Le Yucatàn

« Le Yucatân aujourd'hui La péninsule Sauvage de la fédération mexicaine Exilée au sud-est du Mexique, la péninsule du Yucacln conserve son propre caractère au sein de l'Etat fédéral mexicain.

Son nom géographique prête d'ailleurs à confusion, car il désigne en fuit trois Etats enchâssés les uns dans les autres : Campêche, Yucacln, Quintana Roo.

Tributaire des réalités politiques du Mexique, la péninsule poursuit un développement économique particulier.

U ne jungle tropicale dé­ ployée sur des collines, des champs de cactus dissémi­ nés sur des plaines calcaires, une plage blanche mourant dans l'in­ digo de la mer, puis un marché caniculaire où, à côté des man­ g u es, on vend des tortues vivantes et des dents de requin.

Le Yucatan n'est qu'une péninsule du Mexi­ que, et le Mexique est immense ...

Avec près de deux million s de kilomètres carrés , ce pays possè­ de la puissance potentielle d'un vrai continent.

Sa longueur verti­ gineuse (3 080 km entre Etats­ U nis et Guatemala) , sa largeur à géométrie variable (de 215 à 2 070 km), son histoire turbulente comme son climat très marqué, semi-aride ou tropical humide, ont distribué, de manière dispa­ rate, 91 million s de Mexicains.

La seule agglomération de la méga­ lopole de Mexico totalise 25 mil­ lions d'habitants.

Par comparai­ son , sur 139 326 km ', les trois Etats de la péninsule du Yucatan ne rassemblent que 2 548 000 per­ sonnes ! La Constitution de 1857, révisée trois fois, a opté pour le système d'une R épublique fédé­ rale regroupant 31 Etats, plus le minuscule district fédéral de Mexico (1,5 km ') qui compte 8 millions d'âmes.

Au pouvoir depuis des décen­ nies, le parti majoritaire reste le Parti révolutionnaire institution­ nel (PRI).

Les élections présiden­ tielles d'août 1994 ont propulsé pour six ans à la tête du pays Ernesto Zedillo, représentant le PRI après le mystérieux assassinat de son leader Luis Donaldo Colosio.

Parallèlement, les élec­ tions parlementaires (députés et sénateurs) ont consolidé l'assise dominante du PRI dans les deux chambres.

Cependant, une longue tradition de corruption et de frau­ de électorale a accéléré l'usure d'un parti dont l'aspect révolu­ tionnaire n'a désormais qu'un lointain cousinage avec les deux enfants célèbres du pays , Pancho Villa et Emiliano Zapata , me­ neurs des révoltes paysannes du début du XX" siècle.

L'ÉNIGMATIQUE COMMANDANT MARCOS Cette situation a poussé récem­ ment, dans l'Etat du Chiapas , au sud du pays, des paysans à se révolter, mais sans exaction , der­ rière l'énigmatique «sous-com­ mandant Marcos » que les médias du monde entier ont rendu fami­ lier en le présentant dans sa tenue favorite , un treillis de combat, le 2 Les plus beaux voyages du monde YUCAT ÂN visage masqué derrière un passe­ montagne d' où émerge une pipe.

Les actuelles turbulences du Chiapas, situé en pays maya , dans l'extrême sud de la grande pénin­ sule du Yucatan , reprennent l'im­ muable argument de la cause indienne et, à ce titre, ne sont pas sans rappeler la guerre des Castes qui enflamma toute la région entre 1847 et 1902 .

li est vrai que les bénéfices des nombreux atouts économiques de la République ont toujours été assez bizarrement répartis.

Le Mexique est en effet producteur de pétrole et ses réserves , qui sont estimées à 35 milliards de tonnes, lui fournissent annuellement de confortables revenus d'environ 10 milliards de dollars.

Dans le Yucatan, les stations de forage de la société nationale, la Pemex, qui jaillissent dans le golfe au large de Campeche , ont bouleversé la physionomie de la ville et parais­ sent très prometteuses.

Mais la question primordiale réside au· jourd'hui encore dans la propriété et l'exploitation de la terre.

Les différentes réformes agraires ne sont jamais réellement parvenues à réduire le pouvoir féodal des grands propriétaires terriens (lati­ fundios), qui pèse sur les petits journaliers et sur les agriculteurs indiens, majoritaires par exemple dans la péninsule.. »