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Alexandre Ier

Publié le 27/02/2008

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De tous les souverains qui se sont succédé sur le trône de Russie depuis la mort de Pierre le Grand jusqu'à la chute du régime tsariste, l'empereur Alexandre Ier peut être considéré comme la figure la plus complexe, la plus attrayante et la plus mystérieuse. Petit-fils de la Grande Catherine de Russie, il a été élevé dans son château de Tsarskoïe-Selo, entouré d'une société raffinée, élégante et hautement instruite parmi laquelle des émigrés français, appartenant à la haute aristocratie, jouaient un rôle prédominant. Son gouverneur, le Genevois La Harpe, lui a inculqué des idées libérales pour ne pas dire républicaines. Il a subi ensuite, sous le règne de son père Paul Ier, l'influence d'un tsar fantasque, déséquilibré, despotique, dans une ambiance de corps de garde, soumis à une stricte discipline de style prussien. Il n'a jamais réussi à réconcilier les deux tendances contradictoires qui se trouvaient à la base de son éducation. Il a participé presque inconsciemment au complot qui aboutit à l'assassinat de son père. Il est monté sur le trône en 1801 acclamé comme libérateur par toute la nation. Pouchkine, le grand poète national, a chanté " les débuts radieux du règne d'Alexandre ".    

« De tous les souverains qui se sont succédé sur le trône de Russie depuis la mort de Pierre le Grand jusqu'à la chute du régime tsariste, l'empereur Alexandre Ier peut être considéré comme la figure la plus complexe, la plus attrayante et la plus mystérieuse.

Petit-fils de la Grande Catherine de Russie, il a été élevé dans son château de Tsarskoïe-Selo, entouré d'une société raffinée, élégante et hautement instruite parmi laquelle des émigrés français, appartenant à la haute aristocratie, jouaient un rôle prédominant.

Son gouverneur, le Genevois La Harpe , lui a inculqué des idées libérales pour ne pas dire républicaines. Il a subi ensuite, sous le règne de son père Paul Ier , l'influence d'un tsar fantasque, déséquilibré, despotique, dans une ambiance de corps de garde, soumis à une stricte discipline de style prussien.

Il n'a jamais réussi à réconcilier les deux tendances contradictoires qui se trouvaient à la base de son éducation.

Il a participé presque inconsciemment au complot qui aboutit à l'assassinat de son père.

Il est montésur le trône en 1801 acclamé comme libérateur par toute la nation.

Pouchkine , le grand poète national, a chanté “ les débuts radieux du règne d'Alexandre ”.

Il attire tous les regards par sa haute stature, son port noble et suprêmement élégant, par sa grâce incomparable héritée de la Grande Catherine P055 .

Mélange de sérieux et de naïveté, à la fois généreux et vindicatif, rêveur sentimental et intrigant subtil, Alexandre “ Hamlet couronné ” manquera malheureusement de force et de fermeté.

Alexandre est doué d'un esprit souple, insinuant, ondoyant.

Il est capable de saisir promptement le fond d'un problème ; il sait pratiquer à merveille l'art des nuances.

Ouvert aux idées nobles et généreuses, ilse montre toujours “ bienveillant, aimable, désireux de rendre les hommes plus heureux ”.

Il possède à un degré peu commun le don secret d'inspirer la confiance.

L'affection semble un besoin de soncaractère ; aussi le dévouement de son entourage, l'attachement des masses populaires P010M1 lui sont acquis d'avance.

“ Notre ange ”, “ un ange revêtu de pourpre ” n'est-ce pas ainsi qu'on le désigne dans son entourage ? Mélange de qualités viriles et de faiblesses féminines, Alexandre manque toutefois de vraie profondeur.

Très infatué de sa personne, porté aux beaux gestes et aux attitudes frappantes, il se laisse facilementguider par des considérations de vanité personnelle, par la recherche d'un effet théâtral : ce n'est pas en vain que Napoléon P243 le désignera comme le “ Talma du Nord ”.

Habitué à renfermer ses pensées, il pousse la simulation à un tel degré qu'elle devient chez lui une véritable tare.

Sa vie s'usera au milieu de perpétuelles alternatives, d'illusions aveugles et de désenchantements : il courra d'une déception àune autre tout en décevant ses amis les plus fidèles.

Sa première impulsion est de s'entourer d'un comité secret que les contemporains appelleront, non sans une certaine ironie, “ Comité de Salut public ”.

Mais tous les jeunes réformateurs membres de ceconclave ne sont prêts à doter la Russie d'une Constitution qu'à condition de ne pas ébranler sa structure politique et sociale : l'autocratie et le servage devaient rester intacts.

C'est seulement par la suite,sous le ministère du grand homme d'État Speranski P2579 , que l'administration de l'Empire sera réformée et modernisée.

Mais, bientôt, l'attention d'Alexandre sera absorbée par la situation internationale profondément transformée depuis la Révolution française.

Jusqu'en 1804, Alexandre s'était abstenu du moindre gestesusceptible d'envenimer ses rapports avec la France.

Mais les empiétements de plus en plus marqués du conquérant dans la politique européenne et plus particulièrement dans les régions où la Russie se sentvulnérable (entrée des détroits et de la mer Baltique) le font changer d'attitude.

Sans mesurer toute l'étendue des risques, il renouvelle l'alliance avec l'Autriche et se fait battre, le 2 décembre 1805, sur lechamp de bataille d' Austerlitz P269M2 .

