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SENTIMENT TRAGIQUE DE LA VIE (Le) de Miguel de Unamuno

Publié le 07/11/2015

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unamuno

 

 

 

Œuvre de Miguel de Unamuno (1864-1936), publiée en espagnol en 1914. Cet essai sur l’angoisse religieuse du monde moderne et de l’homme éternel, - livre capital du grand philosophe espagnol, -ne rappelle en rien par sa forme les traditionnels traités de métaphysique ou de religion : tout y sort du cœur, de l’âme, on n’y suit pas l’enchaînement d’une pensée logique, mais le rythme d’un jaillissement intérieur, des besoins instinctifs d’un homme qui, simplement, ne veut pas mourir. Il n’est pas d’expression plus totale d’un certain catholicisme hispanique, à la fois Adèle et adorant, et sans cesse aux limites de l’hérésie, qui nomme ses autorités bien moins chez les docteurs de l’Église que chez les mystiques universels, les métaphysiciens du fond de l’âme, du « geniüt », et surtout chez Cervantès : ce sentiment tragique de la vie est à la base du « quichottisme », tel qu’Unamuno l’a exposé dans sa Vie de Von Quichotte et dt Sancho Pança. Le point de départ de l’auteur est aussi celui de Pascal, de Kierkegaard, de Nietzsche : l’homme concret, inséparablement chair et esprit, désir et connaissance, l’homme qui possède une destinée exceptionnelle unique, affronté à la souffrance, à la joie, à la mort. Non pus l’homme affectif, au détriment de l’homme raisonnable, mais l’homme affectif autant que l’homme raisonnable. Unamuno reprend le grand thème de Nietzsche : il n’y a pas une philosophie, il n’y a que des philosophes. Chaque conception du monde naît du plus intérieur et du moins communicable de la personnalité : ainsi la philosophie se trouve être plus proche de la poésie que de la science. Elle doit exprimer l’aventure individuelle, dans le temps et devant l’éternité, et seulement cela :

 

« Notre philosophie, c’est-à-dire notre manière de comprendre ou de ne pas comprendre le monde, jaillit de notre sentiment même de la vie ». Même une pensée d’apparence toute impersonnelle, comme le kantisme, ne serait rien sans son auteur. Ce qui importe, c’est l’homme Kant : « L’homme Kant, homme de cœur et de tête, c’est-à-dire homme, reconstruit avec le cœur ce qu’il avait abattu avec la tête... L’homme Kant ne se résignait pas à mourir tout entier. Et c’est pour cela qu’il fit ce saut, le saut immortel de l’une à l’autre critique ». Les professeurs rédigent des histoires de la philosophie, alors qu’il n’y a que des aventures, des destinées de philosophes.

 

Quel est ce sentiment tragique, à l’origine de toute philosophie ou religion, commun à tous les êtres, et pourtant exprimé par chacun d’une manière unique ? Unamuno répond : le besoin immortel d’immortalité, le combat éternel de tout homme pour ne pas mourir. Certains génies, dont Unamuno se sent le frère, ont eu le courage de laisser tout crûment s’epancher ce besoin : l’œuvre d’un Nietzsche, d’un Leopardi, d’un Rousseau, d’un Pascal, d’un saint Augustin, d’un Marc-Aurèle, n’en est rien d’autre que le pur, déchirant miroir. C’est par rapport à ce besoin qu’il convient d’envisager le problème de l’immor-

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