Edesse tombe aux mains des Infidèles
Publié le 26/06/2013
Extrait du document
Le 23 décembre 1144, après un mois de siège, Zengui, l'atabeg d'Alep, s'empare d'Édesse. La chute de la capitale du premier État fondé en Terre sainte par les croisés va susciter une immense émotion en Occident et sera à l'origine de l'organisation de la deuxième croisade...
«
Le 30 novembre, il met le
siège devant Édesse.
Tandis
qu'il fait édifier
des tours en
bois et disposer ses machines
de guerre, à l'intérieur des
remparts de la cité la résistan
ce a du mal à s'organiser.
Joce
lin II n'a laissé que quelques
soldats et l'archevêque latin,
chargé
de la défense en l'ab
sence du comte, n'est pas
compétent pour affronter un
ennemi nombreux et puissant.
LE DOUBLE ÉCHEC
DU COMTE JOCELIN
Lorsqu'il apprend que
l'atabeg Zengui a mis le siège devant Édesse, le
comte Jocelin II préfère ne
pas affronter un adversaire supérieur en effectifs et juge
prudent d'attendre des
renforts de Jérusalem et d'Antioche - qui n'arriveront
jamais !Après l'humiliant
échec de la chute d'Édesse,
Jocelin II n'a qu'une idée en
tête : reprendre la ville.
Fin
octobre 1146, il fomente
une révolte de la population contre les occupants
musulmans et, pour mener à bien la reconquête, demande
l'aide de ses voisins.
Malheureusement, ni
Mélisande,
mère du jeune roi
Baudouin III et régente du royaume de Jérusalem,
ni le prince d'Antioche
Raymond
de Poitiers ne
daignent bouger -ni ne sont en mesure d'intervenir.
La petite troupe du comte ne
pèse pas lourd face à la
puissante armée musulmane,
et les Francs sont de nouveau
vaincus.
Pour punir les
révoltés, les Turcs,
comme
lorsqu'ils ont pris Édesse
deux ans auparavant,
se livrent à de terribles
massacres.
Tous les civils
sont exterminés ou réduits en
esclavage, tandis que
Jocelln Il parvient à se
réfugier au château tout
proche de Samosate.
Pour venir à bout de la forte
enceinte triangulaire, Zengui a
appelé en renfort des troupes
spéciales du Khaasan et d'Alep,
qui
commencent à miner les
fondations
en creusant de lon
gues galeries souterraines.
Le
23 décembre au petit matin, il
ordonne de mettre le feu aux
ouvrages
de sape : les rem
parts cèdent, et leur effondre
ment provoque la mort de
nombreux défenseurs.
Bien
tôt, toute la ville est en proie à
un terrible incendie.
Mais les
Francs refusent
de capituler .
La population qui tente de se
réfugier dans la citadelle est
prise au piège : l'archevêque a
donné l'ordre d'en fermer les
portes.
Femmes
et enfants sont
massacrés par les envahis
seurs ; rares sont les hommes
qui ont la chance d'être faits
prisonniers,
presque tous sont
passés par le fil de l'épée .
Beaucoup préfèrent
se donner
la mort plutôt que de devenir
esclaves .
Six milles habitants
d'Édesse périssent dans le
carnage.
Massacres et
pillages
Les troupes musulmanes sac
cagent et pillent les maisons,
les églises, les monastères,
emplissent coffres et sacs d'or,
d'argent, d'objets précieux .
Lorsque les Francs rendent
.
enfin les armes, Zengui ordon
ne que ces atrocités cessent
immédiatement.
Aux chrétiens
orthodoxes d'Orient il rend
leurs biens et leur liberté.
« On fit sortir de la citadelle
les
Syriens et les Arméniens,
et chacun d'eux rentra chez lui
sans être inquiété.
Aux Francs,
par contre, on enleva tout ce
qu'ils avaient avec eux, l'or, l'ar
gent, les vases sacrés, les cali
ces, les patènes, les crix orne
mentées et quantité de bijoux.
On mit à part les prêtres, les
nobles
et les notables ; on les
dépouilla
de leurs vêtements
~EDITIONS ~ATLAS
avant de les envoyer, enchaî
nés, à Alep .
Parmi le reste; en
prit les artisans, que Zengui
garda avec lui comme prison
niers pour les faire travailler
chacun à
son métier.
Tous les
autres Francs, environ cent
hommes, furent exécutés»,
relate l'évêque syrien Aboul
Faraj.
Une fois Édesse sous sa domi
nation, l'atabeg entreprend
d'en relever les ruines, met en
place un gouverneur, rassure la
·population en promettant drêtre
un bon administrateur et de
rendre justice à tous.
Enfin, il
remet les églises latines aux
chrétiens orthodoxes.
Si dans le monde musulman la
chute
d'Édesse soulève l'en
thousiasme, en Occident, elle
est ressentie comme une catas
trophe et a un retentissement
considérable : désormais, c'est
la principauté d'Antioche qui
risque
de tomber aux mains des
Infidèles-.
ba Chrétienté s-'en.
émeut au point de mettre sur
pied la deuxième croisade, qui
sera
prêchée à Pâques 1146 par
l'abbé Bernard de Clairvaux.
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