Devoir de Philosophie

Charles VII

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

charles vii
1403-1461 À la mort de son frère Jean, survenue le 5 avril 1417, Charles, comte de Pontieu, alors âgé de quatorze ans, devint l'héritier et successeur de Charles VI, prenant comme tel le titre de dauphin de Viennois. Henri V d'Angleterre, victorieux à Azincourt le 25 octobre 1415, n'avait pas encore entrepris, à cette date, la conquête méthodique du royaume de France ; il n'y possédait que quelques points d'appui : Calais, Harfleur, Bordeaux et Bayonne. Mais l'invasion, désormais imminente, se trouvait grandement facilitée par les dissensions internes et les luttes civiles qui déchiraient la France, à la faveur de la folie de Charles VI, depuis une dizaine d'années. Après l'échec de la révolution cabochienne de 1413, le roi, le dauphin, Paris, tous les organes de gouvernement, se trouvèrent entre les mains des Armagnacs : ainsi appelait-on les hommes qui, après le meurtre du duc Louis d'Orléans, ordonné en 1407 par son cousin le duc de Bourgogne, étaient demeurés fidèles à sa veuve, Valentine Visconti, ainsi qu'à son fils, Charles, marié à la fille de Bernard, comte d'Armagnac. Ce dernier, devenu connétable de France le 12 février 1416, faisait peser sur la capitale une dictature de plus en plus rigoureuse. Sa position se trouvait menacée par la faction rivale des Bourguignons, dont le chef, Jean sans Peur, en vue de reprendre le pouvoir, s'était rapproché de Henri V, lui promettant même son concours.
charles vii

« meilleurs esprits, aux Français les plus éclairés : ne prévoyait-il pas une simple union des deux couronnes, quirespectait l'organisation sociale, juridique, administrative de chaque royaume ? N'était-il pas la seule issue possible àune lutte tragique, interminable ? Pour les “ sages ” de l'Université, pour les notables parisiens, pour la majeurepartie des clercs de la France anglo-bourguignonne, il était l'unique moyen de rétablir une paix durable. Presque aussitôt cependant, d'autres esprits en contestèrent la validité, estimant d'une part que Charles VI n'étaitque le dépositaire de la couronne, ne pouvait en disposer librement, et d'autre part que sa folie ôtait toute valeur àsa décision.

L'important est que cette argumentation de droit constitutionnel se trouva en accord avec le sentimentde très nombreux Français, pour lesquels il était inconcevable que l'“ ancien ennemi et adversaire d'Angleterre ”devînt le maître de leur destinée.

Même dans les provinces les mieux tenues en main par l'occupant, comme laNormandie, la domination anglaise fut toujours plus ou moins violemment contestée, alors que dans les terres qu'ilconservait, nul ne mettait ouvertement en cause la légitimité du dauphin. Malgré tout, durant les premiers mois de 1422, si l'on en juge par l'effondrement catastrophique de sa monnaie, sasituation politique se dégrada rapidement.

La mort de Henri V le sauva, celle de Charles VI consolida son pouvoir, enlui permettant de prendre le titre royal.

Aussitôt après son avènement, Charles VII, semble-t-il, traversa avec sonentourage une brève phase d'enthousiasme. On en était loin, quelques années plus tard, lorsque l'armée anglaise du comte de Salisbury commençal'investissement d'Orléans.

Certes, l'avance ennemie n'avait pas été foudroyante.

Le duc de Bretagne, Jean V, bienqu'ayant adhéré au traité de Troyes, conservait une prudente neutralité.

Philippe le Bon n'appuyait qu'assezmollement, par intermittences, l'effort militaire de son allié.

En Angleterre même, les Communes refusaient definancer la guerre continentale.

Mais Charles VII devait compter avec la lassitude de ses sujets ; il avait vu l'échecde ses combinaisons diplomatiques, de ses entreprises guerrières.

Sa cour était un foyer d'intrigues.

Une grandepartie de la noblesse, la plupart des princes du sang refusaient les risques des combats, les fatigues descampagnes.

Le roi lui-même enfin doutait de sa fortune, de son origine, de sa cause : Dieu ne se déclarait-il pascontre lui ? Prêt à toutes les renonciations, il songeait à se retirer en Dauphiné, en Castille ou en Écosse. Dans ces conditions, l'intervention de Jeanne d'Arc prend un caractère décisif : elle offre à Charles VII le signe qu'ilespérait, lui donne la conviction qu'il est réellement “ fils et héritier ” du roi de France, lui démontre son bon droit.

