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Bill Clinton : un formidable bilan économique

Publié le 17/01/2022

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7 novembre 2000 Ce n'est plus un secret pour personne. Bill Clinton aurait rêvé de passer ces dernières semaines non pas dans le Bureau ovale mais sur les routes d'Amérique, de meeting en meeting, au contact de cet électorat avec lequel il entretient une relation si intense, presque charnelle, à faire ce qu'il sait si bien faire et dont il tire tant de plaisir : le président aurait rêvé de passer le mois d'octobre en campagne électorale. Si seulement le candidat démocrate, Al Gore, le lui avait demandé. Pour la première fois depuis 1974, ne cesse-t-il de répéter, le nom de William Jefferson Clinton ne figure sur aucun bulletin de vote ce mardi 7 novembre. Il y a, bien sûr, une Clinton candidate au Sénat dans l'Etat de New York, et le président n'a pas été avare de soutien : il n'est guère de portefeuille démocrate à New York qui n'ait été sollicité par le couple présidentiel au cours de l'année écoulée. Le bonheur de M. Clinton, à cinquante- quatre ans, aurait cependant été parfait s'il avait pu faire campagne aux côtés de son vice-président, celui que l'on a longtemps considéré comme son dauphin, celui que le parti démocrate a choisi pour lui succéder, celui qui devait perpétuer le clintonisme après Clinton. Mais Al Gore, craignant de payer les retombées de l'épisode Monica Lewinsky, a coupé le cordon ombilical et décidé de mener sa campagne seul, « en son nom propre «. Ce sera la dernière punition de Bill Clinton. Privé de campagne, il fait quand même son devoir dans les derniers jours, participe à quelques opérations de mobilisation de l'électorat démocrate de base, mais le « First Ego «, comme l'appellent les journalistes quand l'exaspération prend le pas sur la fascination, a le coeur gros. A l'animateur d'une radio noire de Californie qui déplore que le président ne puisse pas briguer un troisième mandat, il répond que, à défaut de pouvoir le réélire, il faut voter Gore : « Après moi, c'est ce qu'il y a de mieux «, explique-t-il. Officiellement au pouvoir jusqu'au 20 janvier, il ne peut se résoudre à voir les projecteurs braqués sur d'autres que lui et prépare déjà sa sortie : deux longs entretiens accordés au New Yorker puis à Esquire sur le bilan de sa présidence lui garantissent la couverture de ces deux magazines et de multiples échos dans la presse au moment où Al Gore et George W. Bush prétendent lui voler la vedette. Et lorsque le président confie à Esquire qu'il attend toujours les excuses des républicains pour ce qu'ils lui ont fait subir avec l'affaire Lewinsky, ce ne sont pas forcément les échos qu'aurait souhaités le candidat Gore à ce stade de la bataille. M. Clinton n'avait pourtant pas de souci à se faire : sa personnalité, ses idées, sa stratégie politique et son héritage ont dominé cette campagne de bout en bout. Quel que soit son successeur, il héritera d'une présidence dont Bill Clinton a redéfini les contours. Il a été, évidemment, beaucoup question de lui aux deux conventions des partis politiques cet été, de lui et des deux facettes de sa présidence, la formidable réussite économique de ces huit dernières années et le sordide faux pas extra-conjugal qui, après un an de paralysie politique, a abouti à son procès en destitution laissant, malgré son acquittement, le goût amer d'un terrible gâchis. « Notre président a incarné le potentiel d'une génération, résumait, impitoyable, George W. Bush début août dans son discours d'investiture à Philadelphie. Tant de talent. Tant de charme. Tant d'habileté. Mais au bout du compte, pour quoi faire ? « Piqué au vif, Bill Clinton devait, une semaine plus tard, ouvrir la convention démocrate à Los Angeles par un discours fleuve sur le chemin parcouru par l'économie et la société américaines sous sa présidence. Reines de cette campagne de l'an 2000, les classes moyennes, auxquelles Al Gore et George W. Bush se sont presque exclusivement adressés, étaient une trouvaille du Nouveau démocrate Bill Clinton, dans un discours remarqué prononcé devant le Democratic Leadership Council en 1991 : les classes moyennes, dont la situation économique stagnait depuis vingt ans, seraient pour le parti démocrate le véhicule de reconquête de l'électorat. Autre héritage clintonien, l'élection de cette année s'est déroulée au centre, ce centre où Bill Clinton et quelques autres, comme Al Gore et Joe Lieberman, ont amené le parti démocrate au début des années 90, et où à son tour, réalisant le succès de cette stratégie, George W. Bush a amené le parti républicain depuis l'an dernier. Ce n'est d'ailleurs pas la seule stratégie que le gouverneur du Texas ait empruntée à Bill Clinton : celui-ci avait stupéfait les républicains en 1992 en s'appropriant « leurs « thèmes, la criminalité, la réforme de l'aide sociale ; cette année, M. Bush a rendu la politesse aux démocrates en faisant campagne sur l'éducation et la santé, des thèmes traditionnellement démocrates, et en promettant, comme le gouverneur Clinton en 1992, « d'unir le pays au lieu de le diviser «. C'est aussi une décision politique majeure du début du premier mandat du président Clinton, celle de donner la priorité à la réduction du déficit budgétaire, qui permet aujourd'hui aux deux candidats de proposer aux électeurs, grâce à l'excédent budgétaire, des réformes de fond des grands régimes sociaux. Pour le meilleur ou pour le pire, Bill Clinton a imprimé sa marque à un style de campagne qui fait désormais autorité. En 1992 et 1996, ses adversaires républicains étaient des candidats classiques, George Bush (père) puis Bob Dole. En 2000, les deux baby-boomers Al Gore et George W. Bush n'ont cessé de rendre visite aux émissions de télévision les plus inattendues, du divan d'Oprah aux comiques Jay Leno et David Letterman ­ une tradition lancée par M. Clinton lorsque, en 1992, il était allé jouer du saxophone dans le Arsenio Hall Show. Certains lui ont reproché d'avoir éliminé toute distance à l'égard de la fonction présidentielle. « Il faut démystifier cette fonction «, explique-t-il au New Yorker. A Esquire, il décrit la présidence comme « un emploi « et la campagne électorale comme « un entretien d'embauche, le plus grand, le plus merveilleux entretien d'embauche du monde. (...) Et le public décide s'il veut vous embaucher ou non «. Une fois dans la place, l'expérience a été « merveilleuse «, a expliqué M. Clinton. « Même les mauvais jours ont été bons. Une fois que j'ai compris que les coups que je prenais étaient le prix à payer pour faire ce job, je me suis senti libéré, et j'ai compris qu'il fallait que je continue à aller travailler. Et si je n'avais pas eu de chance, je serais encore en train de m'occuper de transactions immobilières dans un cabinet d'avocats de l'Arkansas. Donc je ne me plains pas, je suis très reconnaissant. Ca a été une période merveilleuse. Une expérience fabuleuse pour ma femme, ma fille. J'ai adoré. Adoré «.

« embargo drastique.

En 1993, les accords d'Oslo conclus entre Arafat et Rabin constituent un succès diplomatique de taille pour Bill Clinton.

Par la suite, la détérioration de la situation au Proche-Orient amène Clinton à rechercher un nouveau terrain d'entente entre Arafat et Barak, avant la fin de son second et dernier mandat.

En janvier 2001,les négociations achoppent sur la question du droit au retour des Palestiniens, ainsi que sur le statut de Jérusalem.

Dans le conflit yougoslave, les Etats -Unis restent longtemps à l'écart avant de se résoudre à intervenir en 1995, sous la pression des Européens.

Leur intervention met fin à la guerre en Bosnie à l'issue des accords de Dayton en novembre 1995.

Par ailleurs, en 1999, l'OTAN réalise une spectaculaire avancée en s'élargissant à la Pologne, à la Hongrie et à la République tchèque.

La même année, les Etats-Unis déclenchent une offensive victorieuse contre la Serbie de Milosevic, afin de venir en aide aux Albanais du Kosovo, opprimés par les Serbes.

La politique étrangère de Clinton est marquée par l'unilatéralisme des Etats-Unis.Ainsi,les Etats-Unis, qui continuent à vouloir isoler Cuba par le biais d'un embargo, promulguent-ils la loi Helms-Burton qui prévoit des sanctions économiques et financières à l'encontre des compagnies étrangères commerçant avec La Havane.

De la même façon, la loi d'Amato-Kennedy sanctionne les compagnies étrangères faisant du commerce avec l'Iran et la Libye.

Facilement réélu en 1996, Clinton compromet sa carrière politique et ternit l'image de sa présidence du fait de ses aventures extraconjugales.

Ayant menti sous serment devant le Congrès sur sa vie privée, il échappe de justesse à la destitution en 1999.

Satisfaits par l'exceptionnelle prospérité économique dont jouis­ sent les Etats-Unis, les Américains pardonnent au président ses frasques sexuelles.

Soucieux de restaurer son image et de redorer son blason, Clinton achève son mandat en multipliant les initiatives diplomatiques tous azimuts.

Le président américain effectue un voyage officiel à Hanoi où il est reçu avec enthousiasme par la population.

Cette première visite officielle d'un chef d'Etat américain au Vietnam depuis 1975 constitue un événement historique de taille qui scelle la réconciliation entre le Vietnam et les Etats-Unis.

Clinton laisse derrière lui le souvenir d'un chef d'Etat intelligent, compé­ tent et charismatique, doublé d'un politicien retors, roublard et fin tacti­ cien, malheureusement en proie à ses démons intérieurs.. »

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