SI TU RENCONTRES UN RAMIER de Georges Schehadé : Fiche de lecture

Si TU RENCONTRES UN RAMIER

Georges Schehadé. Poèmes, 1951.

Le titre de ce très bref recueil est l’incipit du premier poème. C’est une ouverture; il ne définit pas. ne limite pas le sens : l’univers poétique de Schehadé est fait d’élans purs. Si un but pouvait être atteint, ce serait «le corps et l’âme de l’enfance» (III), le séjour authentique de l’Être où la chair est esprit et l’esprit charnel, et que désigne la silhouette de l’ange. Mais il ne peut l’être ; le poème semble s’éclairer de la nostalgie d’un passé lointain, s’élancer vers lui, et le ramier est l’emblème de ce voyage immobile qui se fait dans les mots et dans le temps. Dans les mots: parfois, le paradis terrestre est qualifié d'« élégie » (VI). Il se trouve au cœur d’une langue qui en dit le regret. Dans le temps : le présent est le carrefour où se rejoignent l’avenir vers lequel le désir s’élance et le passé qu’il veut rejoindre. Le langage est toujours figuré, mais jamais l’image ne s’impose pour elle-même: elle s’ouvre vers un sens, elle se clôt dans son inachèvement. De façon comparable le vers, au sein du poème, comme le poème, au sein du recueil, constituent chacun une unité isolée, mais se prolongent dans le vers ou poème suivants. L’unité est donc à tous les niveaux inséparable de la multiplicité et la forme traduit l’effort pour saisir l’un à travers le multiple, qui est toujours un exil.