SCENE DE LA FORET de Robert Schumann

Composition pour piano, opus 82, de Robert Schumann (1810-1856), publiée en 1848-1849. C’est une brève « suite » (9 morceaux inspirés par des scènes de campagne et de forêt), véritable introduction à l’art du musicien. Il faut se rapporter à la ferveur du mouvement romantique et au rôle qu’y jouait le concept de nature : l’égocentrisme de Fichte, qui subordonne la nature au moi, et l’animisme de Schelling, qui voit dans la nature un esprit infini, sont les forces opposées qui se disputent la suprématie de l’âme romantique et qui cherchent dans l’art une conciliation chimérique, en opposant le fini du moi à l’infini du tout. Il s’agit donc d’un retour passionné vers la nature, d’une interrogation angoissée pour forcer ses secrets et découvrir son âme, son langage. Un programme esthétique en somme, qui confine à la métaphysique, mais dont le premier fruit est de balayer toute trace de réalisme. C’est tout cela qu’on peut relever dans les Waldszenen de Schumann. Le prologue, « Entrée dans la forêt, est tout imprégné de joie souriante et douce, - joie d’interroger la nature et d’en recevoir une réponse, - mais aussi est envahi d’une sensation de bien-être, de détente, telle qu’en éprouve le citadin qui s’aventure dans la paix de la campagne.