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Roland BARTHES : L'Empire des signes

Publié le 24/09/2012

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Au pays de l'écriture, tout concourt à déprendre Je sens. Le vide généralisé et exhibé des systèmes et des pratiques signifiantes ne cesse de procurer au voyageur des plaisirs renouvelés. ( ... ) L' Empire des signes est "monté" comme une machine destinée à réduire, anémier et finalement décevoir le sens fort imposé en Occident à toute pratique : le rien "japonais" ne peut se dire qu'à partir d' une plénitude sémiologique que Barthes a besoin de poser. Pour éliminer le sens et sa "mécanique binaire" (marqué/non marqué), le commentateur construit le plus fort des paradigmes - ou lui obéit sans le savoir : plein/vide, et chaque rubrique de son livre compare les dégoûts suscités par l'Occident (ici) aux mérites des plaisirs japonais (là-bas)...

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« Barthes a cons truit son livre comme une alternance de textes et d'images dont il dira lui­ mêm e "Texte et images , dans leur entre la cs, veulent assurer la c ircu­ lation, l'échange de ces signifiants." Photo Bake r 1 Sipa-Pres s Le livre Le règ ne des signes R oland Barthes n'explore le Japon ni en ethnologue ni en touriste, mais en lecteur avide de signes.

Il en résulte une suite de notation s qui ne sont que la saisie d'une sémiotique géographique.

Il est question de la ville aux rues inclassées, organisées autour d'un centre vide qui serait la gare, de ses magasins, de ses loisirs (avec le jeu solitaire de la machin e à sous dite pachinko).

On y parle du Bunraku, cette marionnette qui rend le corps abstrait et qui est la superpo sition de troi s écritures, celle du geste effectué, celle du geste effectif du manipulateur et celle de la voix ; on décrit le visage théâtral masqué ou dessiné comme l'espace vide d'une écriture.

Il est question de rites : la cuisine telle une activité graphique , la nourriture aérienne et trouée, un signe vacant ; la polites se, un exercice du vide ; la violence du zengakuren, un combat effi­ cace et un agencement de signes coupés de leur sens.

Au Japon, l'espace non clôturé ne présente pourtant pas de ligne d'horizon , c'est un espace réversible et dénué de centre , occupé de visages lisses comme autant d'éte ndue s scri ptural es.

Finalement, cet empire des signes trouve sa meilleure synthèse dans le ha'tku, forme littéraire brève qui n'es t ni descriptive ni définitionnelle et qui vise au satori, cette suspension du langage propre au zen.

Ainsi, l'empire du Soleil-Levant marque l'apo­ gée du signe, mais d' un signe vide.

Du sig ne a ux s ignes B arthes, écrivant sur le Japon, réécrit et réinvente le pay s comme un vaste théâtre de signes.

Toutes les référence s seront donc picturales ou scripturales, qu' il s'ag isse de la ville, de s visages, de la cuisine ou des poème s.

L'éc rivain , réperto­ riant le Japon selon un système de signes, réalise une écriture conforme à son objet même : il ne s'agit ni d'affirmer ni d'ana ­ lyser, mais simplement d'aboutir à 1' idéal zen du satori, à savoir le vide de la parole et de la connaissance.. »

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