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SATIRES de Boileau

Publié le 11/05/2019

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SATIRES, ensemble de 12 poèmes de Boileau (1666-1668 ; 1694-1705). Les neuf premières satires publiées par leur auteur pour dénoncer une édition pirate probablement imprimée à Rouen en 1665 datent de la jeunesse du poète : le Départ du poète, la Rime et la Raison (à Molière), le Repas ridicule, les Folies humaines (à l'abbé La Mothe Le Vayer), la Noblesse (à Dangeau), les Embarras de Paris, le Genre satirique, De l'Homme, À mon esprit. Dans ces pièces, imitées d'Horace et de Juvénal, Boileau dénonce les mœurs du temps, mais certaines, notamment la deuxième, la troisième et la septième, ont un caractère plus littéraire et attaquent Chapelain, Scudéry et les auteurs à la mode. Boileau reviendra à la satire avec Sur les femmes ( 1694), qui indigna le parti des Modernes, Sur l'honneur ( 1698) et Sur l'équivoque (1711), qui marqua l'intervention du poète vieillissant dans la querelle qui partageait alors la France entre partisans et adversaires des jésuites.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Boileau Satires En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse.

L'un meheurte d'un ais1 dont je suis tout froissé; Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé.

5 Là, d'un enterrement lafunèbre ordonnance D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance; Et plus loin des laquais l'un l'autre s'agaçant,Font aboyer les chiens et jurer les passants.

Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage; 10 Là, je trouve unecroix2 de funeste présage, Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison En font pleuvoir l'ardoise et la tuile àfoison.

Là, sur une charrette une poutre branlante Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente; 15 Six chevauxattelés à ce fardeau pesant Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant; D'un carrosse en tournant il accroche uneroue, Et du choc le renverse en un grand tas de boue : Quand un autre à l'instant s'efforçant de passer, 20 Dans lemême embarras se vient embarrasser.

Vingt carrosses bientôt arrivant à la file Y sont en moins de rien suivis de plusde mille; Et, pour surcroît de maux, un sort malencontreux Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs; 25Chacun prétend passer; l'un mugit, l'autre jure.

Des mulets en sonnant augmentent le murmure.

Aussitôt centchevaux dans la foule appelés De l'embarras qui croît ferment les défilés, Et partout des passants enchaînant lesbrigades, 30 Au milieu de la paix font voir les barricades.

On n'entend que des cris poussés confusément : Dieu, pours'y faire ouïr, tonnerait vainement.

Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre, Le jour déjà baissant, etqui suis las d'attendre, 35 Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer, Je me mets au hasard de me faire rouer.

Je saute vingt ruisseaux,j'esquive, je me pousse; Guénaud3 sur son cheval en passant m'éclabousse, Et, n'osant plus paraître en l'état où jesuis, 40 Sans songer où je vais, je me sauve où je puis. Satires, VI 1.

Désigne une poutre.

— 2.

Croix indiquant la présence d'ouvriers travaillant sur les toits.

- 3.

Médecin connu alors.Il se déplaçait à cheval.. »

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