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1948: Le coup de Prague

Publié le 22/02/2012

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La prise de pouvoir en Tchécoslovaquie. Le 25 février 1948, sous la pression des milices ouvrières et celle de Moscou, le président tchécoslovaque Benes est contraint d'accepter un gouvernement soumis totalement aux communistes. En Tchécoslovaquie, depuis 1945, les communistes contrôlent tous les comités nationaux, la police et la milice.

« La crise de février 1948: la Tchécoslovaquie bascule dans le camp soviétique 12 février 13 février 20 février 21 février 22 février 23 février 24 février 25 février 27 février Découverte de l'affaire des « nominations • des commissaires Recul des communistes lors du conseil des ministres Ministres libéraux et modérés présentent Vastes manifestations organisées par les communistes Congrès du syndicat unique .

Menace de grève Découverte d'un Occupation des sièges et Le président Ben~ accepte la démission des ministres libéraux et modérés Nouveau gouvernement Gottwald, début UN COUP D'ÉTAT " ~L~GANT ,, On désigne par l'expression , parfois contestée, « coup de Prague • la prise du pouvoir par le Parti communiste en Tchécoslovaquie .

Cet événemen~ qui intervint en plein déclenchement de la guerre froide , et que l 'on a souvent rattaché à l ' expansion de la zone d'Influence de l'Union soviétique, tient une place particulière dans l'édification du « rideau de fer », qui alla~ diviser l'Europe pendant plus de quarante ans.

Contrairement à l'instauration des régimes communistes dans la plupart des pays voisins , l'•nivh •11 pouvoir dH c-•u•lstes en Tchécoslovaquie se fit sans violence réelle et sans intervention directe de l'armée soviétique.

Si la forte tradition démocratique de la République tchécoslovaque et l'enracinement ancien des communistes dans le pays peuvent expliquer le caractère paisible du renversement de régime , les acteurs du coup de février bénéficièrent aussi de conditions singulières.

Ce coup d 'État « élégant» et sans effusion de sang marqua le début de plus de quarante ans de règne du parti unique, l'organisation de procès pol~iques et la mise en place d'un contrôle de la société qui dura jusqu 'à l'éphémère explosion de liberté à la fin des années 1960 , avant de retomber sous la chape de plomb de la « normalisation • des années 1970 et 1980 .

leur démission Seconde Guerre mondiale entraînent le passage dans la clandestin~é ou la fuite de la plupart des dirigeants du Parti communiste tchécoslovaque (PCT).

Réfugiés à Moscou ou à Londres , auprès du gouvernement en exil de l 'ancien président Edvard Ben~ .

ils reprennent une place active dans les négociations politiques entamées entre les puissances alliées sur le sort de laT chécoslovaquie.

La victoire de l'Armée rouge à Stalingrad rend de plus en plus probable une libération du ter~oire tchécoslovaque par les troupes soviétiques .

C'est pourquoi , en décembre 1943, Bene~ se rend à Moscou où, en présence de Klement Gottwald , ancien secrétaire général du PCT, il signe un tra~é d'amitié soviéto-tchécoslovaque avec Staline .

Ce traité implique une alliance militaire et économique , une fois la guerre terminée .

Une autre raison , non formulée, qui pousse Ben~ à conclure cet accord est la méfiance que le peuple et la classe politique tchécoslovaques ressentent à l'égard de la France et de la Grande-Bretagne , alliés traditionnels de la Tchécoslovaquie, qui ont renié leurs engagements lors de la signature des accords de Munich , en septembre 1938 , livrant la Tchécoslovaquie aux troupes de Hitler et créant un traumatisme durable dans le pays .

LA UNIAnON DE PRAGUE, UN ENJEU snAT'tCiiQUE carrefour historique et nation industrielle située au cœur de l'Europe , la Tchécoslovaquie se révèle un enjeu stratégique dans la lutte d'influence que se livrent entre eux les Alliés , avant même la fin de la guerre .

Le 30 avri11945, Winston Churchill déclare : « La libération, par nos troupes , d'une partie aussi large que possible du terr~oire de l--------------1 la Tchécoslovaquie occidentale peut L'hlviiSlu del• Tcltécoslov•qulf par les troupes allemandes en mars 1939 et le déclenchement de la changer , radicalemen~ la situation de la Tchécoslovaquie après la guerre et influer sur celle des pays voisins .» En elfe~ rien de précis n'a été arrêté entre l'URSS et les alliés occidentaux quant au sort du pays, ni lors de la rencontre Staline­ Churchill en octobre 1944 à Moscou , ni au cours de la conférence de Yalta .

Pressés par le chef du gouvernement britannique d'occuper au plus vite Prague, les Américains refusent.

l'armée de Patton , qui se trouve à 66 km de Prague , arrête là « complot • organisé par les socialistes­ nationaux son avancée, laissant les PnlgiiOis hrsurgés , depuis le 5 mai 1945, seuls face aux troupes allemandes .

Le Parti communiste exploitera par la suite ce nouvel « abandon » des puissances occidentales.

LA CONFhENCE DE KO~ICE l'Armée rouge a pour sa part libéré la partie slovaque e~ le 3 avril 1945 , les représentants des forces politiques tchécoslovaques en exil se retrouvent à Ko~ice pour former le premier gouvernement de l'après ­ guerre.

Ce gouvernement de « Front national • réunit cinq formations qui ont en commun d 'avoir refusé la partition de la Tchécoslovaquie en mars 1939 et n'ont collaboré ni avec les Allemands ni avec le régime slovaque mis en place par les nazis.