Àses yeux, sa mission revêt un quadruple aspect : délivrer Orléans, faire sacrer son souverain à Reims, expulser lesAnglais du royaume, libérer le duc Charles d'Orléans, prisonnier depuis Azincourt.

Elle ne put réaliser que les deuxpremiers points, mais ils suffirent à sauver Charles VII d'une situation critique, à lui assurer un avantage moral etmatériel déterminant.

À l'inverse, on peut s'étonner qu'il ait fallu vingt-quatre ans au roi de France, une fois sacré,pour achever la reconquête de son royaume.

La minorité de Henri VI, la mort de Bedford, le traité d'Arras, la divisionde l'opinion anglaise étaient cependant pour lui des éléments favorables.

Dès l'époque, on l'accusa, sinon d'impéritie,du moins de timidité et d'apathie.

Thomas Basin, alors évoque de Lisieux, pense, à propos du soulèvement descampagnes cauchoises, qu'un peu d'énergie et de discipline aurait permis de reprendre la haute Normandie dès 1432. En fait, Charles VII ne manque pas d'excuses.

Le pays était épuisé.

L'Angleterre lança plusieurs armées pour sauverles provinces auxquelles elle restait attachée par tant de liens économiques, politiques, voire sentimentaux.

Le traitéd'Arras ne valut à la France que pendant quelques mois le concours actif de l'État bourguignon.

Très vite, Philippe leBon garda la neutralité entre les deux adversaires.

Ce n'est qu'après 1443 que la Bretagne offrit son appui à CharlesVII.

La reconquête de la Normandie et de la Guyenne exigeait non seulement des ressources financières importanteset régulières, dont le roi fut longtemps dépourvu, mais toute une réorganisation militaire, à laquelle il songea dès1436, mais qu'il ne put mener à bien qu'entre 1445 et 1448.

En 1449 seulement, Charles VII disposa d'une arméerenouvelée, capable d'efforts continus et concertés, comportant tous les éléments nécessaires : une cavaleriepermanente d'environ sept mille combattants, des forces de garnison, des éléments de réserve, soit d'originepopulaire — les francs-archers —, soit d'origine noble — le ban et arrière-ban des possesseurs de fiefs —, enfinplusieurs bandes d'artillerie organisées par deux remarquables administrateurs, Jean et Gaspard Bureau.

La secondepartie du règne de Charles VII ne vit pas seulement la mise en place de structures financières et militaires nouvelles,mais la réorganisation du domaine royal, de la justice et même, par la Pragmatique Sanction de 1438, de l'Église deFrance. Est-il possible de préciser, dans le bilan de ce règne au cours duquel se termina la guerre de Cent Ans et furentcréées quelques-unes des institutions fondamentales de la monarchie d'Ancien Régime, la part revenant en propre àCharles VII ? Opposons les deux jugements traditionnels sur sa personne.

Pour l'un, exprimé par exemple, à la fin du XVe siècle,dans les Très élégantes, très véridiques et copieuses annales de Nicole Gilles, Charles VII, “ par son bon sens,bonne conduite et moyennant bon conseil, qu'il crut toute sa vie, la bonne justice qu'il fit faire et administrer à sessujets, …Subjugua ses ennemis et laissa à son fils Louis le royaume paisible ”.

Pour l'autre, “ il était homme aimantses plaisirs et qui n'appréhendait pas le mal et la ruine de son royaume, s'amusant à faire l'amour à sa belle Agnès età faire de beaux parterres et jardins, cependant que les Anglais… se promenaient dans son royaume ” (Bernard duHaillan, 1570).

Aux XVIIIe et XIXe siècles, une anecdote apocryphe fut répétée par les manuels scolaires : “ Unjour, La Hire étant venu lui rendre compte d'une affaire importante, le Roi, tout occupé d'une fête qu'il devaitdonner, lui en fit voir les apprêts et il lui demanda ce qu'il en pensait : Je pense, dit La Hire, que l'on ne sauraitperdre son royaume plus gaiement ” (Président Hénault, Nouvel Abrégé chronologique de l'Histoire de France, 1744).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles