Février 1953 : Marée de tempête en mer du Nord

« L'île de Canvey, qui avait été asséchée au XVIIe siècle par des ingénieurs hydrauliciens néerlandais, et dont le niveau était inférieur à celui de la mer, était habitée par environ onze mille cinq cents personnes .

Elles habitaient des maisons d'un étage, protégées par de hautes digues.

Seul un point assurait la liaison avec la terre ferme.

Peu avant minuit, la mer s'abattit comme une chute d'eau sur une partie assez faible de la digue et y creusa une brèche.

Très rapidement, la digue céda en d'autres endroits.

Le flot se précipita dans l'île et menaça les habitants désor­ mais sans défense.

La plupart d'entre eux n'avaient même pas été avertis.

Ils furent surpris par l'eau glacée qui envahissait leurs maisons.

Un certain nombre durent se rendre compte que tout ce qui se trouvait sous eux était emporté par une force invincible.

D'autres s'accrochè­ rent aux portes, essayant ainsi de maintenir leur tête au­ dessus de l'eau, qui avait presque atteint le plafond.

Cette nuit-là, 307 personnes périrent noyées en Angleter­ re.

Aux Pays-Bas, les pertes en vies humaines et en maté­ riel furent notablement plus importantes.

Depuis le raz de marée de la Sainte-Elisabeth, qui avait provoqué la formation du Biesbos (le 18 novembre 1421), les Pays- Ci-dessus : Maisons inondées dans le Zierikzee aux Pays-Ba s.

Ci-dessous : Le pont d'un chalutier anglais, détruit sous les coups des v agues pendant une tempête .

Ci-dessus : Des policiers anglais recherchent des survivants de la marée de tempête en 1953 sur l'île de Canve y en Angleterre .

Tout comme les Pays-Bas , l'Angleterre eut beaucoup à souffrir de la tempête du /er février /953.

· Bas n'avaient plus connu une catastrophe de cette impor­ tance.

Aux Pays-Bas, 40 o/o du pays serait submergé par marée haute s'il n'était pas protégé par 1 126 km de digues et de dunes.

Peu après minuit, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, il devait y avoir marée haute.

Mais longtemps avant l'heure, l'eau poussée en avapt par la tempête avait déjà atteint le sommet des digues.

Le vent projetait des masses d'eau par-dessus les digues, ce qui provoquait une dégradation de plus en plus grave du côté intérieur.

La marée n'avait pas encore atteint son maxi­ mum, quand la tempête et l'eau, dans un violent assaut, rompirent plusieurs digues et laissèrent la mer pénétrer en mugissant dans les polders sans défense.

Des avertissements avaient été donnés, qui prévoyaient une marée équinoxale de printemps d'une importance incalculable, mais on n'avait pas prévu un raz de marée.

La plupart des gens dormaient au moment où la fatalité frappa.

Près de cinquante digues cédèrent au même instant.

Plus de 165 000 hectares de polders furent enva­ his par l'eau salée bouillonnante.

Dans le delta du Rhin et de la Meuse , le patient labeur de plusieurs siècles fut anéanti en quelques minutes.

En certains endroits, on fit sonner le tocsin.

Mais le tintement lugubre des cloches se perdit dans le hurlement de la tempête et le grondement de l'eau.

Dans la commune de Stavenisse, dans l'île de Tholen, un mur d'eau de près de quatre mètres de hau­ teur écrasa les fermes bâties derrière les digues.

De lour­ des poutres faîtières ainsi que d'autres pièces de menuise­ rie, projetées par le vent et la mer sur le village situé à quelque distance, heurtèrent les maisons comme des bé­ liers.

A Stavenisse, plus de deux cents personnes périrent noyées.

Au cours de cette affreuse nuit et pendant la journée qui suivit, il se produisit des centaines d'événe­ ments extrêmement tragiques.

Au total, il y eut plus de mille huit cents noyés.

L'inonda­ tion qui recouvrait la région laissa cent mille personnes sans abri.

Dans la partie sud-ouest des Pays-Bas, mille kilomètres carrés étaient recouverts d'eau salée.

L'histoi­ re des Néerlandais n'est qu'une lutte ininterrompue con­ tre la mer.

La catastrophe de la nuit du 31 janvier au 1er février 1953 a prouvé que leur vigilance ne doit jamais faiblir un instant.

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