Le nouveau gouvernement accueille les socialistes-nationaux tchèques (parti d'Edvard Bene~) .

le Parti populaire tchèque , les sociaux­ démocrates tchèques, le Parti démocrate slovaque et le Parti communiste tchécoslovaque .

Edvard Bene!, dernier président élu de la Tchécoslovaquie d'avant-guerre , demeure à son poste .

La direction du gouvernement est confiée au social -démocrate Zdenék Fierlinger.

Deux vice-présidents du Conseil, le Slovaque Vilém Sirokyet le Tchèque Klement Gottwald , communistes , sont nommés pour le seconder .

Les communistes ne sont pas majoritaires mais contrôlent huit ministères, dont l'Intérieur, avec Vi!clav Nosek.

et l'Information , avec Vi!clav Kopeay .

La conférence de Ko~ice établit un programme politique, social et économique d 'orientation socialiste, qui sera appliqué les années suivantes .

l'ESSAI D'UN MODÈLE TCHÉCOSLOVAQUE Le pays semble avoir retrouvé la situation qui était la sienne avant l'invasion allemande .

C'est une démocratie parlementaire , où l'Indépendance de la presse est effective.

Dès l'automne 1945 , Russes et Américains évacuent l'ensemble de leurs troupes du pays.

Le gouvernement de Front national applique le programme de Ko~ice , en s'appuyant sur les « comités d'action locaux >> du Front national , groupements populaires chargés de remplacer les administrations compromises par la collaboration .

Pour les observateurs étrangers , la Tchécoslovaquie libérée peut apparaître comme une synthèse entre les principes démocratiques et la mise en place d'une politique socialiste.

Abandonnant la stratégie de lutte des classes et de dictature du prolétaria~ Klement Gottwald prône une voie « parlementaire >> vers le socialisme , ainsi qu'un modèle socialiste tchécoslovaque , différent de celui de Moscou.

Pourtan~ des manœuvres sont déjà en cours au sein du Front national.

comme dans l 'unique syndica~ le ROH, dirigé par le communiste Antonin Zi!potockY.

afin de« noyauter •l'ensemble des organisations représentatives .

lEs iLEcnONS GiNiiALES DE 1946 Les élections législatives du 26 mars 1946 se traduisent par des résultats mitigés pour le PCT.

S'il arrive en tête de tous les partis, avec 38 % des voix , il ne parvient pas à obtenir la majorité absolue .

Son score est relativement élevé dans la partie tchèque (avec 40 %), mais décevant en Slovaquie , région plus rurale et traditionnellement catholique.

l'ensemble des suffrages permet cependant aux communistes de renforcer leurs positions dans le nouveau gouvernement que dirige Klement Gottwald.

Le PCT détient 114 sièges à l'Assemblée, sur un total de 300, et peut compter sur l'appui des sociaux-démocrates pour ce qui est des orientations économiques et sociales de la pol~ique à mener .

LA CIISE SLOVAQUE DE 1947 Après les mauvais scores enregistrés en Slovaquie, le PCT tente de réduire l'Influence de son rival local, le Parti démocrate .

Agitant le spectre d'un retour de la réaction profasciste en Slovaquie, il parvient à faire adopter par le Front national un accord supprimant l'autonomie pol~ique et administrative de la Slovaquie.

Le Conseil national slovaque (SNR) et le Conseil des commissaires, i gouvernement local slovaque, sont alors subordonnés au gouvernement de Prague.

Le 6 octobre 1947, le commissaire slovaque communiste chargé de l'Intérieur annonce la découverte d'un « complot» , après perquisitions effectuées chez des responsables du Parti démocrate slovaque .

GIISt.., Husik , représentant des communistes slovaques, appuyé par les chefs des syndicats, demande le départ des démocrates du Conseil des commissaires.

Il menace de démissionner avec l'ensemble des communistes slovaques .

Malgré le soutien de Gottwald, le chantage est inopérante~ le 19 novembre , le Conseil des commissaires est rétabli.

Les communistes y demeurent minoritaires .

Ce scénario est dans ses grandes lignes celui qui sera employé à Prague , en février de l'année suivante , à ceci près que ce seront les non-communistes qui, cette fois, menaceront de démissionner .

L'année 1947 est marquée par un durcissement des relations entre les alliés de la veille .

La crise sommeillait depuis quelque temps e~ le 5 mars 1946, Churchill déclare qu'un « rideau de fer • dressé par l'URSS vient de s'abattre sur le continent européen , de Stettin , sur la Baltique, à Trieste, sur l'Adriatique .

Nombre d'observateurs lui opposent que la Tchécoslovaquie reste un État démocratique indépendan~ bien que situé derrière le « rideau de fer » dont il vient de tracer les limites.

Pourtan~ en Tchécoslovaquie , la situation va rapidement se détériorer et déboucher sur une crise ouverte.

LA POunQUE D'ENDIGUEMENT Au début du mois de mars 1947, une conférence des « Quatre >> (États­ Unis, Grande-Bretagne , France, Russie) sur l'avenir de l'Allemagne se clôt sur un désaccord complet.

Le ton monte entre les démocraties occidentales et l'URSS .

En France, en Belgique et en Italie, les ministres personnes furent touchées par !'«épuration•.

100000 Tchèques ou Slovaques furent condamnés lors de procès s--Ires de 1948à 1954 .

Plus de 40000 d 'entre eux écopèrent de peines supérieures à 8 ans de prison .

Plusieurs dizaines de milliers de personnes furent envoyées dans des «eamps de trovoilforcé ».

232 condamnations à mort furent prononcées.

178 d 'entre elles furent exécutées .. »

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