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VIE DE JÉSUS, d'E. Renan

Publié le 22/05/2019

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VIE DE JÉSUS, ouvrage historique d'E. Renan (1863). En 1862, Ernest Renan scandalisait le Collège de France, où il venait d'être chargé d'un cours sur les langues sémitiques. Au lendemain de son discours inaugural, dans lequel il évoquait le Christ (« Un homme incomparable — si grand que [...] je ne voudrais pas contredire ceux qui, frappés du caractère exceptionnel de son œuvre, l'appellent Dieu... »), le cours était suspendu. Un an plus tard, il était supprimé : la Vie de Jésus venait de paraître. C'est que cette biographie critique, inspirée des travaux d'exégètes allemands comme Strauss, qui avait également publié une Vie de Jésus en 1835, était, en France, le premier ouvrage de vulgarisation à appliquer aux textes sacrés du catholicisme une lecture scientifique. Renan, en effet, se veut semblable au « naturaliste qui décrit les transformations de la chrysalide » et qui « ne la blâme ni ne la loue » ; la méthode qu'il se veut donner, c'est celle « des hellénistes, des arabisants, des sanscri-tistes, gens étrangers à toute théologie ». Aussi, dès ce premier volume de l'Histoire des origines du christianisme (1863-1883), ampute-t-il son récit de tout miracle « par cette seule raison qu'il n'y a pas Heu de croire à une chose dont le monde n'offre aucune trace expérimentale » ; s'il les prend en compte, c'est que, comme le rappelle un titre de chapitre, Jésus se développa au sein d'un « ordre d'idée », dont la superstition participe, et qu'il est indispensable d'étudier pour comprendre la vie du Nazaréen. Mais, en dépit d'un abondant apparat critique et des nombreuses notes érudites précisant le rôle d'une institution ou tel détail de la vie quotidienne en Judée aux premières années de notre ère, la Vie de Jésus est moins l'étude historique qu'elle se proposait d'être — et qu'un siècle de recherches a périmée —, qu'une œuvre littéraire, remarquablement écrite, évocation, par l'écriture, de paysages, d'une atmosphère et, surtout, création d'une figure de « grand homme » tel que les aimait ce siècle, mais d'un « grand homme » particulier puisqu'il « commença sur le gibet la vie divine qu'il allait mener dans le cœur de l'humanité pour des siècles infinis ».

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