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André TARDIEU: l'Illustration

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

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« La guerre a été longue. La victoire n'est venue que tard. M. Clemenceau, en prenant le pouvoir, avait trouvé une situation propre à décourager les plus hardis... Les derniers mois n'avaient apporté que mécomptes et menaces : écrasement trop facile à prévoir de la Roumanie livrant à l'Allemagne ses pétroles et ses blés ; avènement de Lénine libérant des centaines de bataillons allemands ; offensive manquée d'avril 1917, suivie de mutineries militaires ; menées défaitistes allant, en certains cas, jusqu'à la trahison proprement dite ; lenteur inévitable des préparatifs américains. Quelques semaines après, les succès répétés de l'Allemagne en mars 1918 contre l'armée anglaise, en mai contre l'armée française, l'arrivée de l'ennemi sur la Marne et le bombardement de Paris justifiaient toutes les inquiétudes.

Six mois passèrent. L'ordre intérieur rétabli, la trahison frappée à la tête, le commandement unique organisé, le renfort américain porté de 30 000 hommes à 300 000 par mois, la bataille défensive du 15 juillet gagnée par le général Gouraud, la contre-offensive du Maréchal Foch implacablement développée, permirent de dicter à l'ennemi cet armistice du 11 novembre que le chef des armées victorieuses a légitimement appelé « une capitulation intégrale «. Ce brusque redressement, après quatre années d'insuccès, c'était la victoire — victoire tardive mais décisive... Comme on pouvait s'y attendre, les difficultés de la veille furent, dans cette allégresse, vite oubliées. Oublié le long cheminement jusqu'à la victoire ; oubliée la complexité d'une guerre qu'aucun des vainqueurs n'aurait pu gagner seul. La paix comme la guerre allait se faire à quatre. Par suite, dans le même temps que les nations exaltées par la souffrance et le succès aspiraient à l'absolue satisfaction de leurs espoirs, on marchait vers un compromis, qui à chacun laisserait des regrets... Enfin tel était le monstrueux total des pertes, des ruines et des dépenses qu'aucune solution n'en pouvait apporter ni la compensation totale, ni la compensation immédiate. Pour toutes ces raisons, la paix, dans une large mesure, devait être une déception. «

 

André TARDIEU (1876-11945), diplômé de l'École Normale Supérieure, député en 1914, ancien combattant, fait partie de la délégation française à la Conférence de la Paix ; il est ministre chargé des régions dévastées de 1919 à 1920 ; en janvier 1920, il quitte le gouvernement en môme temps que Clemenceau. Il confie à l'Illustration, important hebdomadaire conservateur, une longue série d'articles consacrés au traité de Versailles et à son début d'application. Voici un extrait de sa conclusion (l'Illustration, n° 4 067, 12 février 1921).

 

Questions

1° Quels sont les principaux thèmes de ce texte ? 2° Commentez succinctement mais précisément les phrases en italique. 3° Que pensez-vous de cette formule armistice du 11 novembre que le chef des années victorieuses a légitimement appelé une « capitulation intégrale «. Quels renseignements nous apporte-t-elle sur le point de vue de l'auteur de l'article ? Quel était le sentiment des Allemands sur l'armistice ? 4° Dans quelle mesure la paix a-t-elle été un compromis ? Entre quelles exigences ? Pour qui cette paix pouvait-elle être une déception ?

 

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« — Le renfort américain.2.

La contre-offensive du Maréchal Foch :— La bataille défensive du 15 juillet gagnée par le général Gouraud.— La contre-offensive. III - MAIS « LA PAIX DEVAIT ÊTRE UNE DÉCEPTION ». 1.

L'armistice : une capitulation intégrale :— Pour les Allemands.— Pour les Français.— L'armistice imposé.2.

