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SARTRE: Les Mots (Fiche de lecture)

Publié le 22/11/2010

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«J'écris toujours. Que faire d'autre ? Pas un jour sans écrire une ligne. C'est mon habitude et puis c'est mon métier.«

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« a la forme d'une autobiographie classique, retenant le lecteur par une narration sincère et vivante. C'est pourtant un récit d'enfance conforme à la philosophie existentialiste, mené rigoureusement, à la lumière derévélations et de prises de conscience ultérieures qui ont modifié le caractère de l'adulte et lui font porter unjugement critique sur son enfance.

Le narrateur explique, au moyen des théories marxiste et existentialiste,comment un enfant se voue à la littérature et y trouve l'absolu.

La lecture peut ainsi se faire à deux niveaux : unehistoire et une analyse. Le principe de départ est l'affirmation de la liberté de l'homme ; l'homme est libre, mais il a peur de sa liberté et lafuit dans des conduites de mauvaise foi, cherchant des issues possibles qui s'offrent à lui suivant la situation danslaquelle il est placé, ce que Sartre appelle des «comédies» : «Vermine stupéfaite, sans foi, sans loi, sans raison ni fin, je m'évadais dans la comédie familiale, tournant,courant, volant d'imposture en imposture.» Prenant son propre cas, il nous montre comment il a endossé successivement les rôles que lui proposait sa famille,celui de l'enfant prodige, puis celui de l'écrivain. 2.

UNE ENFANCE PARMI LES LIVRES Première partie: lire.

La mort de son père, lorsque Jean-Paul a deux ans, est le fait primordial de son existence et prépare en lui un homme libre : «Eût-il vécu, mon père se fût couché sur moi de tout son long et m'eût écrasé.» Samère, Anne-Marie Schweitzer, revient vivre dans sa famille, dominée par le grand-père, Charles, protestant, alsacienet universitaire.

D'un physique fragile et ingrat, l'enfant est élevé en vase clos. «On me laissa vagabonder dans la bibliothèque, et je donnai l'assaut à la sagesse humaine [...] C'est dans leslivres que j'ai rencontré l'univers.» Sartre se décrit sans complaisance, participant à la «comédie familiale», à la «comédie de la culture», à la «comédiedu bien» que jouent, d'après lui, ces honnêtes gens : «J'étais en représentation».

Heureusement il y a les livres, quisont les compagnons de cet enfant solitaire ; lectures classiques et sévères de la bibliothèque du grand-père,lectures moins sérieuses proposées par la mère ; l'enfant mène ainsi une double vie, entre ses lectures clandestineset les leçons de son grand-père.

Mais, lassé de donner la réplique aux grandes personnes, «l'enfant gâté s'ennuiecomme un roi».

Pour le distraire, sa mère lui fait découvrir le cinéma à ses débuts, ou le conduit au jardin duLuxembourg ; c'est là qu'il mesure la distance qui le sépare des autres enfants: «J'avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs et leur indifférence me condamnait.» Ainsi l'écrivain ne flâne pas dans ses souvenirs d'enfance ; il ne perd pas de vue son projet et cerne avec précisionce sentiment d'être «de trop» qu'il analysait dans La Nausée. Deuxième partie: écrire.

La découverte précoce de l'écriture, préparée par la pratique intense de la lecture, est «l'imposture nouvelle qui changea ma vie [...}Ecrivant, j'existais, j'échappais aux grandes personnes.» Son grand-père s'empare alors de ce don et dessine, pour cet enfant de onze ans, «un avenir plus réel que le présent» : il sera écrivain et professeur de lettres.

Sa vocation est ainsi déterminée entre l'été 1914 et l'automne 1916.

D'abordmodeste et désabusé : «J'acceptai la carrière appliquée d'un écrivain mineur», puis enthousiaste et ambitieux : «Jen'écrirai pas pour le plaisir mais pour tailler ce corps de gloire dans les mots», Sartre assume sa vocation d'écrivain.Le bilan que fait l'adulte en fin du livre le prouve bien : «J'écris toujours.

Que faire d'autre ? Pas un jour sans écrire une ligne.

C'est mon habitude et puis c'est mon métier.» La fin des Mots annonçait une suite qui ne fut jamais écrite.

On peut lire d'autres textes de Sartre dans une perspective biographique, ses Carnets, ses lettres et les nombreux entretiens qu'il eut avec les journalistes.

Les Mots est un récit d'une grande intensité dramatique, qui évite le détail gratuit ; le ton toujours incisif, les sous- entendus ironiques montrent bien que l'entreprise de Sartre n'est pas de ressusciter le passé de façon nostalgique,mais d'en dégager le sens.

Le texte est clos sur lui-même et interdit toute autre interprétation que celle de Sartresur sa propre enfance ; névrose ou vocation ? Sartre a refusé l'explication psychanalytique.

En prenant sa viecomme objet d'une recherche lucide et exigeante, il a renouvelé de façon magistrale le genre de l'autobiographie.. »

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