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Publié le 25/11/2012

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Nicolas Sarkozy La République, les religions, l'espérance Un livre écrit sous forme d'entretien entre Nicolas Sarkozy, Thibaud Collin (agrégé de philosophie) et Philippe Verdin (religieux dominicain). Il y est surtout question de la place de l'Islam en France et de ce qui a été mis en place pendant la période de mai 2002 à mars 2004, période où Nicolas Sarkozy exerçait à la fois la fonction de ministre de l'Intérieur et de ministre des Cultes. Quelques passages concernant "les sectes" et l'espérance spirituelle nous semblent intéressants dans le contexte de notre travail. Si M. Sarkozy reste prudent, on ressent malgré tout un regard plus mesuré sur la question des minorités spirituelles. Extraits Les questions posées à Nicolas Sarkozy sont en italiques. Page 145 Aujourd'hui en France, doit-on avoir des inquiétudes au sujet des dérives sectaires ? En l'état actuel, nous n'avons aucun indice d'une vague de dérives sectaires qui submergerait la France, ni même d'une extension du phénomène. Certes, il convient de rester vigilant et de ne faire preuve d'aucune faiblesse. Je me demande cependant si parfois l'on n'a pas été trop loin, jusqu'à faire preuve d'un certain sectarisme ! Loin de moi l'idée d'accepter n'importe quoi ou même d'être seulement laxiste. Mais de là à poursuivre de sa vindicte toute organisation, y compris les plus inoffensives, il y a un pas qui ne doit pas être franchi. Il n'est pas facile de faire le partage entre les sectes tolérantes et celles qui doivent être dissoutes. La manipulation mentale, par exemple, est difficile à apprécier. Je ne le crois pas. Je pense même que c'est assez simple : il s'agit d'un problème pénal. Croyez-moi, ce n'est pas très difficile de voir quand les gens sont violés, quand leur patrimoine est dilapidé, quand les enfants ne sont pas soignés, quand on a abusé des plus fragiles. Ce n'est pas impossible à discerner, à comprendre et à analyser. Page 146 Vous dites qu'il ne faut pas aller trop loin dans la chasse aux sorcières. Mais les familles sont inquiètes pour leurs enfants, comme elles peuvent l'être avec les dealers. Je comprends cette inquiétude. C'est pourquoi il faut punir sévèrement ceux qui exploitent, qui avilissent, qui privent les plus fragiles de leur libre arbitre. C'est pourquoi il faut également exercer une vigilance constante. C'est le rôle, notamment, de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Mais cette inquiétude ne justifie pas une lutte tous azimuts et sans mesure contre le moindre mouvement spirituel nouveau. J'ajoute que cette inquiétude est une raison de plus pour donner aux grandes religions les moyens de faire le travail spirituel qui pourra répondre au mieux aux besoins, aux enthousiasmes, aux angoisses de tous ceux qui aspirent à une démarche spirituelle. L'existence de mouvements sectaires est parallèle au recul de l'influence des grandes religions. C'est une autre facette de l'intérêt que présente, pour la République, la capacité des grandes religions à répondre à toutes ces attentes. Page 138 Une définition morale de la religion, au sens où il y aurait des bonnes et des mauvaises, est aux antipodes de ce que je pense efficace, en tant que responsable public. Cela ne m'empêche pas d'avoir des convictions sur la valeur de telle ou telle confession, de tel ou tel discours, et de tenter de faire la différence entre le charlatanisme et la parole inspirée. Comment l'Etat doit-il aborder les mouvements spirituels nouveaux ? A côté des grandes religions, il y a, je crois, deux catégories de mouvements spirituels. Ceux qui aident les gens à vivre : quel que soit « le sérieux « du message, l'Etat n'a rien à en dire. Chacun trouve la réponse à ses inquiétudes, ses angoisses ou ses faiblesses comme il le peut. Pour les uns, ce sera la promenade en forêt, pour les autres, l'écoute de la musique grégorienne, pour d'autres encore, cela peut très bien être de rassembler ses faiblesses avec d'autres pour en faire une force. Il n'y a aucun jugement à porter ou commentaire à faire. Les seules limites que l'Etat doit faire respecter sont celles de l'ordre public. Il y a ensuite les mouvements qui sont organisés pour l'exploitation de la faiblesse des gens, l'abus sexuel, la manipulation mentale, la violence physique et la contrainte. On se trouve alors confronté à la seconde catégorie qui, elle, bien sûr, doit être combattue. Je veux rappeler que, sauf dérive, ce ne sont pas les rabbins, les imams ou les curés qui abusent de leurs paroissiennes ou exploitent financièrement leurs fidèles en leur faisant croire qu'ils y gagneront la vie dans l'au-delà ! On ne peut placer dans la même catégorie tel ou tel gourou, qui viole tous les membres de sa secte, et les ministres du culte de nos grandes religions ! Les différences sautent quand même aux yeux ! Il faut être frappé de cécité ou de particulière mauvaise foi pour ne pas le mesurer. Le respect de la liberté individuelle, celui de la liberté de penser sont aussi des tests pertinents. Dans son homélie, le curé va dire qu'il faut faire le bien et rejeter le mal, mais il ne va pas s'immiscer dans la vie familiale pour décider, à la place des personnes, de l'éducation des enfants ou de l'opportunité de partir en vacances. La transparence est encore un critère objectif. Lorsque vous entrez dans un groupe de prière catholique, vous savez dès le départ que vous êtes dans l'Eglise catholique. Les mouvements dangereux avancent masqués. Page 136 Les grandes religions de France sont donc le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam?Je crois à la liberté individuelle : si les gens ont envie d'être témoins de Jéhovah, c'est tout à fait leur droit. Tant que leurs activités ne sont pas contraires à l'ordre public, je ne vois pas au nom de quoi on le leur interdirait. Les témoins de Jéhovah ne constituent pas pour autant un des grands courants religieux du monde, ni de la France?Si on voulait essayer de trouver une définition de la religion par rapport aux sectes, je pense que l'un des critères les plus pertinents serait celui de la pérennité historique, car on doit convenir que l'authenticité du message spirituel est en quelque sorte légitimée par sa pérennité au travers des générations?Les témoins de Jéhovah, ce n'est pas tout à fait de la même nature en termes de pérennité séculaire, les raëliens encore moins, la scientologie pas davantage. La religion n'est pas un phénomène qui passe, qui est seulement conjoncturel. Elle est ancrée, enracinée et résiste à des siècles d'histoire?Il peut notamment y avoir des aspects sectaires aux confins de nos religions et, à l'inverse, un engagement religieux sincère dans l'appartenance à certains groupes spirituels récents et autonomes. Le critère de l'universalité du message ne vous paraît-il pas suffisant ? Il joue un rôle. Il ne peut toutefois constituer un critère exclusif, parce qu'un grand nombre de sectes prétendent elles aussi à l'universalité. En outre l'universalité n'est pas par elle-même une garantie de pratique démocratique, de respect des droits de l'homme et de la liberté de conscience. Le marxisme nous en a apporté une preuve éclatante. Enfin, je ne sou...

