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Alexandre le Grand

Publié le 27/02/2008

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Alexandre a voulu survivre dans la mémoire des hommes. Jusqu'en Inde, il a emmené des secrétaires historiographes. Les journaux qu'ils tenaient et que Plutarque lisait encore (Vie d'Alexandre, 23 et 46 ) ne nous sont malheureusement parvenus qu'à travers les mises en oeuvre et les citations qu'en ont faites les auteurs antiques de biographies édifiantes. En sorte que c'est un Alexandre de légende que nous abordons dans Plutarque, dans Arrien, dans Quinte-Curce et même dans l'impassible Diodore lorsque celui-ci, perdant la source du parti des Perses qu'il exploitait jusqu'à la dernière défaite de Darius, passe aux faits postérieurs. Plutarque critique cette vision hyperbolique et quasi hagiographique des choses dont, dit-il, se moquait déjà le poète comique Ménandre ­ et pourtant Plutarque, lui aussi, héroïse Alexandre. Au contraire, c'est un tyran, destructeur de la liberté des Grecs, qu'évoquent, indignés, un Démosthène ou un Hypéride, contemporains certes d'Alexandre, mais trop engagés dans un monde traditionnel pour percevoir que celui qu'ils tiennent pour l'ennemi mortel des cités fonde l'avenir.

« Chance encore, pour la portée scientifique de son expédition d'avoir eu pour maître Aristote qui avait dû lui inculquercette curiosité d'encyclopédiste qui fit de lui un rabatteur d'informations géographiques, ethnographiques,zoologiques et astronomiques qui donnèrent son impulsion à la science hellénistique. Et même, chance peut-être d'être mort jeune, au moment où s'annonçaient les défections, où allait se révélerl'immense difficulté de s'arracher aux modèles d'organisation à petite échelle fournis par les cités et le royaume deMacédoine pour concevoir, au-delà du modèle imparfait de l'empire Perse, un grand ensemble unifié au moment, ensomme, où plus rien ne relèverait de la chance. Mais il est temps de voir à présent Alexandre à l'action dans les batailles où se conjuguent la chance et la valeur.Car il passa onze des douze années de son court règne hors de la Macédoine, qu'il quitta au printemps 334 av.

JCpour ne plus y revenir.

Il s'était fait confier par la Ligue de Corinthe la mission de libérer les Grecs d'Asie.

" Libérer ",c'était faire entrer de gré ou de force, dans l'alliance grecque, des cités qui ne se sentaient pas nécessairementopprimées par les Perses.

Pour leur faire accepter cette " libération ", il fallut souvent y renverser le parti aupouvoir.

Ce devait être aussi une guerre de représailles, inspirée par les rancunes du passé.

La Ligue de Corinthe neconcevait rien d'autre.

Alexandre avait-il, dès le départ, des plans plus ambitieux ? Nul ne le saura jamais.

Sapremière victoire déclencha une réaction en chaîne, qui l'a poussé à la conquête. Au moment où il met le pied sur la terre d'Asie, à Troie, son premier acte est, bien entendu, de sacrifier aux dieux.Mais il règle le style de cette cérémonie et il en choisit les bénéficiaires de manière à signifier qu'il est de la lignéed'Achille et que celui-ci est son patron et son modèle.

C'est une nouvelle Iliade qu'il entend ranimer et aussi bien,selon Plutarque (Vie d'Alexandre, 8 ), qui dit tenir ce détail d'Onésicrite, avait-il, dans ses bagages, un exemplaire del'épopée homérique en une édition corrigée par Aristote. Le soir du quatrième jour, après ce prestigieux débarquement, Alexandre, que son armée a rejoint, est au bord duGranique.

Vingt mille cavaliers perses et vingt mille mercenaires grecs au service de la Perse, massés sur la riveorientale du fleuve sont prêts à lui en interdire le passage.

Du côté des Perses, l'amiral grec Memnon de Rhodesvoudrait qu'on fît le vide et que la flotte Perse qui est en fait celle des villes grecques côtières et des Phéniciens-attaquât la Macédoine pour forcer Alexandre à retourner en Europe au secours de son royaume.

Par fierté, lesPerses refusent ce recul initial que leur propose un Grec et c'est la chance du Macédonien.

Du côté des conseillersd'Alexandre, Parménion voudrait attendre avant d'engager le combat.

Le jeune roi passe outre et c'est là que savaleur seconde sa chance.

Au Granique, en effet, il inaugure une tactique qui sera celle de toutes ses batailles :une action foudroyante au service d'un risque majeur.

Il passe le fleuve et va combattre sur la rive même où setrouvent les Perses, se coupant ainsi toute retraite et étant acculé à vaincre.

La soudaineté et l'audace de lamanœuvre sont si étonnantes que la cavalerie Perse fuit en désordre, tandis que les mercenaires grecs au servicede Darius se laissent massacrer ou capturer. L'effet moral de la victoire du Granique est tel que Sardes et Éphèse se rendent sans coup férir.

Milet, sous lesordres de Memnon de Rhodes, entreprend de résister : elle est emportée en juillet 334 av.

JC.

La résistanced'Halicarnasse n'arrête pas Alexandre qui en confie la réduction à Ptolémée.

La flotte licenciée, il avance, tandisque, derrière lui, ses généraux reçoivent la soumission des peuples d'Anatolie.

Au rythme fulgurant d'une progressionen tenailles successives et tout en exploitant des rivalités politiques intérieures, il fait tomber les places fortes de lacôte méridionale de l'Asie Mineure. Au cours de l'automne 333 av.

JC, la bataille d'Issus lui livre l'entrée de la Syrie.

Comme toujours, fonçant au centrede la mêlée, il avait su éviter l'encerclement.

Ce fut un désastre pour Darius qui, dans sa fuite, abandonna sa mère,sa femme, son enfant, ses trésors.

Les historiens antiques, qui aiment les scènes pathétiques, se sontcomplaisamment étendus, ici, sur la générosité du vainqueur. Dépassant déjà le programme de revanche conçu par la Ligue de Corinthe, ce succès éloigne Alexandre de la Grèceet y suscite des espoirs qui s'expriment en mouvements anti-macédoniens, dont le roi de Sparte, Agis III, prend latête, tandis que Démosthène, prédit la défaite finale du conquérant. Derrière celui-ci, la flotte gréco-phénicienne au service de la Perse peut encore harceler ses communications avecle monde égéen où il devra recruter des mercenaires si sa campagne continue.

Il faut donc enlever à cette flotte lesbases possibles de Sidon et de Tyr.

Aussi, renonçant à poursuivre Darius, Alexandre va-t-il prendre la route du Sud.Arados, Byblos et Sidon lui ouvrent leurs portes, mais Tyr résiste sept mois, de janvier à août 332 av.

JC.

Enlevéede haute lutte, huit mille Tyriens sont massacrés et trente mille sont vendus en esclavage, ce qui a dû perturber, enGrèce, le marché de l'emploi.

Gaza, ensuite, résista deux mois et ce fut là aussi, le massacre.

Gaza prise, l'Égypte nepouvait résister.

Pour ne rien laisser derrière lui de l'empire Perse qui ne lui fût soumis, Alexandre alla la cueillir. Reçu en pharaon et accomplissant à Memphis les gestes rituels du roi d'Égypte, lui qui est déjà pénétré de sonascendance divine grecque, lui que ses victoires ont auréolé des signes de la faveur des dieux, il sent brusquementse renforcer le sacré qui l'anime.

Et c'est la première tentation de l'exotisme.

Il décide d'aller consulter, sur la pistede Cyrène, l'oracle de l'Oasis d'Amon, bien connu des Grecs.

Y a-t-il été reconnu fils du dieu ? Les historiens anciensdivergent sur ce point. En Égypte, Alexandre fonde une des quelque soixante cités qui portèrent son nom, une des rares qui le porte encore. »

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