Fiche de lecture - L'Afrique depuis 1940 par F. Cooper

« Fiche de lecture - Frederick Cooper, L’Afrique depuis 1940, Paris, Éditions Payot & Rivages, Histoire Payot, 2008, 320 pages. Frederick Cooper est un africaniste de la New York University qui a fait de l’Afrique dans l’histoire transnationale son domaine de prédilection.

Dans L’Afrique depuis 1940, il s’attache à dresser une histoire sociale et politico-économique du continent africain.

De ce fait, en plus d’une histoire transnationale, F.

Cooper pratique là une histoire comparée puisqu’il étudie les évolutions de différents états africains depuis 1940.

Il s’agit de mieux comprendre la situation contemporaine de l’Afrique grâce à son passé comme l’indique le sous-titre original : The past of the present.

Cette démarche mène à créer des liens entre les périodes coloniale et postcoloniale ; une séparation qu’il considère néfaste d’un point de vue analytique.

Pour cela, il tente d’éviter l’eurocentrisme qui biaise la réflexion historique sans oublier de comprendre l’impact de l’Europe sur l’Afrique comme il l’a fait dans Repenser le colonialisme en insistant sur le fait que les métropoles et les territoires coloniaux se sont, paradoxalement, bien construits ensembles et non pas de manière autonome pour les premières ou seulement sous domination pour les seconds.

En effet, L’Afrique depuis 1940 n’est pas le seul ouvrage majeur de F.

Cooper : il a marqué l’historiographie contemporaine en utilisant le concept de citoyenneté dans un contexte d’impérialisme colonial dans Beyond Slavery en 2000 et l’impact de cet accès à une forme de citoyenneté par les individus des colonies dans le paysage socio-politique ou en créant des concepts comme celui de « l’État garde-barrière » qui constitue désormais une clé de lecture majeure des African Studies.

Plus tard dans sa carrière, il s’attachera, avec sa compagne J.

Burbank à souligner l’importance toujours prégnante du concept d’empire dans notre monde dans le livre Empires : de la Chine ancienne à nos jours en 2011. Par ailleurs, dans ses œuvres, l’historien s’applique toujours à dérouler une histoire des genres qui souligne l’importance des femmes concernant l’éclosion du nationalisme africain ou l’évolution de l’économie intérieure. L’ouvrage se déroule de manière chronologico-thématique : l’auteur choisit des thèmes, des concepts, qu’il analyse chronologiquement et établit des liens entre ces derniers. F.

Cooper livre une analyse du phénomène de la crise du colonialisme via le prisme des attentes des ouvriers, des paysans, des intellectuels quant à ce dernier.

Il s’attache également à étayer les modifications qu’ont connu les religions ou le système tribal au XXème face au mouvement de colonisation puis de décolonisation.

Par exemple, il est expliqué que le génocide rwandais trouve ses racines dans la différenciation tribale entre Hutu et Tutsi romancée par la Belgique durant la colonisation du pays.

Le constat qu’il fait de la colonisation est nuancé : d’une part la colonisation a globalement participé à une paupérisation des territoires africains, de l’autre, tout le commerce colonial n’obéissait pas une logique capitaliste 1. »