« inquiétude ne justifie pas une lutte tous azimuts et sans mesure contre le moindre mouvement spirituel nouveau.

J’ajoute que cette inquiétude est une raison de plus pour donner aux grandes religions les moyens de faire le travail spirituel qui pourra répondre au mieux aux besoins, aux enthousiasmes, aux angoisses de tous ceux qui aspirent à une démarche spirituelle.

L’existence de mouvements sectaires est parallèle au recul de l’influence des grandes religions.

C’est une autre facette de l’intérêt que présente, pour la République, la capacité des grandes religions à répondre à toutes ces attentes.

Page 138 Une définition morale de la religion, au sens où il y aurait des bonnes et des mauvaises, est aux antipodes de ce que je pense efficace, en tant que responsable public.

Cela ne m’empêche pas d’avoir des convictions sur la valeur de telle ou telle confession, de tel ou tel discours, et de tenter de faire la différence entre le charlatanisme et la parole inspirée.

Comment l’Etat doit-il aborder les mouvements spirituels nouveaux ? A côté des grandes religions, il y a, je crois, deux catégories de mouvements spirituels.

Ceux qui aident les gens à vivre : quel que soit « le sérieux » du message, l’Etat n’a rien à en dire.

Chacun trouve la réponse à ses inquiétudes, ses angoisses ou ses faiblesses comme il le peut.

Pour les uns, ce sera la promenade en forêt, pour les autres, l’écoute de la musique grégorienne, pour d’autres encore, cela peut très bien être de rassembler ses faiblesses avec d’autres pour en faire une force.

Il n’y a aucun jugement à porter ou commentaire à faire.

Les seules limites que l’Etat doit faire respecter sont celles de l’ordre public.

Il y a ensuite les mouvements qui sont organisés pour l’exploitation de la faiblesse des gens, l’abus sexuel, la manipulation mentale, la violence physique et la contrainte.

On se trouve alors confronté à la seconde catégorie qui, elle, bien sûr, doit être combattue.

Je veux rappeler que, sauf dérive, ce ne sont pas les rabbins, les imams ou les curés qui abusent de leurs paroissiennes ou exploitent financièrement leurs fidèles en leur faisant croire qu’ils y gagneront la vie dans l’au-delà ! On ne peut placer dans la même catégorie tel ou tel gourou, qui viole tous les membres de sa secte, et les ministres du culte de nos grandes religions ! Les différences sautent quand même aux yeux ! Il faut être frappé de cécité ou de particulière mauvaise foi pour ne pas le mesurer.

Le respect de la liberté individuelle, celui de la liberté de penser sont aussi des tests pertinents.

Dans son homélie, le curé va dire qu’il faut faire le bien et rejeter le mal, mais il ne va pas s'immiscer dans la vie familiale pour décider, à la place des personnes, de l’éducation des enfants ou de l’opportunité de partir en vacances.

La transparence est encore un critère objectif.

Lorsque vous entrez dans un groupe de prière catholique, vous savez dès le départ que vous êtes dans l’Eglise catholique.

Les mouvements dangereux avancent masqués.

Page 136 Les grandes religions de France sont donc le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam…Je crois à la liberté individuelle : si les gens ont envie d’être témoins de Jéhovah, c’est tout à fait leur droit.

Tant que leurs activités ne sont pas contraires à l’ordre public, je ne vois pas au nom de quoi on le leur interdirait.

Les témoins de Jéhovah ne constituent pas pour. »

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