1996: Des meurtres d'enfants plongent l'État belge dans une profonde crise
Publié le 21/03/2019
Extrait du document
En 1996, l'arrestation du violeur d'enfants Marc Dutroux, secoue l'opinion publique belge. Les citoyens ne font plus confiance à l'État. Des centaines de milliers de manifestants protestent contre les liens qui unissent le monde politique et la justice.
Lors de la « Marche blanche» du 20 octobre 1996 en Belgique, les citoyens réclament la lumière totale sur les meurtres imputés à Marc Outroux.
En août 1996, la police belge arrête le marchand de voitures Marc Dutroux. Celui-ci ne tarde pas à avouer qu'il est le chef d'un réseau de kidnapping. L'organisation criminelle enlevait des enfants et des adolescentes, utilisait ses victimes comme figurants dans des films pornographiques, et les vendait dans un réseau de proxénétisme. Quatre jeunes filles kidnappées en 1995 sont retrouvées mortes, tandis que deux autres ont pu être libérées vivantes d'un cachot.
Il apparaît rapidement que la police et la justice ont bâclé leurs enquêtes. Dutroux n'est d'ailleurs pas inconnu des services de police : déjà arrêté pour enlèvement de mineures, il est condamné à treize ans de prison en 1989. Mais il est libéré au bout de trois ans seulement. Il s'achète alors une maison dans le village de Sars-la-Buissière. Là, à quinze kilomètres de Charleroi, il aménage des cachots pour ses victimes et enterre les corps des jeunes filles assassinées. Des rapports sur les activités de Dutroux sont présentés à la justice dès le milieu de 1995.
Les négligences dont fait preuve la police dans ses enquêtes sont principalement dues à la structure des autorités judiciaires : lorsque leurs intérêts divergent, ces deux institutions n'hésitent pas à s'opposer. Près de 90 % de la population belge sont par ailleurs convaincus que Dutroux et ses complices ont été longtemps protégés. La colère de la population contre le milieu politique, la police et la justice, s'exprime par la « Marche blanche » organisée à Bruxelles le 20 octobre 1996 et qui réunit plus de 300000 personnes. La suspension de Jean-Marc Canna-ratte, juge d'instruction chargé de l'affaire, qui intervient avant la manifestation, avive le sentiment
d'indignation, la cour de cassation l'ayant récusé, à la demande des avocats de Dutroux, parce qu'il a participé à un repas au profit des familles de victimes. Pour de nombreux Belges, Cannarotte a été écarté en raison de sa connaissance approfondie du dossier.
le violeur d'enfants, Marc Dutroux, est arrêté en 1996.
En marge de l'affaire Dutroux, des révélations sur l'assassinat de l'homme politique socialiste André Cools, abattu à Liège en juillet 1991, ébranlent la confiance qu'avaient les Belges dans leur État. Il semblerait que Cools ait été au courant de pots-de-vin versés à son parti. Le 8 septembre 1996, l'ancien ministre Alain van der Biest, également membre du parti socialiste, est arrêté pour avoir commandité son meurtre. L'affaire prend une résonance particulière dans la mesure où plusieurs personnes impliquées ont également joué un rôledans l'affaire Dutroux.
Un comité d'enquête étudie le dossier pendant un an et demi et parvient à la conclusion, en février 1998, qu'il n'y a aucun indice d'éventuelles protections dont Dutroux aurait pu bénéficier de la part de l'État. Son procès, faute de preuves, est reporté en 2001. En mai 1998, lors d'une audience au tribunal de Neufchâteau, Dutroux, insuffisamment surveillé, parvient à s'évader. Il est arrêté trois heures et demie plus tard grâce à la vigilance d'un citoyen. Le ministre de l'Intérieur et de la Justice démissionne.
«
Lors
de la« Mar
che blanche» du
20 octobre 1996
en Belgique,
les citoyens
réclament
la lumière totale
sur les meurtres
impu tés à
Marc Outroux.
Des
meu rtres d'enfants plongent
l' État belge dans une profonde crise
En 1996, l'arrest ation du violeur d'enfants Marc
Dutroux, secoue l'opinion publique belge.
Les citoyens
ne font plus confiance à l'État.
Des centa ines de milli ers
de man ifestants protestent contre les liens qui unissent
le monde politique et la justice.
E n août 1996, la police belge
ar
rête le mar chand de
voitures Marc Dutroux.
Celui
ci ne tarde pas à avouer qu'il est le
che f d'un réseau de kidnapping.
L'or ganis ation criminelle enlevait
des enfants et des adol escentes,
utilisait ses victimes comme figurants
dans des films pornographi ques, et
les vendait dans un réseau de
proxénétisme.
Quatre jeunes filles
kidnapp ées en 1995 sont retrouvées
mortes, tandis que deux autres ont
pu être libér ées viva ntes d'un
cachot.
Il ap paraît rapidemen t que la
polic e et la justice ont bâclé leurs
enquê tes.
Dutroux n'est d'ailleurs
pas inconnu des services de police :
déjà arrêté pour en lèvement de
mineur es, il est condamné à treize
ans de prison en 1989.
