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Dans le Palatinat, Turenne applique la méthode de la « terre brûlée »

Publié le 29/08/2013

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turenne

Au début de l'été 1674, le théâtre d'opérations de la guerre de Hollande se déplace vers le Rhin et les frontières de l'Est. Pour empêcher les Impériaux de s'attaquer à la basse Alsace et d'avancer en territoire français, le maréchal de Turenne se rend maître du Palatinat. Il y met en oeuvre de façon systématique la tactique de la « terre brûlée «. Un épisode dramatique qui lui permettra de gagner le temps nécessaire pour obtenir des renforts.

turenne

« 0 _g "- situation désespérée, solution désespérée .

Turenne prend la résolution d'adopter la vieille tactique de la «terre brûlée », jusque-là apanage des armées du Grand Turc.

Grâce à la victoire de Sinz­ heim, Turenne s'est rendu maî­ tre du Palatinat.

Disposant de forces inférieures en nombre à celles de l 'ennemi, il entend dévaster cette région , qui.

au nord de l'Alsace, s'étend sur les deux rives du Rhin entre le Neckar et la Moselle, pour empêcher les Impériaux de l'utiliser comme base pour attaquer la Basse-Alsace.

Il a d'autant moins de scrupules que l 'Électeur palatin, père de la princesse Palatine qui a épousé le frère du roi, est, bien que n'ayant pas les moyens de défendre son pays , un adver­ saire acharné de Louis XIV.

Fai­ sant fi des lois de la guerre entre chrétiens, le maréchal donne l'ordre, après avoir fait évacuer les populations, d'in- Portrait du maréchal de Turenne (extrait du Plutarque français par E.

Mennechet, 1857).

cendier villages et récoltes .

En quelques semaines, avec l'aval de Louvois, le secrétaire d'État à la Guerre , il procède à des destructions systématiques.

Manœuvre d'intimidation et stratégie d'attente La manœuvre est habile .

Les troupes impériales se ravi­ taillent habituellement dans les pays traversés et, désor­ mais, elles ne pourront plus trouver leur subsistance dans ces régions désertées, pillées et brûlées.

En agissant de la sorte , Turenne compte aussi dissuader les princes allemands de conti­ nuer à soutenir l'empereur Léopold 1e• dans la guerre qui l'oppose au roi de France .

Le 27 juillet, le maréchal écrit au Très Chrétien que « pour ce qui est des alliés, la ruine du pays de monsieur l'Électeur palatin les refroidit bien plus qu'elle ne les échauffe ».

Quant aux Impériaux, faute de bénéficier pour l'heure de l'équivalent des munitionnai­ res français , qui pourvoient les soldats en pain et les chevaux en fourrage, incapables de sur­ vivre dans un pays ruiné, ils sont contraints de renoncer provisoirement à la poursuite des opérations .

Turenne n'en demande pas plus .

Le temps lui manque, et il lui faut convaincre Louvois de lui envoyer des renforts et, pour ce faire, de lever l'arrière­ ban .

Au roi, qui lui demande en août de se replier vers Bri­ sach et Philippsbourg, il répli­ que qu'on « ne quitte pas un -Rays, encore qu'un ennemi soit Pi-ùs fort, mais il faut être secouru et avoir ses derrières assurés ».

Il tente ainsi de faire indirectement pression sur Lou­ vois, dont il espère un prompt secours en hommes et en matériels.

Le ministre finit par UNE STRATÉGIE OUI SUSCITE L'INDIGNATION Jamais jusque-là, l'Europe chrétienne n 'a dû subir d 'action aussi brutale.

Si les soldats se sont livrés à des pillages et à des exactions, c'est de leur propre initiative.

Là , l'ordre de dévaster systématiquement le Palatinat émane directement du commandement supérieur des armées de Louis XIV.

Charles Louis, )'Électeur palatin, concerné au premier chef, est bien sûr le premier à s'indigner .

Dans une lettre, il reproche à Turenne d'employer les mêmes méthodes que l'armée ottomane , « d'avoir fait consumer jusqu'aux églises mêmes de votre religion.

Des actions si contraires à l'accroissement que vous prétendez ou à la pratique du christianisme( .

.

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) me font croire que tout cela provient de quelque chagrin que vous avez contre moi ».

Par égard pour Madame Palatine, épouse du duc d'Orléans et belle-sœur de Louis XIV, c'est avec une grande modération que le maréchal répondra à cette missive incendiaire.

céder aux demandes insistan ­ tes et répétées de Turenne et du Grand Condé.

Il convoque tous les gentilshommes astreints au service militaire personnel, qu'il place sous le commande­ ment du maréchal de Créqui.

Bien qu'elle soit particulière­ ment cruelle , la pratique de la « terre brûlée » se révélera payante .

Louvois ne s'y trompera pas et, quelques années plus tard, lors de la guerre de la Ligue d' Augsbourg , qui se réroulera de nouveau dans le Palatinat, il ordonnera au maréchal de Du­ ras d'y avoir recours .

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