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Benito Mussolini

Publié le 22/02/2012

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Il est aussi logique, bien que paradoxal, que l'Italie ait été le point de départ à la fois du nationalisme libéral et du fascisme contemporains. Le Risorgimento (lui-même lancé par la pensée française et la pratique politique et militaire de Bonaparte), les écrits de Mazzini, ainsi que la politique de Garibaldi et de Cavour forment l'une des bases principales du nationalisme internationaliste et libéral qui débouche sur les Quatorze Points de Woodrow Wilson, prônant la paix entre les peuples fondée sur la démocratie politique et des accords territoriaux définitifs à partir de tracés nationaux et ethniques. Mais, alors même que les idées du XIXe siècle italien s'incarnaient ailleurs, l'Italie, elle, première d'une longue série de nations contemporaines, devenait la proie du fascisme, négation de toutes les valeurs de la démocratie nationale et libérale, même dans sa forme jacobine. Le fascisme, en effet, dénie toute valeur à la consultation populaire, faisant du chef suprême le seul interprète de la volonté du peuple. Il refuse la paix, surtout si celle-ci est basée sur la négociation et l'entente. Car la paix, pour le fascisme, doit être imposée par le plus fort, sinon elle est factice et révélatrice d'une décadence. D'ailleurs la guerre est un élément essentiel dans la détermination de l'ordre intérieur, qui doit être calqué sur le modèle de l'armée en marche.
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« A partir de ce moment, il se trouve à la solde d'individus et de groupes influents qui, dans le monde des affaires,sont pro-français et pro-britanniques et désirent l'intervention italienne aux côtés de l'Entente.

Ceux-ci ont tôt faitde reconnaître la valeur d'un tel apôtre, et l'installent à la tête d'un nouveau journal créé pour lui, Popolo d'Italia.Plus tard, lorsque les ressources locales ne suffisent plus, des subsides directs venus de France le maintiennent envie.

Tout à coup, Mussolini se trouve aux côtés de ses ennemis jurés d'antan : le roi, l'armée, les nationalistes etleurs idéologues, tel D'Annunzio.

Parmi tous les groupes interventionnistes, Mussolini se rapproche essentiellementdes syndicalistes qui ont abandonné la lutte de classe en faveur d'une harmonie nationale mettant en avant lesprétendus intérêts de l'Italie tout entière.

En même temps, il assouplit sa position à l'égard du capitalisme.

Ladépendance financière dans laquelle le place la nécessité de faire survivre son journal et, un peu plus tard, lefinancement de la construction de sa propre organisation ont sans doute accéléré cette révision doctrinale.

Dès quel'Italie entre en guerre aux côtés de l'Entente, Mussolini part pour le front, où il est sévèrement blessé.

De retour àMilan, il proclame que seuls ceux qui ont vraiment combattu pour la patrie ont le droit de gouverner.

Il se faitannexionniste et devient ouvertement le protégé des hommes d'affaires milanais.

Après l'armistice, il joue à la foissur le sentiment de trahison de l'intérêt national favorisé par les traités de Paris, et sur son crédit auprès desmasses révoltées par leur misère et dans lesquelles une conscience révolutionnaire s'éveille.

Il dénonce la trahisondu prolétariat par les socialistes, et demande au peuple de lui faire confiance.

Pour arriver à ses fins, il fonde lesfasci di combattimento, qui se développent rapidement, toujours grâce à l'appui généreux des milieux d'affaires.

Maismalgré l'intelligence de sa stratégie attirer la classe ouvrière par un programme de réformes, tout en rassurant lescouches aisées par ses attaques publiques contre le bolchevisme et par ses promesses privées de coopération-aucun fasciste n'est élu en novembre 1919, même dans son fief présumé, Milan, où le parti de Mussolini ne gagneque cinq mille voix.

Son désespoir justifié face à ces résultats aurait peut-être été décisif s'il n'avait bénéficié defonds, d'abord d'armateurs séduits par sa campagne en faveur de l'agrandissement de la marine de guerre et de lamarine marchande, ensuite des propriétaires fonciers, effrayés par la grogne paysanne.

Et au nom de la croisadecontre le communisme (le parti communiste italien a été créé en 1920) Mussolini envoie ses chemises noires àl'assaut de la gauche, des syndicats et des coopératives.

Ses succès sur le terrain sont confirmés lors des électionsde mai 1921, et l'offensive finale contre l'État ne se fait guère attendre.