Mais il est
lib éré au bout de trois ans
seule ment.
Il s'achè te alors une
ma ison dans le village de Sars-la
Bu issière.
Là, à quinze kilomètres de
Charler oi, il am énage des cachots
pour ses victimes et enterre les corps
des jeunes filles assas sinées.
Des
rapp orts sur les activités de Dutroux
sont présentés à la justice dès le
milieu de 1995.
Les néglig ences dont fait preuve
la pol ice dans ses enquê tes sont
princip alement dues à la structure
des autorités judiciair es : lorsq ue
leur s in té rêts divergent, ces deux
in stit utions n'hésitent pas à
s'opp oser.
Près de 90 % de la
population belge sont par ailleur s
conv aincus que Dutroux et ses
com plices ont été longtemps
protégés.
La colère de la population
contre le milieu politique, la police
et la justice, s'exprime par la
«M arche blanche » organ isée à
Bruxelles le 20 octobre 1996 et qui
réunit plus de 300000 personnes.
La
suspension de Jean-M arc Canna
ratte, juge d'instruction chargé de
l'affair e, qui intervient avant la
man ifesta tion, avive le sentimen t d'indigna
tion, la cour de cassation
l' ayan t récusé, à la demande des
avocats de Dutroux, parce qu'il a
participé à un repas au profit des
fa mi lles de victimes.
Pour de nom
breux Belges, Cannarotte a été
écarté en raison de sa conna issance
ap prof ondie du dossier.
le violeur d'enfants, Marc Dutroux,
est arrêté en 1996.
En marge de l'affaire Dutroux, des
révé lations sur l'assassi nat de
l'homm e politique socialiste André
Cools, abattu à Liège en juillet 1991,
ébranlent la confiance qu'avaient les
Belges dans leur État.
Il semblerait
que Cools ait été au courant de pots
de-vin versés à son parti.
Le
8 septembre 1996, l'ancien ministre
Alain van der Biest, égale ment
mem bre du parti socialis te, est
arrêté pour avoir commandi té son
meur tre.
L' affa ire prend une
rés onance particu lière dans la
mesur e où plusieur s perso nnes
impl iquées ont également joué un
rôle dans l'affaire Dutroux.
Un comité d'enquête étudie le
dossier pendant un an et demi et
parvient à la conclusion, en
février 1998, qu'il n'y a aucun indice
d'éventuelles protect ions dont
Dutroux aurait pu bénéficier de la
part de l'État.
Son procès, faute de
preuv es, est reporté en 2001.
En
mai 1998, lors d'une audience au
tribunal de Neufchâteau, Dutroux,
insuffisamment surveillé, parvient à
s'évader.
Il est arrêté trois heures et
demie plus tard grâce à la vigilance
d'un citoyen.
Le minis tre de l'Inté
rieur et de la Justice démissionne.
Des hommes
politiques
belges après 1945
19 30-1993
Baudouin 1•
Son père ayant été contraint
d'abdiqu er, accusé de colla
boration avec l'occupant alle
mand, Baudouin devient
régent en 1950.
Un an plus
tard, il est procl amé roi.
Offi ciel le ment, Baudouin
n'assume que des devoirs de
représe ntation.
Il essaie
cependant d'inter venir dans
les crises en matière de
politique intérieure.
Né en 1934
Albert Il
le deuxième fils du roi
léopold Ill devient officier de
marine, puis, en 1958, conseil
ler du royaume.
Il monte sur
le trône le 31 juil let 1993, à la
mort de son frère, le roi
Baudouin 1•.
Il devient ainsi le 19
96
sixième roi de Belgique.
Albert 11
Né en 1936
Wilfried Martens
Sur les propositions de
Wilfried Martens, la Belgique,
ju squ'alo rs Ëtat unita ire
centralisé, devient un Ëtat
fédéral.
En 1979, ce chrétien·
démo crate devient premier
min istre.
Il occupe cette
fonction jusqu'en 1991 avec
une courte interruption.
Après une cinglante défaite
électorale, il démissionne.
Né en 1938
Willy Claes
Longtemps ministre de l'éco
nomie, avec des interruptions
depuis 1973, il devien t
min istre des Affa ires étran
gères en 1992.
En 1994, ce
social-démo crate succède au
défunt Manfred Wôrner au
poste de secrétaire général de
l'OTAN.
Dès l'année suivante,
il doit démissionner à cause
d'une affaire de pots-de-v in
versés en Belgique sous son
mandat.
Né en 1940
Jean-luc Dehaene
Le confident de Wilfried
Mar tens, premier mini stre
chrétien-dém ocrate en poste
depuis longtemp s, occupe
depuis 1981 différents minis
tères.
Après le revers électora l
que subit son parti, il réussit
en mars 1992 à former une
coalition composée de chré·
tie ns-démocrates et de socia-
lis tes.
En juin 1999, il démis·
Jean-luc Dehaene
sionne après son échec aux
élections parlementair es..
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