », destiné à achever une aventure locale ou à mettre fin à une situation insoutenable : le Mal disparaît devant lui comme jadis devant le Christ. La plupart des chevaliers, réprouvés, sont incapables de comprendre que les aventures et leur quête sont de nature mystique, ou, du moins, ils n’ont pas la force ou la conviction nécessaires pour s’élever à cette hauteur : beaucoup s’entre-tueront, et les survivants, tels Gauvain ou Hector, reviendront à la cour d'Arthur sans avoir rien trouvé. Mais le récit s’intéresse principalement aux quatre héros qui, à des degrés divers, approcheront le Graal : Galaad, Perceval, Bohort et, plus modestement, Lancelot. Le démon se dresse sur leur chemin sous des formes diverses (le plus souvent sous l’apparence d’une jeune fille), tandis que Dieu leur envoie des songes prémonitoires (à décrypter) ou des visions. A chacun de reconnaître la voie qui le conduira à la contemplation du Graal, souvent identifié à la grâce du Saint-Esprit. 

« tive, plus rarement l'allégorie descriptive.

A.

Pauphilet a pu écrire que « l'auteur compose d'abord sur le plan abstrait et traduit ensuite ».

De fait, la prolifération des détails extérieurs à toute action (les rappels de la Bible, par exemple), l'abondance des explications, des visions, laissent peu de doute sur l'importance du plan abstrait.

Son rôle est-il exclusif? Sans doute.

Même s'il est vrai que, sans ce plan abstrait, il reste un conte breton sembla­ ble à beaucoup d'autres, ce conte apparaît bancal.

Le personnage le plus vivant, Lancelot, est, comme Galaad, inconcevable sans ce plan abstrait.

Chaque épisode, cha­ que héros est élaboré en fonction de données abstraites, de nécessités didactiques.

L'enchaînement des aventu­ res, la consistance et l'évolution des personnages sont dictés par ces mêmes nécessités didactiques, par le che­ minement du sens spirituel.

Toutes les techniques tradi­ tionnelles du roman breton, toute sa thématique sont réu­ tilisées comme matériau de base du récit, matériau constamment contrôlé par le sens spirituel, qu'il ne doit jamais déborder (même dans les récits de joutes ou les errances en forêt).

C'est ce plan abstrait qui fait de la Queste le roman de la nécessité (ce qui le singularise dans la production arthurienne); c'est le modèle allégori­ que qui justifie les aventures, qui donne leur contenu aux visions, qui individualise les héros et qui appelle les explications des ermites.

La seconde originalité de l'œuvre, c'est l'inspiration cistercienne.

Elle se manifeste d'abord à travers la condamnation de 1 'amour courtois, péché qui handicape Lancelot et forme habituelle de la tentation dans le roman; à travers le rejet des comportements chevaleres­ ques (futilité, goOt du sang versé ...

); plus profondément, dans le rôle crucial que joue la confession dans le roman aussi bien que dans la pensée de Cîteaux (Lancelot tra­ verse, dans sa conversion, les sept degrés de la confes­ sion définis par Nicolas de Clairvaux), dans le rôle exhortatif que jouent moines blancs et ermites; dans les considérations théologiques, en particulier dans la doc­ trine de la grâce qui se dégage de l'œuvre entière et qui est celle de saint Bernard; enfin, à travers 1' opposition de la chevalerie « terrienne >>, vouée à tous les échecs faute de foi religieuse, et de la chevalerie « célestielle », incarnée par Galaad et ses deux compagnons : cette union de la chevalerie et de l'esprit monastique n'avait­ elle pas été chantée par saint Bernard, un siècle plus tôt, dans son De laude novae militiae, à la gloire des Templiers? Avec la primauté de l'aventure spirituelle, avec des épisiJdes qui répètent parfois des scènes de l'Écriture, la Queste pourrait presque être considérée comme l'Évangile de la chevalerie.

[Voir ARTHUR et la légende arthurienne, CONTINUATIONS.

LANCELOT (cycle de)).

BlBLIOGRAPH1E Édition.

-A.

Pauphilet.

C.F.M.A .• Paris, Champion, 2• tirage, 1980.

Traductions.

-· A.

Béguin et Y.

Bonnefoy, Paris.

Le Seuil, 1965; E.

Baumgartner.

Paris Champion.

1980.

É tudes.

-A.

Pauphil ct.

"l: wdes sur la Ques1e del S.

Graal.

Paris.

Champion.

1921: P.

Matarasso, The RedempTion ofChiva­ lry.

Genève, Drz, 1979; E.

Baumgartner.

l'Arbre e1 le Pain.

Paris, S.E.D.E.S..

1981 (indications bibliographiques très complètes).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles