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BUDAPEST (soulèvement de)

Publié le 03/04/2012

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Après la mort de Staline, le Kremlin impose un « nouveau cours « aux dirigeants des pays de l'Est. Les tenants du stalinisme sont écartés et, en Hongrie, Imre Nagy devient président du Conseil en juin 1953. Il met en oeuvre une politique de réformes qui demeure modeste mais représente néanmoins une libéralisation considérable. Ses adversaires reviennent cependant au pouvoir dès 1955 à la faveur d'un durcissement de la politique extérieure soviétique. Le souvenir de l'expérience reste toutefois présent dans les esprits, et la contestation, personnifiée par l'Union des écrivains et le cercle Petöfi composé d'étudiants, gagne du terrain, encouragée par la dénonciation des crimes staliniens et les progrès des réformistes polonais. La manifestation du 23 octobre et ses suites. En juillet 1956, Mátyás Rákosi est limogé mais son successeur, ErnöGerö (1898-1980), fait l'unanimité contre lui ; l'opinion réclame le retour de I. Nagy. La cérémonie des funérailles officielles réhabilitant LászlóRajk (1909-1949) le 6 octobre 1956 - date anniversaire de l'exécution de Lajos Batthyány (1809-1849) en 1849 - représente le principal signe avant-coureur de la révolution. Les références à la révolution de 1848 se multiplient. Une manifestation se déroule le 23 octobre 1956, qui rassemble près de 300 000 personnes. À la fin de la journée, les manifestants attendent un geste des autorités, mais E. Gerö prononce un discours dogmatique interprété comme une provocation. Dans la nuit, les affrontements commencent. Le 24 octobre, le gouvernement fait appel aux blindés soviétiques et nomme I. Nagy président du Conseil. Ce dernier incarne aussi bien l'espoir des insurgés et de la majorité de l'opinion que celui du Parti, qui attend un rétablissement de l'ordre. I. Nagy demande le retour au calme. Il annonce l'application des réformes de la période 1953-1955 et, le 28 octobre, quitte le siège du Parti pour s'installer au Parlement. Entre-temps, E. Gerö est remplacé à la tête du Parti par János Kádár. Après la visite à Budapest des dirigeants Anastase Mikoyan (1895-1978) et Mikhaïl Souslov (1902-1982), les troupes soviétiques se retirent, les combats cessent, la police politique est dissoute et, le 3 novembre, I. Nagy donne à son gouvernement de coalition avec les représentants des anciens partis politiques sa forme définitive. Après le 28 octobre, la vie a repris son cours mais I. Nagy doit composer avec les insurgés, les conseils ouvriers et comités nationaux. Les premiers, issus de tous les milieux, soutiennent son action même si des voix discordantes, très anticommunistes, se font entendre. Les conseils ouvriers ou comités nationaux sont des organes d'autogestion présents sur tout le territoire mais peu coordonnés. Le 1er novembre, J. Kádár annonce la refonte du Parti, rebaptisé Parti socialiste ouvrier hongrois, puis disparaît. Il resurgira le 7 novembre après avoir formé un gouvernement ouvrier-paysan. L'invasion soviétique. La décision soviétique de mettre fin à l'insurrection hongroise a été prise le 30 octobre, en accord avec les autres pays communistes, et J. Kádár a été choisi pour en être l'exécuteur. L'expérience hongroise menait à un rejet du communisme et à une sortie du bloc soviétique, ce que le Kremlin ne pouvait tolérer. Au matin du 4 novembre, l'invasion soviétique débute ; après une dernière intervention à la radio, I. Nagy se réfugie avec ses proches à l'ambassade de Yougoslavie, mais le maréchal Tito, fraîchement réconcilié avec Nikita Khrouchtchev, est l'un des principaux soutiens des Soviétiques dans le dénouement de la crise. Malgré la promesse de pouvoir quitter l'ambassade yougoslave, I. Nagy et les personnes qui l'accompagnent sont kidnappés par les Soviétiques. En une semaine, l'Armée soviétique vient à bout des insurgés : on dénombre près de 2 000 morts et 20 000 blessés à Budapest, 700 morts et 1 500 blessés en province. La répression s'abat sur la Hongrie mais, entre-temps, quelque 200 000 Hongrois se sont rués à l'Ouest. Exécutions et procès. La police politique arrête des milliers de personnes et plus de deux cents d'entre elles seront exécutées (il faudra attendre 1962 pour que des remises de peine ou des amnisties interviennent et 1964 pour que la majorité des condamnés soient libérés). Un procès est ordonné par les Soviétiques, mais ce sont des magistrats hongrois qui l'instruisent et jugent neuf accusés : I. Nagy, Ferenc Donath (1913-1986), Zoltán Tildy (1889-1961), Pál Maléter (1917-1958), Sándor Kopácsy (1922-), Ferenc Jánosi, Miklós Gimes (1917-1958), József Szilágyi, et Miklós Vásárhelyi (1917-). Le 16 juin 1958, I. Nagy, P. Maléter et M. Gimes sont pendus. La révolution de 1956 (23 octobre-4 novembre) devient l'un des tabous du régime, on parle au mieux d'« événements « mais plus volontiers de contre-révolution. Une cérémonie officielle de ré-inhumation de I. Nagy et de ses co-accusés aura lieu le 16 juin 1989, donnant lieu à une réévaluation de l'insurrection et provoquant le réveil de la mémoire historique au moment où le pays s'achemine vers la transition démocratique. Catherine HOREL

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