Mais la célèbre marche sur Rome (octobre1922), à partir de laquelle Mussolini devient Premier ministre et commence à consolider le pouvoir fasciste en Italie,n'est en fait qu'un épisode spectaculaire dans une escalade bien orchestrée. Mussolini met plusieurs années à consolider son pouvoir et à le transformer en monopole fasciste.

Durant cettepériode (1922-1928), il fait preuve d'une certaine indécision, frisant parfois la pusillanimité.

Ce comportement, qu'onne lui connaissait pas durant ses années de lutte, va faire de son régime, contrairement à ce qui se produit enAllemagne, puis en Espagne, un des plus nuancés parmi les États fascistes.

Sa seule erreur tactique majeure estl'assassinat du député socialiste Matteotti, qui, de par sa popularité, aurait pu provoquer sa chute.

Mais il franchit,une à une, les étapes vers la dictature fasciste : resserrement des liens entre les branches politique et paramilitairedu Parti, centralisation de celui-ci, arrestation des opposants, dissolution de groupes "subversifs", emprisonnementde journalistes et saisies de journaux, abolition de la liberté de rassemblement et d'association, création de la policesecrète (OVRA), et, finalement, pour légaliser l'état de fait, promulgation d'une nouvelle loi électorale, donnant auGrand Conseil fasciste le pouvoir de déterminer la composition de la Chambre.

En tant que président de ce conseil,Mussolini (qui en nommait les membres) détenait tous les leviers du pouvoir politique.

Mais bien qu'à partir du débutdes années une part considérable de la population le soutienne, Mussolini ne se défait pas de ce qui, en dernièreinstance, peut être considéré comme son trait de caractère le plus profond : son sentiment de faiblesse, sonmanque permanent d'assurance.

"Mussolini a toujours raison", proclame l'un des grands slogans du régime.

On peut yvoir la demande, presque la supplication, d'accepter par décret ce qui ne peut sembler que risible. Dans le domaine de l'organisation socio-économique, Mussolini est, comme ailleurs, sujet à de multiples influences ;celle de ses camarades syndicalistes des premières années, celle de la brève régence de Gabriele D'Annunzio àFiume (pourtant décisive en ce qui concerne le symbolisme fasciste), et celle des guildes médiévales florentines.Dans la pratique, ce "corporatisme" signifie la neutralisation des revendications ouvrières par le moyen des syndicatsfascistes regroupant ouvriers et employeurs.

Il s'agit, dans l'intérêt général, de supprimer les conflits entre patronset travailleurs et de parvenir ainsi à une synthèse idéale pour la patrie.

Les "organes de liaison centrale", oucorporations, devaient amener patrons et ouvriers à une étroite collaboration.

Comme le dit le Duce lui-même :"Nous sommes un État qui contrôle toutes les forces agissant dans la nature.

Nous contrôlons les forces politiques,nous contrôlons les forces morales, nous contrôlons les forces économiques ; nous sommes donc un vrai Étatcorporatiste." Mais, en fait, les institutions corporatives ne vont jamais fonctionner de manière autonome : ellessont surtout des outils administratifs produisant en masse des statistiques permettant au Duce de poursuivre sonbut qui est le contrôle total du pouvoir.

Pour parvenir à ses fins, il lui est impossible d'abandonner son alliance avecles couches aisées, avec lesquelles il reste toujours en étroite liaison.

Quant aux travailleurs et aux paysans, leurcondition de vie se dégrade sans cesse durant la période fasciste.

La dépression économique de 1929 et la forteinflation qui la suit réduisent leur pouvoir d'achat, au moment de l'éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, auxdeux tiers de ce qu'il avait été à la veille de la Première Guerre.

Les industriels, d'abord réticents devant la théoriedu corporatisme qui risquait de leur lier les mains aussi bien qu'aux travailleurs, se voient rassurés par Mussolini(accords du Palazzo Chigi et du Palazzo Vidoni), surtout quand il abolit le droit de grève et refuse le principe d'unsalaire minimum.

Le sort des petits propriétaires et des ouvriers agricoles n'est guère meilleur.

La concentration de lapropriété foncière s'accentue sous Mussolini.

Les heures de travail augmentent.

Aucun droit aux allocations dechômage n'est reconnu.

Quant aux célèbres projets de reconquête de terres infertiles, ils ne profitent qu'aux grandspropriétaires.

Une portion non négligeable de la bourgeoisie est, elle aussi, lésée par le fascisme, puisque lacartellisation de l'économie, à laquelle s'ajoute une réglementation de plus en plus sévère, pousse des milliers depetits patrons dans la banqueroute.. »

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