Il ne se laisse pas décourager ; il se porte au secours du roi de Prusse et subit une nouvelle défaite à Friedland, le 14 juin 1807.

Il ne lui reste qu' à composer avec son vainqueur P010M2 .

Mais la rencontre de Tilsit P010C , qui aurait dû aboutir dans l'esprit de Napoléon P243 et du tsar à un partage du monde, ne représente qu'un ajournement de haines.

De nouveaux conflits surgissent entre les deux souverains en Turquie et en Pologne, l'alliance éphémère est rompue : à l'aube du 24 juin 1812, la Grande Armée franchit le Niémen etentre en territoire russe.

Sous la pression d'un adversaire supérieur en nombre, les Russes se voient obligés, sans avoir de plan défini, de reculer à l'intérieur du pays.

Ils ne disposent que de deux cent mille hommes contre les quatrecent mille de Napoléon P243 .

Ils ne s'arrêtent que dans la grande banlieue de Moscou pour livrer la bataille de Borodino (les Français disent “ de la Moskova ”).

En dépit d'une résistance héroïque, ils ne peuvent empêcher Napoléon P243 d'entrer à Moscou mais ils lui infligent des pertes terribles, rendues irréparables à cause de la distance.

Et c'est alors que se produit un soulèvement du sentiment national.

L'invasion avait déjà provoqué l'indignation des masses populaires P010M1 .

L'incendie de Moscou E054M3 (attribué, à tort ou à raison, aux Français) et le pillage de la “ cité sacrée ” par la soldatesque font le reste.

Ce n'est pas Alexandre seul, c'est la nation entière qui se refuse à toute négociation avec l'envahisseur.

Des dons affluent parmillions, les recrues par dizaines de mille.

Dans son camp retranché de Taroutino, le généralissime Koutouzov, héros de Borodino, parvient à rétablir l'égalité de ses effectifs avec ceux de la Grande Armée.Des partisans armés de haches et de pieux empêchent le ravitaillement de la garnison de Moscou.

Napoléon P243 se voit acculé à la retraite.

Il abandonne Moscou après avoir fait mettre le feu au Kremlin.

Koutouzov lui barre la route vers les riches greniers de la Russie méridionale.

Marchant à travers des régions déjà dévastées, harcelée par les partisans, soumise aux rigueurs d'un hiver implacable, la Grande Armée se dissout complètement, après avoir failli être encerclée sur la Berezina.

Les Russesfranchissent leur frontière, s'allient aux Prussiens et aux Autrichiens et poursuivent leur marche victorieuse jusqu'à Paris, où ils font leur entrée le 30 mars 1814, à l'issue de la Campagne de France.

Mais au moment même où Alexandre a atteint l'apogée de la gloire, où il est acclamé dans toutes les capitales comme “ Agamemnon P004 des peuples ”, comme “ libérateur de l'Europe ”, un changement radical va se produire dans son caractère : il sombre dans un mysticisme romantique qui s'accentuera avec les années et le transformera en un défenseur d'un “ ordre moral teinté du plus sombreobscurantisme ”.

Désormais, Alexandre renonce à toute velléité libérale.

En politique extérieure, il devient le promoteur de la Sainte-Alliance P124M1 et, suivant les traces de Metternich P233 , le grand chancelier d'Autriche il engage une lutte contre tout mouvement libéral dans les pays occidentaux.

A l'intérieur, il renforcé la censure, introduit une stricte discipline dans les universités ; reniant toutes sesanciennes amitiés, il prescrit la fermeture des loges maçonniques.

Vers la fin de son règne, toute la Russie se trouve soumise au despotisme brutal de son confident, le général Araktcheïev P1107 .

Déçu, désabusé, il déclare à son entourage son intention de “ prendre sa démission ” au bout de vingt-cinq ans de règne.

Les femmes n'avaient jamais joué un grand rôle dans sa vie : le rôle de séducteur, d'allumeur lui avait toujours mieux convenu que celui d'amant.

Ayantlongtemps négligé sa femme, la délicieuse Élisabeth de Bade, il s'était rapproché d'elle sur le tard et, la sachant malade, il avait entrepris avec elle dans leMidi de la Russie un voyage dont il ne devait jamais revenir.

Le 2 décembre 1825, on annonça de Taganrog, petite bourgade sur les rives de la mer d'Azovoù il s'était installé, qu'Alexandre le Béni des dieux avait rendu son dernier soupir.

Le mystère plane sur cette disparition.

D'après une légende très répandue, on aurait substitué au corps du tsar celui d'un simple soldat et le monarque lui-même aurait disparu comme pèlerin dans les espaces infinis de son empire.

On aurait retrouvé ses traces au bout de longues années dans la lointaineSibérie où il vivait dans un ermitage, vénéré par la population, sous le nom de Fédor Kouzmitch.

On constate non sans étonnement que les milieux les plus habilités pour contester cette légende les membres survivants de la dynastie des Romanov P2459 sont les premiers à l'admettre comme un événement réel.

Léon Tolstoï L224 , de son côté, a déclaré : “ Même en admettant l'impossibilité de prouver historiquement l'identité d'Alexandre et de Fédor Kouzmitch, la légende garde toute sa beauté et toute sa vérité intérieure.

” Alexandre a emporté avec lui son secret : il est resté “ un Sphinx non deviné jusque dans la tombe ”.. »

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