On marchait vers un compromis qui à chacun laisserait des regrets :— Le monstrueux total des pertes, des ruines et des dépenses.— La France souhaite le démantèlement de la puissance allemande.— Mais « la paix comme la guerre allait se faire à quatre ». Introduction. « Amère victoire ! » semble dire André Tardieu en concluant la série d'articles qu'il a consacrée au traité deVersailles dans l'hebdomadaire l'Illustration, au début cie l'année 1921.

Amère victoire et cependant victoiredécisive, sans appel, venue après les terribles difficultés de l'année 1917 : tels sont les trois principaux thèmes quedéveloppe ici ce collaborateur de Clemenceau, qui sera deux fois président du Conseil dans cette dernière partie del'histoire de la Troisième République. I.

— 1917 : « LES DERNIERS MOIS N'AVAIENT APPORTÉ QUE MÉCOMPTES ET MENACES ». Lorsque, le 17 novembre 1917, Georges Clemenceau devint président du Conseil, après la rupture de l'Union Sacrée,il trouva effectivement, comme le dit André Tar-dieu, « une situation propre à décourager les plus hardis ». 1.

« Les mécomptes ».• « L'offensive manquée d'avril 1917 » :En décembre 1916, le général Nivelle avait succédé à Joffre au commandement en chef des troupes françaises.

Cetofficier dont les offensives à Verdun avaient été couronnées de succès était partisan de l'attaque pour briser lefront allemand.

Le recul stratégique sur la « ligne Hindenburg » que les Allemands opérèrent en février 1917 leconfirma dans ses convictions.

Mais les offensives qu'il déclencha au « Chemin des Dames » en avril se soldèrent parun sanglant désastre : 40 000 tués et 80 000 blessés.

Relevé de son commandement, Nivelle fut remplacé par legénéral Pétain qui préconisait dans l'immédiat une tactique essentiellement défensive.• « Les mutineries militaires »La nomination de Pétain était bien tardive ; des mutineries avaient déjà éclaté dans les rangs de l'armée française, àmettre en relation directe avec l'échec du plan Nivelle.

Les troupes épuisées refusèrent de monter à l'attaque.

Autotal, 30 000 à 40 000 soldats se livrèrent en mai et juin à des actes de désobéissance.

En renonçant désormais auxattaques frontales.

Pétain leur donna satisfaction.

Mais, dans la reprise en main des armées, il usa à la fois derépression sévère et de bienveillance : répression puisque les tribunaux des forces armées prononcèrent 554condamnations à mort (49 exécutions) mais aussi bienveillance puisqu'il veilla à ce que le sort des combattants fûtamélioré.• « La lenteur inévitable des préparatifs américains » :André Tardieu rappelle ici l'entrée en guerre des Américains aux côtés des puissances de l'Entente, le 2 avril 1917.

Acette date, cette entrée en guerre fut plus théorique que réelle : c'est pour répondre à l'intensification de la guerresous-marine que le Président Wilson décida le Congrès à intervenir, mais il restait aux Américains à créer un corpsexpéditionnaire, à accumuler du matériel de guerre et à transporter le tout outre-Atlantique, sur le théâtre desopérations.

Cela prit du temps et il fallut attendre le début de l'année 1918 pour voir le renfort américain peser d'uncertain poids dans la bataille.

Ce qui avait fait dire au général Pétain, en prenant son commandement : « J'attendsles tanks et les Américains ». 2.

« Les menaces » :• Le renforcement de la position allemande :L'effondrement de la Roumanie, à la fin de l'année 1916, avait livré aux Allemands des ressources économiquesappréciables qui pouvaient partiellement compenser les rigueurs du blocus, mais comme le dit Tardieu, c'est surtout« l'avènement de Lénine libérant des centaines de bataillons allemands » qui représentait la menace la plusimmédiate.

Le gouvernement provisoire russe, issu de la révolution de mars 1917, avait tant bien que mal poursuivila guerre aux côtés des Alliés, obligeant ainsi l'Allemagne à maintenir ses troupes sur le front oriental.

Après la. »

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